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Le Sénat rejette l’impôt plancher sur le patrimoine des « ultrariches »

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impôt plancher sur la fortune

Le Sénat a rejeté hier la proposition de loi déposée par Eva Sas et Clémentine Autain, députées du groupe Écologiste et Social, qui voulait  instaurer un impôt plancher sur la fortune (IPF) de 2 % sur le patrimoine des « ultrariches ».

L’assiette de l’impôt visait à appréhender non pas le « revenu fiscal » mais le « revenu économique », entendu comme l’ensemble des revenus réalisés et contrôlés par le foyer fiscal et correspondant à une vision élargie du patrimoine incluant notamment les biens professionnels. Cette notion de « revenu économique » est éminemment contestable en ce qu’elle assimile la personne physique à la société qu’il contrôle, à rebours du principe de personnalité de l’impôt qui caractérise notre droit fiscal. Avec un seuil d’entrée fixé à 100 millions d’euros de patrimoine, l’impôt toucherait entre 1 600 et 1 800 foyers fiscaux et générerait entre 15 et 25 milliards d’euros de recettes.

Le rapporteur du texte au Sénat, Emmanuel Capus (Horizons), a motivé sa proposition de rejet par les faiblesses d’ordre tout à la fois constitutionnel, opérationnel et économique d’une telle imposition.

Première faille : aucun plafonnement prévu

L’aspect constitutionnel, d’abord : le juge, qui contrôle l’impôt, s’assure qu’il prend en compte les facultés contributives de la personne imposée et qu’il ne revêt pas un caractère confiscatoire. S’agissant de l’imposition de la fortune, il exige que l’imposition du patrimoine soit assortie d’un mécanisme de plafonnement, sauf à fixer un taux suffisamment bas. Si le Conseil constitutionnel a admis en 2011 un taux de 0,5 % sans plafonnement, un taux de 1,8 % n’a été validé en 2012 que parce qu’il était assorti d’un tel dispositif de plafonnement sur les revenus. En n’en prévoyant aucun et en fixant un taux d’imposition à 2 %, l’IPF s’exposerait à la censure du juge constitutionnel. Par ailleurs, son mode de calcul ne tenait pas compte du fait que le rendement du patrimoine peut être négatif à court terme, de sorte que la détention d’un patrimoine ne garantit pas systématiquement l’obtention d’un revenu. Le contribuable pouvant dans certains cas être contraint d’aliéner une partie de son patrimoine pour s’acquitter de l’impôt, l’IPF méconnaîtrait le principe constitutionnel d’égalité devant les charges publiques.

Deuxième faille : la corrélation entre revenus et valorisation n’est pas garantie

Ensuite, d’un strict point de vue opérationnel, la valorisation annuelle de l’ensemble du patrimoine détenu qu’appelle ce genre d’imposition constitue une gageure pour les entreprises, qu’elles soient cotées ou non. La situation est particulièrement problématique en ce qui concerne les « jeunes pousses » (ou start-up) : si les actions peuvent être valorisées à hauteur de plusieurs milliards d’euros, leurs propriétaires ne perçoivent pas nécessairement un revenu disponible. Plus généralement, ne pas verser de dividendes peut procéder d’un choix de long terme axé sur le développement de l’entreprise. Une entreprise qui souhaiterait par exemple revaloriser les salaires de ses employés serait amenée à freiner le versement de dividendes. Surtout, l’IPF pourrait entraîner un exil fiscal dont il est difficile d’anticiper et de mesurer l’ampleur. Ce risque est d’autant moins négligeable qu’on a affaire ici à une imposition d’un genre nouveau, incluant notamment les biens professionnels. Entre 15 et 25 milliards d’euros, c’est ce que rapporterait l’impôt en l’absence de tout exil fiscal. Or, compte tenu de la très forte concentration des patrimoines visés, il suffirait que les trois personnes les plus riches de France quittent le territoire national pour que le rendement de l’impôt chute de moitié (soit 10 milliards d’euros). 

