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La Poste : vivement la privatisation !

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Ce n’est pas nouveau : La Poste est un mastodonte étatisé incapable de s’adapter à une économie concurrentielle. Dans un document publié le 17 février, la Cour des comptes analyse la trajectoire financière du groupe de 2019 à 2023. Elle rappelle une réalité inquiétante : derrière la façade d’une entreprise diversifiée et ancrée dans le paysage français, La Poste souffre d’un modèle économique obsolète et d’un endettement croissant. Malgré un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros en 2023, son résultat net a été divisé par deux : de 1,01 milliard d’euros en 2022 à 514 millions d’euros en 2023.

Certes, La Poste a su diversifier ses activités pour compenser la chute du courrier, mais sa rentabilité reste insuffisante et son modèle économique est toujours fragile. La branche Services-Courrier-Colis, historiquement son cœur de métier, ne représente plus que 15 % du chiffre d’affaires, contre près de 50 % en 2010. La logistique et la bancassurance peinent à compenser cet effondrement. Geopost, pourtant leader en Europe, subit des pertes sur ses acquisitions internationales, notamment en Turquie, au Brésil et en Inde. Quant à La Banque Postale, elle ne doit son salut qu’à l’assurance : ses activités bancaires classiques accusent un déficit de 554 millions d’euros en 2023. L’échec de Ma French Bank montre que l’argent public ne suffit pas à masquer des choix stratégiques hasardeux.

La Cour des comptes recommande tout d’abord de clarifier la stratégie de diversification en abandonnant les branches non rentables et en recentrant les acquisitions sur des segments porteurs. Elle prône également une rationalisation du réseau, une redéfinition des missions de service public et un recentrage des services de proximité, qui ne génèrent que 6 % de l’activité du réseau (permis de conduire, commerce en ligne). Enfin, elle plaide pour une gouvernance plus rigoureuse et un suivi strict des performances des filiales pour éviter de nouvelles dérives financières.

L’IREF défend une solution plus radicale : une privatisation réelle qui permettrait à La Poste de rationaliser ses coûts, d’éviter les errements stratégiques et d’assurer un service plus efficace. L’exemple de La Poste britannique prouve qu’un opérateur historique peut se transformer, à condition d’avoir une gouvernance claire et des engagements solides. Tant que La Poste française sera sous perfusion publique, elle continuera d’accumuler des déficits abyssaux.

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14 commentaires

Broussard 18 février 2025 - 9:14 am

Qui voudra bien me croire ?
il y a quarante-cinq ans, (la préhistoire pour certains), il m’arrivait, vers 17 heures, de croiser mon facteur en cours de seconde tournée de sa journée ;
depuis plusieurs mois, le bureau de Poste de la partie sud-Seine d’une certaine ville-préfecture ayant été fermé, quand vous n’êtes pas chez vous au passage d’un recommandé, vous devez aller le récupérer dans une foirfouille tenue par des “” commerçants “” qui comprennent difficilement ce que vous venez chercher…
Vive la France !

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Lhph 18 février 2025 - 4:17 pm

Fermer des bureaux de poste non rentables est necessaire….et qu un commerce reprenne cette activite est une excellente initiative…..vive le changement…😂😂😂😂😂

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Damien Daret 18 février 2025 - 11:20 am

Bonjour. Je ne juge pas le fond de l’article, mais me permets de vous demander en quoi une “privatisation réelle” protégerait La Poste “d’errements stratégiques”. Nombreux sont les exemples de sociétés privées mal gérées et aux décisions mortifères.

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Élodie Messéant 18 février 2025 - 12:37 pm

Bonjour, vous avez raison. Mon point est simplement de dire que La Poste n’a pas à faire peser ses mauvaises décisions sur les contribuables. S’il doit y avoir de nouveaux errements stratégiques après une réelle privatisation, qu’elle en assume elle-même les coûts, comme n’importe quelle autre entreprise privée.

