François Hollande a tenu des propos fermes contre Vladimir Poutine. Très bien. Mais pourquoi, alors, a-t-il contribué à désarmer la France durant son quinquennat ?
L’ancien Président François Hollande ne peut être suspecté de complaisance envers Vladimir Poutine. Durant son quinquennat, il a d’ailleurs annulé, fût-ce sous pression, un contrat, malencontreusement négocié par son prédécesseur, de vente à la Russie de deux bâtiments militaires de classe Mistral après l’annexion de la Crimée en 2014. Ce qui avait en définitive coûté à notre pays 409 millions d’euros, selon la Cour des comptes (Le Figaro, 31 janvier 2023)…
François Hollande vient de déclarer dans un entretien (Le Monde) que, dès sa première rencontre avec le dictateur russe, il avait compris que ce dernier « ne respecterait que le rapport de force » et que Vladimir Poutine « avance tant qu’il n’est pas arrêté, et il prend tout ce que nous lui laissons ».
Comme la dette publique a beaucoup augmenté entre 2012 et 2017 et que la Cour des comptes avait, en son temps, étrillé la gestion de François Hollande, on doit se dire (même naïvement) que ce dernier avait dû hausser, et largement, le budget de la Défense… Plongeons-nous dans les chiffres pour le vérifier :
- Le déficit budgétaire s’élevait à 4,8 % du PIB à son arrivée, un chiffre désastreux à mettre au débit de Nicolas Sarkozy. Mais le déficit restait très haut à la fin du quinquennat Hollande, dépassant les 3 % autorisés : 3,6 % en 2015, 3,4 % en 2016.
- Les dépenses publiques sont restées stables.
- La dette publique a explosé : de 87,5 % du PIB en 2012, elle est passée à 96,6 % en 2017. Au début du quinquennat, elle se montait à 1.868 milliards d’euros, au 1er trimestre 2017 à 2.209 milliards, soit une hausse de plus de 340 milliards (Le Figaro, 30 juin 2017) !
Ces très mauvais chiffres ne s’expliquent absolument pas par le coût de nos armées. En effet,
- Les effectifs de la défense hors gendarmerie nationale ont fondu de 343.689 en 2006 à 275.567 en 2014.
- Le budget de la Défense en euros constants 2014 est passé de 39 milliards en 1990 à 31,4 milliards en 2014.
- La France a consacré 3,60 % du PIB au budget des Armées en 1988, 2,60 % en 2009, 2,30 % en 2012 et 2,20 % en 2014 (Le Monde, 29 avril 2015).
Autrement dit, à la suite de la chute du mur de Berlin, nos gouvernants successifs, jusqu’à François Hollande inclus, ont entendu tirer les « dividendes de la paix ». L’Etat a persisté à dépenser un « pognon de dingue », mais en pure perte dans son « modèle social », en délaissant ses missions régaliennes, à commencer par celle de la défense.
Il doit être mis au crédit d’Emmanuel Macron d’avoir inversé la tendance, mais les efforts en matière militaire demeurent très insuffisants. On peut remercier au premier chef François Hollande qui pourtant ne cache pas qu’il lorgne à nouveau l’Elysée après un premier mandat calamiteux. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à donner des leçons de bonne gouvernance sur un ton sentencieux…