La taxation de l’héritage en France est-elle juste ? Sébastien, auditeur d’Estelle Midi sur RMC, raconte ce jeudi avoir payé avec sa soeur “300.000 euros” de droits de succession pour toucher 2 millions d’euros, hérités de sa mère défunte. “L’immobilier est soumis à la fiscalité la plus forte en France”, regrette-t-il.
“J’ai perdu ma mère il y a trois ans. Malgré un montage avec des holdings, on n’a pas pu s’affranchir avec ma soeur des 300.000 € de droits de succession pour un héritage de 2 millions d’euros environ. C’est de l’argent qui a été fiscalisé pendant toute sa vie. L’immobilier est devenu un poison successoral, il est soumis à la fiscalité la plus forte en France”, peste ce mercredi sur RMC Sébastien, conseiller en gestion de patrimoine et auditeur d’Estelle Midi.
En France, si Emmanuel Macron a supprimé l‘impôt sur la fortune (ISF) en 2018, les droits de succession demeurent. 87 % des héritages reçus sont inférieurs à 100 000 € et les deux tiers sont inférieurs à 30 000 €. Dans les faits, près de la moitié des ménages français ne touche aucun héritage au cours de sa vie et 80% ne reçoivent aucune donation de leur vivant.
Taxer davantage l’héritage? Plus de recettes pour l’État
Parmi ceux qui héritent, le taux effectif d’imposition sur les successions est en moyenne de seulement 5%, tandis qu’ils sont plus de 87% à ne rien avoir à payer du tout. Pour autant, l’idée de taxer davantage l’héritage revient régulièrement. En septembre dernier, c’est l’ONG Oxfam qui soumettait l’idée au 1er minsitre François Barnier.
Il y aurait des avantages: d’abord pour les caisses de l’État : une fiscalité plus forte permettrait de récupérer “plus de 160 milliards d’euros en trente ans”, rien que sur les successions prévisibles des milliardaires français actuels, selon l’ONG.
Politiquement, surtout, une réforme pourrait corriger en partie une situation dénoncée depuis des années par de nombreux économistes : le poids croissant de l’héritage dans la société. De 35 % au début des années 1970, la part du patrimoine des Français provenant d’un héritage est montée à 60 %, selon un rapport publié en 2021 par le Conseil d’analyse économique (CAE).
“Est-ce que c’est juste de taxer des gens qui ont épargné, qui ont fait des profits en travaillant et en vendant des produits et services ? […] Pourquoi on voudrait qu’on ne puisse pas donner à ses enfants l’argent qui vous appartient, alors que vous pouvez le donner à des associations avec une déduction d’impôt?”, poursuit Jean-Philippe Delsol. “Qu’est-ce qui légitime le fait que, parce qu’on meurt, il faut payer […] Il faut trouver un bon équilibre et faire évoluer les choses.”
Une héritière transmet 25 millions € à des associations
En attendant, Marlene Engelhorn, descendante de Friedrich Engelhorn, le fondateur des entreprises chimiques et pharmaceutiques allemandes BASF, est devenue multimillionnaire lorsque sa grand-mère, Traudl Engelhorn-Vechiatto, est morte en septembre 2022. Celle qui milite pour la taxation des riches a décidé en 2024 de resdistribuer 25 millions d’euros, soit plus de 92 % de son héritage, comme le raconte Le Monde ce mercredi. 77 organisations ont ainsi été sélectionnées comme des associations d’aides aux femmes ou de protection de l’environnement.