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Le Couteau

Salman Rushdie

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« Je suis devenu un drôle d’oiseau, célèbre non pas tant par mes livres que pour les tribulations de mon existence. » Après la parution en 1988 de son roman, Les versets sataniques, Salman Rushdie a fait l’objet d’une fatwa, le 14 février 1989, de la part de l’ayatollah Rouhollah Khomeinei, dans laquelle celui-ci annonçait sa condamnation à mort pour s’être opposé à l’Islam, au prophète et au Coran. Il devenait dès lors une cible puisqu’il était demandé dans cette fatwa aux musulmans zélés d’exécuter cette sentence. Citoyen britannique, vivant à Londres, il a été, pendant des années, sous protection policière, tout en poursuivant une carrière de nouvelliste, d’essayiste et de romancier à succès.

En 2000, s’installe à New-York et, en 2016, il devient citoyen américain. En 2022, il pouvait croire que la fatwa, lancée contre lui trente-trois ans plus tôt, était de l’histoire ancienne. Or, le 12 août, lors d’une conférence, il est agressé au couteau par un jeune islamiste.

Il échappe de justesse à la mort et écrit Le Couteau, un livre de réflexions sur cette tentative d’assassinat. Pour se sentir mieux et pour reprendre le contrôle sur les événements. Il reconstitue ce qui s’est passé ce jour-là lorsqu’il a reçu quinze coups de couteau, dans la gorge, le torse, la main gauche, le visage et l’oeil droit: « Pour moi, la pire chose au monde, cela a toujours été et est toujours la cécité. » écrit-il.

Il parle, dans son livre, de sa dernière épouse Eliza avec laquelle il file le parfait amour depuis le 1er mai 2017 et se pose la question pendant la pandémie de Covid-19: « Était-il possible, était-il même convenable ou moral de parler de bonheur alors que sévissait la pandémie ? »

Il raconte son séjour de dix-huit jours à l’hôpital Hamot à Erié, où, donné pour mort, il survit miraculeusement, lui qui ne croit pas aux miracles: « J’ai beaucoup appris au cours de ces journées sur l’étonnante capacité du corps humain à se réparer tout seul. »

Il relate sa rééducation au centre de réhabilitation de Rusk où, pendant ses nuits d’insomnie, il pense à ce livre qu’il veut écrire : « Un couteau n’était pas une arme à feu (laquelle n’a qu’un seul usage). Le langage aussi était un couteau, capable d’ouvrir le monde, d’en révéler le sens, les mécanismes internes, les secrets, les vérités. »

Il fait sien le propos de Naguib Mahfouz, qui avait lui aussi survécu à un attentat islamiste au couteau: « On ne peut s’opposer à une idée que par d’autres idées. »

Il défend l’amour contre la haine, l’art contre les idées reçues: « L’art n’est pas un luxe. C’est l’essence même de notre humanité et il n’exige aucune protection particulière si ce n’est le droit d’exister. »

Un tel ouvrage, singulier, donne matière à réflexions. Le lecteur n’est pas obligé de partager l’athéisme ni les convictions politiques de l’auteur mais il peut confronter son expérience à la sienne, bien moins grave, s’il a, comme lui, fréquenté hôpital et centre de rééducation.

Salman Rushdie n’est pas l’homme d’un seul livre, celui qui lui a valu une fatwa. Il faut lire ses autres livres, moins connus, ne serait-ce que pour comprendre que Rushdie est une vraie icône de la liberté d’expression.

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