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Si tous les besoins humains étaient pris en charge par l’État ?

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Le « Rapport sur l’état des services publics », publié par « Nos services publics », un collectif de fonctionnaires « ouvert à toutes et à tous, engagé·e·s (sic) pour retrouver le sens qui fonde le service public et ses missions au quotidien » propose que l’État assouvisse tous les besoins humains !

Ce « Rapport sur l’état des services publics » part d’un constat, celui d’une dégradation des services publics. L’IREF a dénoncé cette dégradation à de multiples reprises au cours des dernières années : de la justice à La Poste, en passant par la SNCF, Pôle emploi ou la délivrance des papiers d’identité, les exemples de l’inefficacité des services publics sont, malheureusement, légion.

Pour le collectif de fonctionnaires, s’ils « craquent », c’est parce que les moyens qui leur sont alloués sont insuffisants pour répondre à l’évolution des besoins des Français. Cet écart entre ce qu’on pourrait appeler l’offre et la demande n’arrête pas de croître et « renforce les inégalités, crée un espace croissant de désocialisation de la réponse aux besoins et accentue la rupture avec la population et avec les agents des services publics » (sic).

Le rapport passe en revue cinq domaines : la santé, l’éducation, les transports, la justice et la sécurité, et, enfin, le fonctionnement et le financement des services publics. Il délivre surtout cinq messages-clés qui, en quelque sorte, résument la philosophie de « Nos Services publics.

Cinq messages-clés

Le premier message-clé est que les besoins sociaux – c’est-à-dire un ensemble de dynamiques démographiques (comme le vieillissement de la population), de progrès sociaux (dont l’attention croissante aux violences faites aux femmes), d’évolutions techniques (par exemple le développement du numérique) ou de transformations de l’environnement (le dérèglement climatique) – sont en forte évolution et modifient les attentes de la population. Les services publics doivent, par conséquent, avoir comme objectif prioritaire de prendre en charge ces besoins.

Deuxième message-clé : les moyens publics n’augmentent pas à la hauteur des besoins. Le rapport s’inquiète donc de la réduction prévue du déficit et de la poursuite de la baisse des impôts. Ces mesures vont, en effet, dégrader la capacité des services publics à s’adapter pour répondre aux besoins de la population.

Troisième message : le secteur privé prend de plus en plus de place dans la prise en charge des besoins au détriment des services publics. C’est le cas de l’école, par exemple.

Le message n°4 est que l’accès aux services publics est de plus en plus inégalitaire, du fait de la dégradation de leur qualité.

Enfin, le 5ème message est que « la capacité des services publics à prendre soin, à adapter leurs exigences à celles de la société et à penser les citoyens, leur place et leurs relations avec le service public », a été négligée. Pour « Nos Services publics », on n’a pensé qu’à une seule chose au cours des dernières décennies : diminuer les dépenses publiques.

Privatisation et mise en concurrence

Avouons que nous avons manqué de nous étrangler à la lecture de ce rapport. Car, derrière les constats, pointe une idée on ne peut plus claire : étendre le domaine de la sphère publique jusqu’à satisfaire tous les besoins de la population.

Les besoins humains sont infinis. Ils ne sont bornés que par les capacités, notamment financières, des hommes. La grande force de l’économie capitaliste, du marché et des entrepreneurs est de chercher à satisfaire ces besoins pour le plus grand nombre et au moindre coût. Si c’est l’État qui pourvoit à tous les besoins humains, il ne peut être que totalitaire. Il n’y a qu’à regarder le bilan des pays communistes pour comprendre où les idées de « Nos Services publics » vont nous conduire.

