« Ma cuisine est 100 % de gauche », s’exclame un chef cuisinier. Ou quand la politique s’invite aussi près des marmites.
Les cinéphiles se souviendront d’un passage de Tranches de vie, une comédie de François Leterrier sortie en 1984, dans lequel le journaliste de L’Humanité en charge de la chronique gastronomique, joué par Gérard Jugnot, se défendait auprès des autorités soviétiques en clamant qu’il prônait « une cuisine authentiquement prolétarienne ». C’est mutatis mutandis ce que nous dit le chef Eloi Spinnler, « star des réseaux sociaux » qui dirige deux restaurants à Paris et qui vient de donner un entretien sur deux pages à L’Humanité magazine (5 juin 2025). Sauf que lui, malheureusement, ne plaisante pas…
Le journaliste communiste qui l’interroge est, il est vrai, venu avec ses gros sabots : êtes-vous un chef « engagé » ? êtes-vous un chef « politique » ? Les réponses positives fusent. Eloi Spinnler allègue ensuite que les cours de cuisine à l’école devraient être « obligatoires ». « Nous devons être les porte-étendards de l’écologie ». Mais le meilleur était à venir avec les deux questions suivantes :
« Après cette interview, diriez-vous que vous faites une cuisine de gauche ?
« A 100 %. C’est un métier de gauche que de cuisiner pour des gens, les rassembler pour leur faire passer un bon moment. »
Etrangement, la plupart des grands cuisiniers ne sont pourtant pas « de gauche ». Le goût de l’effort sans doute… Et le journaliste de revenir à la charge :
« Rares sont pourtant les chefs à l’assumer, comme s’il s’agissait d’un gros mot.
« Ils sont c… alors. Pour qui c’est un gros mot ? Pour ceux qui ont flingué notre planète et qui vont maintenant faire de la pub pour des croquettes pour chiens. Le rôle de ma génération est de faire en sorte que tout ça n’empire pas. »
Les tentatives de liens établis entre la cuisine et les courants politiques ne datent pas d’hier dans un pays dont la gastronomie est au firmament. Le célèbre critique Curnonsky établissait déjà un tableau de correspondance entre les goûts et les opinions politiques. Beaucoup plus récemment, l’acteur et spécialiste de l’extrême gauche Christophe Bourseiller considérait qu’il y avait des plats de gauche et des plats de droite (Europe 1, 24 avril 2021). Quant à Jacques Attali, il avait mis en ligne une vidéo intitulée « Prenons le temps ! Le repas est l’ennemi du capitalisme ».
Nous avouons pour notre part avoir du mal à saisir ce que serait une cuisine « de droite » ou « de gauche ». Et pourquoi pas non plus une cuisine « du centre » ? S’agirait-il d’une cuisine à l’image de François Bayrou, incolore, inodore et sans saveur, une sorte de mozzarella industrielle ? A moins que la cuisine « de gauche », ce soit du caviar servi à la nomenklatura dans la « maison du peuple » ?
15 commentaires
La “cuisine de gauche”? Je croyais que c’était les accords de désistement contre nature qu’on avait subit lors des dernières élections …
Excellent…
Me Jean-Philippe Feldman
“Nous avouons pour notre part avoir du mal à saisir ce que serait une cuisine « de droite » ou « de gauche »
Ben, ce n’est pourtant pas difficile à saisir. Suivant ces grands chefs, le cuisine de gauche est hors de prix (200-300€ le menu) tandis que la cuisine de droite, douce au porte monnaie, se trouve chez MacDo.
La fourchette est de gauche et le couteau est de droite. Bonne raison pour l’interdire comme le suggère notre PM
L’addition est-elle de droite ou de gauche ?
Les gens sont de plus en plus crétins.
Ceux de gauche, jamais une personne de droite ne se serait laissée aller à de telles stupidités!
La cuisine de gauche caviar a de l’avenir devant elle. Un océan d’insipidité dans un marigot de tambouille.
Avec ce genre de propos, d’une imbécilité crasse, on touche le fond…
C’est quoi une cuisine de droite alors …??? il possède quand même deux resto ce bourge de gauche .
Heureusement que le ridicule ne tue pas en France ! Sinon les entreprises de pompes funèbres feraient de bonne affaires !
Bon si il travaille aux restos du cÅ“ur, ça peut se défendre . La prochaine fois que j’irai au resto, je demanderai un plat typique “de gauche”
Il y a dans le dernier monde diplomatique un excellent article : “le socialisme polonais survit dans l’assiette” Je ne partage pas les opinions trés à gauche de ce mensuel mais pour moi ça reste le meilleur journal français. Dommage que les libéraux n’aient pas l’équivalent …
si le socialisme survit dans l’assiette c’est qu’il n’ont rien à bouffer…
C’est vraiment du grand n’importe quoi ! Ces idées !