L’avenir de Salto, service de streaming français, semble bien compromis. Lancée en 2020, la plateforme vise à concurrencer les géants américains Netflix, Amazon Prime Video ou encore Disney + en proposant des contenus produits par les groupes de télévision TF1, France Télévisions et M6. L’objectif initial était d’atteindre le million d’abonnés en un an.
L’échec était prévisible, et il s’est réalisé. L’entreprise privée, gérée par d’autres entreprises largement subventionnées et donc déconnectées de la réalité du marché, ne présente qu’environ 800 000 abonnés en France – contre plus de 200 millions pour Netflix.
Il faut dire que l’administration ne lui a pas facilité la tâche : dès sa création, Salto a dû être examiné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) puis par l’Autorité de la concurrence. Bien qu’un accord ait été donné rapidement, l’Autorité de la concurrence a imposé de nombreuses conditions qui ont nui au projet, pendant que Netflix attirait des millions d’utilisateurs et que Disney lançait son service de vidéo à la demande Disney+.
L’échec est tel que les co-propriétaires du concept, M6 et TF1, ont rapidement abandonné leur projet de fusion, censé déboucher sur le rachat des parts de France Télévisions, et ont annoncé vouloir sortir du capital en 2022. Le budget de 2023 – près de 45 millions d’euros – ne pouvant être bouclé faute de financement, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, n’a d’autre solution que de dissoudre la plateforme de streaming. Le groupe n’a toujours pas trouvé d’acquéreur, si ce n’est un obscur acteur espagnol, Agile, dont l’offre de reprise a été rejetée.
Espérons que les contribuables n’auront pas à financer le “Netflix français”, comme ils ont dû le faire pour le “Google français”. Les géants américains en sont la preuve : l’audiovisuel n’a pas besoin de l’Etat pour subsister.