Le troisième tome de la saga Florio a toutes les chances d’avoir du succès même si Ignazio, personnage principal, est bien décevant. On est loin de la première génération, où deux jeunes calabrais étaient venus s’établir en Sicile avec le souci de s’enrichir et la satisfaction de créer plein d’emplois. Mais les temps changent. Si les Florio doivent leurs richesses à la mer et aux ressources naturelles, le niveau de vie luxueux de cette troisième génération et l’incapacité d’Ignazio à avoir des partenaires de confiance les empêchent de faire face à la crise. Le baptême au Marsala du petit nouveau-né dans une famille où ne compte que la gent masculine, signe le sacrilège qui semble porter atteinte autant aux ancêtres qu’aux générations suivantes. Jouisseur, arriviste, infidèle à sa femme comme à ses convictions politiques, Ignazio donne au roman la structure d’une antithèse argumentative.
Ses frasques aux heures les plus sombres de la faillite accentuent la montée dramatique et laissent le lecteur nostalgique du siècle précédent où primait le sens du devoir. Certes un vent de liberté donne quelque indépendance aux femmes et le progrès technologique apporte une lueur d’espoir, mais le bonheur est loin d’être assuré, la mort rôde toujours et le véritable amour finit par s’éteindre. Livre d’une grande actualité.
Editions : Albin Michel, octobre 2022