Largement ébranlé par les départs de certains acteurs, les menaces des autres et les déclarations du Premier ministre qui enterrent l’hypothèse d’un retour à 62 ans, le “conclave” sur les retraites censé améliorer la réforme de 2023, s’est réuni à nouveau jeudi, dans le flou. Les organisations syndicales et patronales devaient discuter ce jeudi et le suivant d'”usure professionnelle et pénibilité”, deux sujets auxquels les syndicats sont particulièrement attachés.
Ce sont les dernières déclarations du Premier ministre, dimanche et réitérées cette semaine au Parlement, jugeant “impossible” un retour de l’âge de départ en retraite à 62 ans en raison de la situation des finances publiques et de la nécessité de ramener le système à l’équilibre en 2030, qui ont fait exploser la fragile architecture des négociations.
Côté patronal, la plus petite des trois organisations, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a quitté le “conclave” mardi, comme la CGT, estimant que l’équilibre du régime des retraites “imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans”, sauf pour les métiers difficiles. “Je pense qu’un accord est possible”, a toutefois positivé le ministre de l’Economie Eric Lombard jeudi sur TF1. “Les 62 ans, c’est la question centrale”, a répliqué Sophie Binet, patronne de la CGT. Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 50% des personnes sondées souhaitent que, dans les prochaines semaines, une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement de François Bayrou sur le sujet des retraites. Et elles sont 56% à souhaiter revenir à 62 ans – contre 62% en janvier.
Toutes ces discussions semblent assez baroques dans la mesure où il devrait être clair pour tout le monde doté d’un peu de lucidité ou de sens des responsabilités que le système par répartition est condamné à terme pour raison démographique : conçu au lendemain de la deuxième guerre mondiale quand le nombre d’enfants par femme était supérieur à 3 et alors qu’on partait à 65 ans avec une espérance de vie bien inférieure aujourd’hui, il impose aujourd’hui à chaque actif de financer 0.5 actif durant une vingtaine d’années, les retraités ayant un patrimoine supérieur à celle des personnes en activité, en moyenne. En outre, la valeur morale d’un système de retraites par répartition présenté comme solidarité intergénérationnelle peut se discuter puisque les actifs n’ont pas le choix ; ils sont obligés de payer pour la génération précédente avec comme consolation la promesse de pouvoir se refaire sur la génération suivante.
6 commentaires
Je suis étonné que le conclave fasse apparaître que le régime de retraite par répartition est condamné
Malgré les nombreuses alertes, rien n’a été décidé et entrepris. Que font nos gouvernements, nos politiques, nos instances syndicales ????
Ils s’entretiennent pour faire durer leur plaisir.
Les français sont peu exigeants, tant pis pour eux, car il y a mieux que la capitalisation. LE TRAVAIL, L’ENTREPRISE, L’IMMOBILIER.
Par contre la guerre ça réveille.
Telos, a produit une analyse assez fouillée, de la question : https://www.telos-eu.com/fr/economie/le-debat-sur-les-retraites-doit-etre-fructueux.html la meilleure solution, c’est de remonter le niveau d’emploi des français . Avec le niveau allemand ou hollandais, il n’y aurait plus de déficits… Travaillons plus nombreux et plus longtemps !
Mais quel est ce déni?! On dit “pour raison de démographie” et on ne va pas plus loin…
Aller plus loin c’est reconnaitre la réalité qui est que ceux qui n’ont pas élevé d’enfants perçoivent une retraite à laquelle ils n’ont pas cotisé. Pas “politiquement correct”? …c’est justement de cela que le pays crève!
Cette insistance à prétendre que la diminution du nombre de naissance serait responsable du problème de financement des retraites par répartition laisse perplexe. Il fut une époque pas si lointaine où les femmes restant au foyer, la protection sociale d’une famille (parfois nombreuse) reposait sur les seules cotisations du “chef de famille”. Il est vrai que le chômage n’existait pas. En quoi le fait de mettre au monde davantage d’enfants changerait-il les choses si le chômage perdure ?
De nos jours, rares sont les femmes au foyer. La protection sociale des familles nettement moins nombreuses repose sur deux cotisations de plus en plus élevées. Sauf que l’assistanat et la propension de l’état à gaspiller l’argent des Français est passée par là. Après avoir travaillé 40 heures par semaine et plus, avec trois semaines de congé annuel, nos parents partaient à la retraite à 65 ans ! Pauvre France dont la seule préoccupation serait … la retraite !
Très réaliste et juste de bon sens , mais les gens qui discutent ne sont plus dans l’activité productive depuis longtemps . Et de plus les régimes de la fonction publique et spéciaux, très généreux avec leurs bénéficiaires, vivent des subventions d’équilibre à la charge du budget.
C’est une mascarade ce conclave. Entre bénéficiaires privilègiers
Le système de retraites par répartition est fondé sur le principe de PONZI. En France, c’est le meilleur système de retraites du monde (que nul n’imite). Aux USA, un montage similaire a valu quelques siècles de détention à Bernie Madoff. Parmi les participants au CON-CLAVE, personne ne peut expliquer ?