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La gauche déteste les milliardaires, mais elle veut garder le contrôle sur eux

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Le quotidien Libération soutient les grèves des salariés, mais il s’étouffe quand les « ultra-riches » veulent faire « la grève ».

Voici comment le quotidien Libération (30 mai 2025) présente son article intitulé « ‘Network states’ : les rêves de sécession des rois de la tech » : « Profitant du retour de Trump au pouvoir, l’élite de la Silicon Valley entend multiplier les expérimentations de cités-Etats privées (sic), financièrement autonomes et hors de contrôle des gouvernements. Des initiatives antidémocratiques pouvant s’apparenter à une nouvelle forme de colonisation ». En effet, des « oligarques s’imaginent bâtir des villes nouvelles ou installer des micro-îles flottantes libérées de la tutelle des Etats.

L’expression de Network States, autrement dit d’Etat-réseau, renvoie au titre de l’ouvrage de l’entrepreneur américain Balaji Srinivasan paru en 2022 pour s’opposer à la notion d’État-nation. Des expériences de territoires gérés selon les principes du libertarianisme, voire de l’anarcho-capitalisme, ont été imaginées depuis longtemps. Des « enclaves libertariennes » ont été tentées au Honduras ou en Europe, mais des projets plus radicaux en haute-mer ont été élaborés ou sont en cours d’expérimentation.

L’article de Libération est bien entendu unilatéralement défavorable à ces projets « utopistes ». Le seul expert interrogé, une « chercheuse » (dont on apprend par ailleurs qu’il s’agit d’une « militante féministe », auteure d’un article sur le site d’Attac France relatif au « techno-masculinisme »…), déclare que « ces initiatives privées relèvent d’une logique de colonisation », que ces « initiatives de promotion immobilière (sont) d’essence néoréactionnaire » et qu’elles « entendent redessiner la carte de la ségrégation aux Etats-Unis”.

Dans un entretien récent sur France Inter (14 mai 2025), la même journaliste précisait que les entrepreneurs de la Silicon Valley partageaient une « détestation congénitale de l’Etat-nation » et de la centralisation, qu’ils entendaient établir une « concurrence des Etats » afin de « les forcer à s’aligner sur leurs standards ».

Nous ne partagerons pas ces préventions contre pareils projets et ce, pour une double raison : de principe d’abord, utilitariste ensuite.

En premier lieu, nous ne voyons pas à quel titre on pourrait s’opposer à l’idée de créer un territoire libéré de la tutelle de l’État, sur terre, en haute mer ou encore dans l’espace. Etrangement, l’article de Libération ne cite pas la philosophe et écrivaine Ayn Rand, l’une des références majeures des libertariens et des anarcho-capitalistes. En réalité, les entrepreneurs de la « tech » entendent faire « grève », selon le titre de la traduction française d’Atlas Shrugged, le chef-d’œuvre de Rand. L’idée est que les entrepreneurs, les créateurs veulent se libérer de la pesante tutelle d’un Etat qui les bride, qui les asservit et qui les vole. Certes, on est tout aussi libre de critiquer pareil point de vue, de considérer les personnes concernées comme d’immondes égoïstes (un terme positif chez Rand…), comme de doux rêveurs ou des illuminés ou encore comme des adversaires du nécessaire patriotisme. Mais on peut tout aussi bien comprendre que des personnes qui ont une forte conscience de leur individualité et auxquelles non seulement l’État ne sert à rien, ou peu s’en faut, mais représente une entreprise de spoliation, veuillent faire sécession. Pour le dire autrement, on peut comprendre qu’un membre de la classe moyenne supérieure, a fortiori un « riche », ne veuille plus donner son argent à des hommes politiques incompétents et démagogues. C’est d’ailleurs ce que font déjà certains lorsqu’ils « votent par les pieds » en fuyant dans une autre commune ou un autre État. En ce sens, brandir la « démocratie », donc la règle majoritaire, n’a pas de sens ; parler de « colonisation », d’attitude « réactionnaire » ou de « ségrégation » est tout simplement déplacé.

En second lieu, les vilipendeurs des territoires libérés de l’emprise étatique commettent la même erreur que les opposants de principe aux crypto-monnaies. En effet, la concurrence des idées libertariennes et anarcho-capitalistes, plus encore les réalisations opérées par les adeptes de ces courants de pensée, sont de nature à constituer un aiguillon pour la réforme des Etats actuels, englués dans le fiscalisme, l’interventionnisme et le normativisme.

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4 commentaires

Val Guillaume 2 juin 2025 - 11:26 pm

La gauche veut garder le contrôle sur tout , c est d ailleurs son unique moyen de subsistance . La liberté, tout comme la responsabilité lui fait horreur.

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Chris 3 juin 2025 - 7:03 am

Quelqu’un a-t’il déjà réalisé une étude psychologique sur cette étrange addiction à l’Etat de la grande majorité de nos concitoyens, allant jusqu”à développer une agressivité assumée à l’égard de ceux qui n’en sont pas atteints ?

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Jean-Aymar de Sékonla 3 juin 2025 - 7:55 am

Très intéressant, des espaces ou le génie humain resiste aux délires etato-communistes inhumains des littéraires ratés…

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Duhamel 4 juin 2025 - 1:05 pm

La tête des gauchos s’ils ne peuvent plus de pomper les riches ????

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