Le Sénat a rejeté l’inscription du droit à l’avortement et à la contraception dans la Constitution, proposée par Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance, et soutenue par la NUPES ainsi que par le ministre de la Santé. Selon le Sénat, une telle révision « n’est pas justifiée par la situation rencontrée dans notre pays ». Il est vrai que, si certains jouent à se faire peur avec les récentes lois étasuniennes, la France n’a pas de raison particulière de craindre ce que l’on appelle un recul du droit à l’avortement. Le délit d’entrave, y compris numérique, est sanctionné. Les sage-femmes peuvent pratiquer une IVG chirurgicale, les mineures peuvent avorter sans l’avis de leurs parents, tout est intégralement pris en charge par la Sécurité sociale et le délai de sept jours entre les deux consultations préalables à l’intervention a été supprimé. Ce délai, dit de réflexion, étant considéré comme infantilisant.
En France, une femme sur trois a avorté ou avortera au cours de sa vie, et l’on compte environ 220 000 interventions chaque année, contre environ 750 000 naissances. Selon la Sécurité sociale, l’urgence est moins de garantir l’accès à l’avortement que « de poursuivre les actions facilitant l’accès à la contraception, à la contraception d’urgence et la réduction des grossesses non désirées ». S’il peut être plus compliqué d’avorter à certaines périodes de l’année, comme en été, et à un stade avancé de la grossesse, cela reste possible moyennant une heure de voiture.
La Constitution est un texte difficile à modifier. C’est pour cela que les militants souhaitent y inscrire le droit à l’avortement qui « n’est jamais acquis ». S’agirait-il alors de consacrer l’ensemble de ce droit, avortement des handicapés jusqu’à neuf mois inclus ? Le droit des femmes à maîtriser leur corps passe peut-être aussi, ou plutôt, par le soutien des structures d’accueil aux femmes enceintes en difficulté, de celles qui subissent des pressions psychologiques de la part de leur conjoint, de leur famille ou de leur médecin. Aujourd’hui, défendre l’avortement n’a plus pour objectif de protéger les femmes, mais de garantir une pratique sanctuarisée par les féministes.