Il y a des livres qui donnent de l’espoir aux lecteurs. Celui de l’ancien Premier ministre, François Fillon, en fait partie, au moins dans ses premiers chapitres… Il est d’abord réjouissant de voir un homme politique français faire l’éloge de la liberté. « La liberté est une rupture » telle est le leitmotiv de l’ouvrage.
Fillon dénonce, dans son introduction, un pays qui a « sécrété un système qui se méfie de l’individu et qui lui refuse la liberté et la responsabilité dont il a besoin pour développer l’activité qui lui permettrait de s’épanouir et d’être maître de sa vie ». Il a raison de rappeler que les Français sont lassés d’un Etat qui a la prétention de s’occuper de tout, et de rien, tout en nourrissant un secteur public hypertrophié ! Et – Fillon de donner l’exemple de- pays comme la Suède, le Canada et l’Allemagne, qui ont réformé leur Etat et leur fonction publique. Cela ne l’empêche pas de prendre en même temps des précautions : s’il fait l’éloge de la liberté, il ne faut surtout pas qu’on le compare à une Thatcher ou un Reagan ! Et même s’il reconnaît l’importance de leurs réformes, sans omettre de rappeler le fait qu’ils ont été, tous – deux, brillamment réélus, son intention n’est pas de « déréguler à tout-va, ni de créer des fractures profondes dans la société… ». En quelque sorte, oui à la liberté ! « Nous ne redonnerons toute sa vitalité et son rayonnement au modèle français qu’en replaçant la liberté en son cœur » dit-il, mais une liberté « contrôlée »… Cette position est – à l’image des propositions « mesurées » dans son livre. Bien entendu, il est pour la suppression des 35 heures et de l’ISF. ! Mais lorsqu’il s’agit d’avoir plus de détails sur les autres réformes, on reste sur sa faim !
Il a d’abord une position ambigüe sur le rôle du Premier ministre. Tout en reconnaissant les mérites d’un système à l’américaine avec un Président et un Vice-président, Fillon défend le rôle de Matignon : « partager la réflexion avec le Président ». Ensuite, il chiffre à 110 Mds d’euros les économies à faire entre 2017 et 2022, mais sans pour autant aller très loin sur les pistes proposées. Demander en effet aux fonctionnaires de passer aux 39 heures de travail par semaine et de supprimer leur jour de carence ne réformera pas vraiment l’Etat français ! De même que le fait seul de reporter l’âge de la retraite – à 65 ans ne sauvera pas nos retraites ! Et que dire encore des inégalités public-privé !?
L’ancien Premier ministre est favorable à une grande réforme fiscale. Mais laquelle ? Oui, il faut également baisser le coût du travail, mais où sont les autres baisses d’impôts, attendues par les Français ? Il souhaite aussi « réécrire le dialogue social » avec une « flexisécurité adaptée au contexte français » dotée d’un juge qui pourra se prononcer sur la réorganisation d’une entreprise en cas de difficulté-. Nous pensons au contraire que – les juges n’ont pas à se prononcer sur le fonctionnement d’une entreprise, ou même en cas de licenciements collectifs. D’une manière générale, oui à une allocation sociale unique, qui pourrait remplacer les différentes aides actuelles, elles-mêmes dépourvues de véritable contrôle !
Enfin, l’auteur se prononce pour qu’une plus grande autonomie soit accordée aux écoles, et plus de liberté au sein de l’école. Au regard des meilleurs résultats des écoles privées, « il faut se poser la question de savoir s’il convient de revenir sur la contrainte des 20 % (établissements privés)… » Et à Fillon de « soumettre cette question à une réflexion qui prendra le temps qu’il faudra ». Cela n’augure rien de bon pour une réforme de l’école française qui en a tant besoin ! Pourquoi, en effet, défendre la liberté dans plusieurs de ses pages, s’il s’agit d’abord de « réfléchir » avant d’adopter celle-ci !?
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Question ?
M. François FILLON est-il prêt à inscrire dans la constitution l'interdiction de prélever plus de 30 % de la richesse créée par le secteur privé (tous prélèvements confondus) ?
Sans cette mesure fondamentale, la France ne peut se redresser et finira dans le mur.
Tout le reste n'est que littérature.