Troisième faille : un tel impôt pourrait agir comme un frein           

Enfin, les conséquences économiques de cet IPF seraient potentiellement désastreuses. Contraindre les entrepreneurs à céder leurs actions pour acquitter l’impôt aurait un effet dissuasif envers la création de nouvelles entreprises, notamment de jeunes pousses. Or, ce sont précisément les personnes ciblées par l’IPF qui sont le plus à même d’effectuer des investissements risqués au bénéfice des entreprises en croissance dans les secteurs les plus innovants.

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11 commentaires

gillet 13 juin 2025 - 8:02 am

Encore un “flop”des sauveurs de la France verts/rouges,allez voir vos amis pour vous consoler!

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Poivre 13 juin 2025 - 8:09 am

Qu’on m’explique le lien entre l’écologie, même politique et ce genre de mesure qui fleure bon le pire collectivisme….

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Elegehesse 13 juin 2025 - 8:09 am

Ces trois arguments sont valables mais ne résolvent pas le problème français qui est d’annuler la plus value accumulée lors de la transmission par héritage.
Le problème de trésorerie est réel : au lieu d’obliger à vendre, le contribuable pourrait céder nominalement des actions à l’état dans un compte ad hoc avec réévaluation chaque année pour tenir compte des “déficits” certaines années.
Le transfert net à l’état se ferait soit lors de la vente du holding soit lors de sa transmission.

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Virgile 13 juin 2025 - 11:35 am

Je vous signale que les impôts ont déjà été prélevés sur les sommes hérités, ce n’est que du vol pur et simple!

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SERRES Pascal 13 juin 2025 - 12:12 pm

Vous légitimez l’impôt proposé, c’est à dire la gabegie actuelle, les modalités d’utilisation de nos revenus,, et l’idée que l’héritage est condamnable…

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DUPOND 13 juin 2025 - 10:06 am

Es ce que ces élus vont reposer les pieds sur terre avant de tenter d’imposer des usines à gaz mises au point par des conseillers (non élus ? ) ,rapaces et copains des puissants.
Une fiscalité simple à taux unique (3 à 6 tranches ) flat taxe comme certains pays.
Eviter le modèle français sur les revenus du capital à 30% incluant la CSG au taux de 17.20 % soit 12.80% d’_IR sur les dividendes ? Beau cadeau dès l’arrivée de Mozart .
Il faut mieux mettre en place P.P.E sur l’énergie et ruiner les GEUX. et les moyennes entreprises françaises
Heureusement réseaux sociaux sérieux alertent l’opinion

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Capaq 13 juin 2025 - 1:19 pm

Encore une réponse de bolchévique, rappellons simplement que les successions sont taxées de manière honteuse en France.

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Albatros 13 juin 2025 - 11:32 am

Et un petit cours d’économie dispensé à ces deux idiotes, sans doute élèves de la soi-disant économiste Sandrine Rousseau ?

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Virgile 13 juin 2025 - 11:32 am

La bêtise des écolos est flagrante avec leurs propositions complètement débiles et démagogiques!

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SERRES Pascal 13 juin 2025 - 12:09 pm

J’aurais placé les failles dans un autre ordre… En soulignant que l’impôt proposé est spoliatoire, avec 2 % par an, la fortune d’un individu lambda sera réduite de moitié en 33 ans. C’est d’abord ce principe qui doit être combattu !

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Henri delattre 13 juin 2025 - 1:19 pm

Oui, les riches, vous savez, ce petit nombre qui possède quasiment tout, les riches disais-je ont toujours des amis dans toutes les situations. Quand les travailleurs doivent assumer la hausse des prix, l’austérité, les dures conditions de travail, la retraite à perpète, la perte de pouvoir d’achat et j’en oublie, ces messieurs aux privilèges financiers honteux votent pour. Quand les richards devraient être solidaires, le Sénat votre contre.

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