De plus le rapport fourmille de contrevérités. Non, les gouvernants ne pensent pas qu’à réduire les dépenses publiques. Elles n’arrêtent pas de croître et ont atteint, en 2022, plus de 58 % du PIB français. Non, la fiscalité ne baisse pas, elle augmente de manière plus ou moins larvée. Non, les déficits publics ne se réduisent pas, ils se creusent continûment. Tout comme la dette. Non, les services publics ne sont pas de plus en plus rendus par le privé. Pour reprendre l’exemple de l’école libre, comme le dit le rapport, ses capacités d’accueil progressent peu… parce que l’État n’autorise que rarement l’ouverture de nouvelles classes. Non, les inégalités ne progressent pas en France. Elles reculent… parce que la proportion de riches diminue.

Bref, nous nous demandons bien dans quel pays habitent les membres du collectif « Nos Services publics ». Sûrement pas en France ! Enfin si, mais dans une France « insoumise ». En effet, Jean-Luc Mélenchon ne promet-il pas, s’il accède au pouvoir, de « gouverner par les besoins », c’est-à-dire, comme l’a écrit très justement Le Point, d’ouvrir en grand le « carnet de chèques de la puissance publique ».

Le principal problème de notre pays est que l’État se mêle de tout, tout le temps. Il s’occupe de la teneur en sel de la baguette de pain, de l’éducation sexuelle à l’école, de la délivrance des tickets de caisse dans les magasins, du déroulement des 1000 premiers jours des enfants, de l’apprentissage du vélo, etc.

C’est parce que l’État est obèse que notre économie et notre société vont mal. L’IREF préconise une cure d’amaigrissement. Des privatisations : SNCF, France Télévisions, etc. ; des mises en concurrence : Sécurité sociale, Pôle emploi, etc. ; le recours au marché : Ehpad, école, hôpitaux, etc.

Que l’État se concentre donc sur ses missions régaliennes pour lesquelles il fait preuve d’une grande inefficacité et qu’il laisse la société civile s’organiser. Remettons en cause l’État-providence au lieu de le renforcer.

Comme l’écrivait, en 1929, José Ortega y Gasset, « Voilà le plus grand danger qui menace aujourd’hui la civilisation : l’étatisation de la vie, “l‘interventionnisme” de l’État, l’absorption de toute spontanéité sociale par l’État […] ; aucune semence nouvelle ne pourra fructifier. La société devra vivre pour l’État ; l’homme, pour la machine gouvernementale ». Voilà ce que nous prépare « Nos Services publics ».

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16 commentaires

Gaston79 7 novembre 2023 - 9:45

Ceux qui défendent l’étatisme social total devraient être les premiers à exiger que cet Etat soit meilleur gestionnaire et meilleur accueillant des citoyens que le privé pour documenter et prouver le bien fondé de leur credo. L’efficience devrait être au centre de leurs préoccupations, le contrôle de gestion des services publics, leur productivité et la qualité de leur accueil, justifiant ainsi le bon emploi des impôts collectés à cet effet. Pourtant l’absence d’outils de gestion analytique, l’absence de management de la fonction publique, l’absence de contrôle de son fonctionnement, ne semble pas passionner ceux qui veulent encore plus d’Etat partout.

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Mathieu Réau 7 novembre 2023 - 4:14

Je suis entièrement d’accord.
Si je ne suis pas du tout favorable à des privatisations aveugles de pans entiers de nos services publics comme le préconisent toujours les libéraux, je souhaiterais que l’on soit en revanche intraitables sur la qualité des services rendus par l’État, quitte à bousculer un peu le statut des fonctionnaires et, surtout, à mon sens, revenir sur cette aberration anti-française qu’est la décentralisation, soit la multiplication des administrations concurrentes aux compétences dédoublées mais émoussées.

