Sommairement résumé, la France a besoin chaque année de 65 000 ingénieurs, mais n’en forme que 45 000. De plus, pour l’ensemble des formations industrielles, le taux d’évaporation (personnel formé choisissant en définitive une autre voie professionnelle) frise les 40 %. Il est particulièrement élevé chez les femmes. Que faire pour attirer les jeunes, les former et déboucher sur des candidatures effectives ? Quatre urgences nous semblent s’imposer.
1. Il faut redorer le blason de l’industrie.
Nous vivons dans un monde où il est considéré comme normal de disposer d’une voiture, d’un smartphone, de nourriture, de livres, de soins médicaux etc. Tout cela, nous le devons à l’industrie, qu’aujourd’hui toute la société « ambiante » rejette. Intellectuellement et médiatiquement tous les métiers, toutes les fonctions qui concourent à la production des biens physiques sont voués par idéologie « rousseauiste » aux gémonies. C’est bien connu, les industriels détériorent la planète, détruisent la nature, la biodiversité, voire les gens eux-mêmes. Pourtant, ce sont eux qui produisent tous les rouages nécessaires au bon fonctionnement des humains, améliorent leur quotidien, leur santé et allongent leur espérance de vie, au moins dans les pays développés (la seule France compte à date plus de 30 000 centenaires !). A la fin des années 1980, la Première ministre de Norvège, présidente de la commission mondiale sur l’Environnement et le Développement à l’ONU, a écrit un rapport resté célèbre sous son nom, le rapport Bruntland. Il définissait déjà la notion de développement durable que l’on peut résumer ainsi : assurer la survie de l’homme d’aujourd’hui tout en préservant celle de l’homme de demain. S’il n’est clairement pas possible de développer le cadre de vie de l’homme sans toucher à la nature, on peut le faire en la respectant. L’industrie s’y emploie. (il y a sur terre par exemple, malgré les prétendues dramatiques déforestations plus de 10 arbres par habitant et plus de forêt en France aujourd’hui que jamais) . Le niveau de vie, ou plutôt de confort, d’une population, dépend directement des performances de l’industrie.
2. Il faut redonner à chacun ses justes mérites.
L’artisanat, le « fait main », produisent d’admirables choses Mais évidemment, si l’on peut envisager d’atteler de nouveau un cheval ou un âne à une carriole pour parcourir de petits chemins de campagne, il serait impossible de ressortir la guimbarde que notre arrière-grand-père avait bricolée en 1900 dans son garage…pourquoi affirme-t-on que l’industrie fait mal, en particulier moins bien que l’artisanat ou le fait main ? Ce qui est manifestement faux. Un camembert industriel ne sera jamais aussi bon que le nec plus ultra des camemberts fermiers, mais gagnera le plus souvent la comparaison avec une production artisanale moins haut de gamme, tout en étant moins cher. Participer à nourrir, habiller, soigner, etc… le monde correctement n’a rien de honteux en soi, c’est même absolument nécessaire à l’accès universel au bien être, A chaque secteur ses compétences et ses performances, et dans chacun on peut trouver le meilleur et le pire.
Nous avons besoin des deux. Nous avons besoin de bons professionnels. L’artisanat ne peut satisfaire les besoins de masse, l’industrie,elle, le peut. Ses produits sont aujourd’hui extraordinairement réglementés et sécurisés. Ils assurent un standard de vie élevé à la population dans son ensemble, elle ne s’en vante peut-être pas assez.
3. Il faut donner à l’industrie tous les moyens nécessaires.
L’apprentissage en est un, parmi les plus efficaces car il met directement en relation le besoin (le postulant) et la solution (l’entreprise) autour d’un projet localisé et identifié. C’est la réponse historique qui a déjà fait ses preuves en Allemagne et en Suisse. Qui doit payer ? l’État ou les entreprises ? Je plaide pour un mix des deux. Les entreprises ont tout à gagner, sélection adaptée, formation de candidats « sur-mesure ». Oui l’Etat est en principe responsable de la formation mais les entreprises devraient faire leurs comptes. Elles sont prêtes à dépenser beaucoup pour avoir des candidats et un recrutement, suivi d’une mise en place-intégration dans l’entreprise. L’apprentissage n’est pas beaucoup plus cher au total que le recrutement et permet une sélection adaptée. Il s’est d’ailleurs étendu en France récemment largement au-delà de l’univers ouvrier. C’est un moyen plus efficace et moins coûteux d’arriver au même résultat qu’un recrutement avec une bien meilleure chance de succès. Il permet de plus une formation « sur-mesure ». La partie formation devrait être territorialisée, tous niveaux mixés.
4. Il faut mieux faire valoir les atouts de l’industrie aux yeux d’éventuels candidats.
Elle est aujourd’hui à même de proposer des jobs utiles et séduisants dans un univers moderne, plutôt mieux rémunérés en moyenne que les métiers de services et qui souvent ouvrent de grandes perspectives d’évolution personnelle. . L’ambiance et la culture resteront fonctions de chaque entreprise mais celle des entreprises industrielles, dans lesquels les résultats sont plus faciles à objectiver n’a aucune raison d’être à la traîne. Reste les localisations, elles sont diverses, mais le choix est plutôt large entre ville et campagne.
Qu’attendent le MEDEF, et les ministères de l’Education et de l’Industrie pour promouvoir ces carrières ?
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Pour se réindustrialiser, c’est le même processus que le reste de l’économie:
– simplification administrative (dont l’environnement) et fiscale
– apprentissage à la Suisse (les cantons/départements mais surtout les entreprises sont acteurs de la formation)
– mise en concurrence des assurances chômage/maladie/retraite pour ne garder que le handicap pour une allocation publique.