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Levart 18 février 2025 - 11:23 pm

En quoi les décisions de La Poste pèsent sur les contribuables ? D’après Wikipedia, le résultat comptable de La Poste est positif depuis plus de 20 ans, elle assume donc ses coûts, comme n’importe quelle autre entreprise privée.
Pourriez-vous préciser votre propos ?

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Élodie Messéant 19 février 2025 - 12:16 pm

La Caisse des dépôts et l’État sont les actionnaires majoritaires (66 % vs 34 %). Ce n’est pas une entreprise classique.

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Levart 19 février 2025 - 2:02 pm

Vous ne répondez pas au point pourtant central dans votre propos “en quoi les décisions de La Poste pèsent sur les contribuables” ?

Élodie Messéant 19 février 2025 - 2:36 pm

La Poste est gérée par la puissance publique. De quoi avez-vous besoin ?

Philippe 18 février 2025 - 11:22 am

La quasi fusion entre la CNP et La Poste a servi à cacher les très mauvais résultats de La Poste, et à reculer les réformes nécessaires de La Poste. Je suppose que quand vous dites qu’il faut privatiser La Poste, vous impliquer aussi la CNP. Il me semble même qu’il faut commencer par la CNP. Et ne plus distribuer le courrier que 3 jours par semaine.

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Jojo 18 février 2025 - 3:17 pm

Qu’est-ce qui est géré par l’Etat et qui marche bien en France ? La réponse est courte :
Les impôts et le recouvrement des amendes.

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Élodie Messéant 19 février 2025 - 2:14 pm

C’est bien résumé.

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Bouhadjeb 18 février 2025 - 4:06 pm

Bonjour, J’ai développé un service innovant pour prévenir ce genre de problème, que j’ai proposé à La Poste. Ce brevet est consultable auprès de l’INPI sous le numéro 2201233. Grâce à ce service, les clients reçoivent une notification lorsqu’un courrier leur est destiné, et l’entreprise peut suivre avec précision les opérations des livreurs, garantissant ainsi une meilleure transparence et une optimisation de la logistique. Grâce à ce système, nous avons l’opportunité de bâtir une véritable gouvernance de la data en France, en gardant la maîtrise de ressources stratégiques. Aujourd’hui, la donnée est un levier économique puissant : bien exploitée, elle permettrait à La Poste d’optimiser ses opérations, d’améliorer l’expérience client et de développer de nouveaux services à forte valeur ajoutée.

En s’appuyant sur cette innovation, La Poste pourrait renforcer sa position face aux acteurs du numérique, tirer parti d’un nouvel actif stratégique et assurer sa pérennité économique en devenant un leader technologique de confiance.

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david 19 février 2025 - 12:02 pm

Je ne comprends pas bien votre position sur la Poste
vous parlez de déficits abyssaux alors même que le résultat est positif en 2022 et 2023
l’Etat n’est plus actionnaire majoritaire, c’est désormais la caisse des dépôts avec 66%
vous omettez totalement la transformation radicale du service dans les agences notamment ou les agents sont disponibles et souriants, et vous oubliez le bouleversement considérable qu’a subi la poste depuis plus de 20 ans avec l’arrivée d’internet
ceci n’empêche pas de remettre en cause certaines stratégies bien évidemment

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Élodie Messéant 19 février 2025 - 2:12 pm

Notre position à l’IREF est très simple à comprendre : nous défendons un Etat centré sur ses fonctions régaliennes (la conception libérale du régalien, pas socialiste). Il n’y a aucune raison pour que La Poste soit gérée par la puissance publique. La caisse des dépôts est une institution publique, ce qui revient au même. Oui le résultat net est positif (ça ne veut pas dire qu’elle est bien gérée pour autant), mais il est de deux fois inférieur à celui de l’année précédente, comme la Cour le précise. Pas de quoi sauter au plafond.

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