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ORILOU 7 novembre 2023 - 10:48

Peut-être faudrait-il savoir ce que l’on entend par  » BESOINS HUMAINS »
Cigarettes gratuites pour le non fumeur ? Steaks à volonté pour le wegan ? Garde robe fournie pour le nudiste ? P.M.A. pour la mère de famille nombreuse ?
Si l’état cessait de fourrer son nez partout pour se consacrer aux tâches qui lui incombent : sécurité, santé, justice on n’en serait pas là. Comment justifier les délais nécessaire pour délivrer et/ou renouveler des papiers d’identité ? La pénurie de médecins est-elle uniquement due au numérus clausus. ? Si les urgences n’étaient pas sollicitées par des patients qui y vont « parce que c’est gratuit », elle pourrait faire son travail dans de meilleures conditions. Nous sommes confrontés à une pénurie de personnel (surtout qualifié) mais dans le même temps, combien de Français QUALIFIES quittent-ils notre pays pour pratiquer leur art ailleurs ?
Ce sont précisément celles et ceux qui produisent. Ils en ont assez de travailler pour remplir le puits sans fond de l’assistanat en France.

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Gualap 7 novembre 2023 - 11:03

Seule solution juste (dans le pays de l’égalité !!!) : SUPPRIMER LE STATUT DES FONCTIONNAIRES.

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Gali 7 novembre 2023 - 11:13

Mélenchon veut combler « nos besoins » ? Il nous considère donc comme des bestiaux, au mieux des animaux domestiques. Pour ces espèces, des vétérinaires décident de leurs besoins élémentaires (nourriture, espace, soins). C’est tout simple, les bêtes n’ont que des moyens rudimentaires pour les exprimer. De quoi sont-elles dépourvues? De la DEMANDE. La demande s’oppose au BESOIN. Elle est ce qui caractérise l’humain libre, car la demande est individuelle. Elle est le moteur du libéralisme (satisfaire « la personne ») tout autant que le besoin est celui du communisme (satisfaire « les masses »)

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Jean-Aymar de Sékonla 7 novembre 2023 - 11:27

Le lobby fonctionnaire est en action pour tenter de sauvegarder ses privilèges face au fiasco actuel… qu’il faut nier évidement en accusant le manque de moyens !
Quelqu’un pourrait il me dire ce qui justifie un statut d’emploi à vie dans la société actuelle, même pour les taches « régaliennes »?
Quelles sont les contreparties actuelles liées à un tel statut?
Voila les questions préalables aux quelles il faut répondre.

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Oncpicsou 7 novembre 2023 - 11:33

L’état confie à des associations des missions on ne peut plus régaliennes que l’immigration… et à des fonctionnaires l’entretien des massifs qui fleurissent sur les ronds points !!!
Que l’état arrête au moins de se F de notre G.

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Dorylée 7 novembre 2023 - 11:40

Pour être libre, il faut être instruit, en bonne santé et en sécurité. Pour ce qui est de l’instruction, je vous conseille la lecture de  » La fabrique du crétin  » de Jean-Paul Brighelli et le rapport OBIN de juin 2004 par Jean-Pierre Obin, inspecteur général de l’EN. En ce qui concerne la santé, nous voyons aujourd’hui des médecins et des infirmiers quitter le métier pour aller élever des chèvres en Lozère ; nous avons également vu le gouvernement fermer 20 000 lits d’hospitalisation pendant la pseudo pandémie, les pharmaciens qui accomplissent des actes infirmiers comme les aides-soignantes et les infirmiers accomplir des actes qui relèvent normalement de la compétence exclusive du médecin tout cela pour pallier les manques de personnels à tous les niveaux. Mais  » en même temps  » on recale de la fac de médecine un étudiant prometteur parce qu’il a mal répondu à une question environnementale sur la Grande Barrière de Corail. On marche sur la tête ! Quant à vivre en sécurité, je résumerais d’une phrase de notre Président :  » Je suis contre la légitime défense, sinon c’est le Farwest.  » C’est dire si le Français d’aujourd’hui est un homme libre…. Je finirai mon propos sur les transports publics. Je suis allé le weekend dernier à Paris en voiture : 148€ de gasoil, 50€ de péages autoroutiers et 25€ de parking souterrain sécurisé. Trouvez moi un BREST-PARIS-BREST en weekend pour 2 personnes en 1ère classe TGV pour 223€ en considérant que le tarif aurait été le même si nous avions été 4. Quelqu’un a-t-il songé à une carte nationale de transport SANS DATE LIMITE DE VALIDITÉ qu’on alimenterait selon nos besoins du moment et qui me permettrait de prendre les cars de la Pen Ar Bed du Conquet à Brest, puis à monter dans le train pour Paris où je pourrais prendre le métro vers la gare de Lyon, puis poursuivre mon voyage en train jusqu’à Marseille où je pourrais prendre un bus de la RTM et sans que le passager assis à côté de moi pour la même destination ne paie son billet 3 fois plus cher parce qu’il ne pouvait pas anticiper son voyage puisque son parent ne l’a pas prévenu qu’il allait mourir… L’État ne peut pas tout payer mais son premier devoir est de prendre soin du Peuple et là, il y a du boulot !

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HANLET 7 novembre 2023 - 12:29

Un collectif de fonctionnaires qui trouve que les fonctionnaires sont très utiles… il fallait un peu s’y attendre ! 😉

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TRIPON 7 novembre 2023 - 12:36

Ce que l’on attend de l’Etat c’est d’abord la sécurité, cela ne semble pas être la préoccupation première de ces fonctionnaires.
Cette étude est un bon plaidoyer pour l’assistanat généralisé ou une forme d’esclavage étatique.
Au lieu de produire un tel dossier ces fonctionnaires feraient mieux de faire correctement leur travail.
Peut-être qu’ne des causes du mauvais fonctionnement vient de l’inadaptation de beaucoup d’entre eux à la mise en place du numérique, parce qu’ils sont allergiques ou tout simplement parce qu’ils refond manuellement ce que l’ordinateur a fait et qu’ils leur faut un papier à toucher.
Enfin il y a des services qui fonctionnent très bien dans un secteur que je fréquente depuis plus de 5 mois l’hôpital de mon secteur.

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Picot 7 novembre 2023 - 12:39

Analyse parfaite. L’Étatisme n’a jamais marché nulle part, c’est l’appauvrissement assuré sur tous les plans, économique, intellectuel et psychologique.

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Angil 7 novembre 2023 - 10:42

Il faut être aveugle pour ne pas percevoir l’aveuglement et l’utopie de nos fonctionnaires !
Comment ne pas être d’accord avec José Ortega y Grasset.
L’Etat socialiste (étatique) possède dans son inconscient et dans son conscient politique un fil conducteur pourtant bien net : fonder une caste dirigeante qui se nourrira de la société civile (même rendue pauvre, ce qui est d’ailleurs incontournable) et disposera de pouvoirs non discutables en vertu d’une idéologie jugée (par elle) comme parfaite.
Le communisme donne les clés du principe en utilisant l’hypocrisie la plus sordide : la dictature donnée au peuple !!

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Amaury 12 novembre 2023 - 12:51

le communisme russe ou chinois se distingue par l’extermination massive de peuples qui refusent de se soumettre.

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Elliott 8 novembre 2023 - 10:27

Comme une odeur de totalitarisme 🤔💀

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Amaury 12 novembre 2023 - 12:47

La France est un pays ruiné, riche de 3000 milliards d’euros de dette publique, soit plus de 44 000 euros par citoyen. Il faut cesser de vivre à crédit et d’accueillir sans contrôle toute la misère du monde. Pour mémoire un étranger adulte coûte 15 000 euros par an et l’enfant mineur plus de 50 000 euros. Notre président est plus soucieux des Gazaouis pour lesquels il accorde 100 millions d’euros que pour les sinistrés Bretons, Normands et des Hauts de France qui ne seront indemnisés après application d’une franchise que s’ils sont assurés …

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PIQUE Christian 16 novembre 2023 - 7:51

J’espère que vous n’êtes pas ignare à ce point qu’en réalité, l’état cest vous qui le payez avant que l’état ne le redistribue selon son bon vouloir – honnêtement ou malhonnêtement – sans oublier de se servir au passage

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