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Budget participatif : Paris ne sait plus quoi faire des impôts

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La mairie de Paris demande est à la recherche d’idées pour dépenser les impôts prélevés. Une initiative démagogique. Et si elle baissait tout simplement la fiscalité ?

Depuis 2014, la ville de Paris permet aux habitants d’avancer des projets qui sont ensuite dotés d’un budget dit participatif. En 2015, 5 114 projets ont été déposés et 188 d’entre eux retenus, pour 70 millions € de dépenses. Après une pré-sélection par les services de la Mairie (coût, caractère d’investissement), un vote est tenu par arrondissement pour retenir certains projets.

L’idée est séduisante, elle donne aux parisiens le choix d’une part de l’affectation des dépenses. N’est-ce-ce pas une façon intelligente d’utiliser les impôts ? Une manière de mettre le contribuable aux cœurs des investissements ? Ce serait même selon la Mairie de Paris « une innovation démocratique majeure » !

Voici donc la nouvelle manière d’utiliser l’impôt ! Auparavant, il y a fort longtemps, le dirigeant demandait à ses sujets de participer aux frais avec leurs deniers, lorsqu’il fallait se défendre d’une invasion par exemple. Il levait donc l’impôt relativement à une dépense prévue. Puis les choses ont évolué : avoir un revenu équivaut, depuis 1907, en France, à payer un impôt ; et tant et si bien, que tout est renversé. Aujourd’hui, à Paris, on prélève l’impôt et on se demande ensuite ce que l’on pourrait bien en faire.

C’est comme une libéralité, un gage de sympathie envers les administrés. On le croirait presque, il s’agit d’une « grande avancée démocratique », d’un retour du politique vers les électeurs. Au premier abord, nous voilà tentés de remercier les élus si généreux et prévenants. Mais rien de plus trompeur en réalité. Il s’agit bien de distribuer l’argent qui nous a été prélevé, indument puisque sans raison a priori. Pourtant, la Mairie de Paris ne doit pas se sentir obligée de taxer s’il n’en est pas nécessaire.

C’est un renversement de pensée révélateur du socialisme : l’impôt est un dû que les dirigeants perçoivent, qu’ils redistribuent à leur bon gré. Ici, dans leur grande largesse, ils permettent au peuple de choisir qu’en faire, pour une part.

On pourrait cependant, on devrait même, procéder autrement : que les parisiens et la Mairie proposent des projets, puis ensuite que l’on demande à ces mêmes parisiens lesquels ils désirent soutenir de leurs contributions. Au lieu de voter les projets, que l’on vote l’impôt. Rien de nouveau : théoriquement, c’est ce qui est légal aujourd’hui, puisque « tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique (art 14 de la DDHC 1789 qui figure en exergue de la constitution de 1958) ». Or, il est difficile de constater la nécessité de la contribution publique si on ignore ce qu’il en sera fait.

En procédant ainsi, il y a fort à parier que les résultats seraient différents. Rapportés à 2 229 000 parisiens, c’est 44 euros qui sont ainsi prélevés pour être distribués au gré des projets retenus. Cela reste une goutte d’eau comparé à la prévision des dépenses d’investissement 2017 de la ville de Paris qui s’élève à un milliard et sept cent millions d’euros en 2017 (1 700 000 000 €). Pour autant le procédé reste démagogique et faussement démocratique. En forçant le trait, on peut affirmer que la Mairie de Paris a inventé une nouvelle classe de contribuables : il y avait ceux qui paient l’impôt et ceux qui ne le paient pas, il y a désormais ceux qui ne paient pas mais reçoivent – pour des projets dont nous verrons plus bas l’inutilité manifeste pour certains d’entre eux (quoiqu’en réalité, tout le monde finit par payer les unes ou les autres des 700 contributions existantes).

« Le budget participatif est avant tout une déclaration de confiance faite aux Parisiens » selon la charte associée à ces projets. Encore une fois, la formulation est agréable mais incongrue. Passons sur le site explicatif au graphisme stupide qui n’est pas sans rappeler celui des élections syndicales et qui ne fait pas montre de beaucoup d’estime pour ses spectateurs. Le renversement s’opère encore une fois. Ce sont les parisiens qui doivent pouvoir avoir confiance en les élus municipaux et non pas l’inverse.

Donc avec l’argent de tous disponible, les désirs de chacun peuvent s’exprimer tranquillements : Une miellerie au 33 rue des Vignoles, un ateliers collaboratifs en menuiserie, accessibles à tous, un cirque électrique, la végétalisation de multiples espaces… Rappelons qu’il est censé s’agir de dépenses d’investissement, c’est au sens large apparemment : plus d’arbres dans les rues du 10e, des cours d’écoles plus colorées et ludiques, Victor Hugo écrit sur nos murs, etc.

Enfin la nouveauté de 2017, c’est que les enfants peuvent participer aussi. Au XXIeme siècle, il serait dommage que l’on n’apprenne pas aux enfants à ce servir de l’argent des autres dès les petites classes!

Les vraies avancées démocratiques, c’est de laisser les parisiens profiter librement de leurs revenus, les vrais signes de confiance en la société civile, c’est de laisser les habitants dépenser comme ils le souhaitent, au coin de la rue ou ailleurs, ce qui profitera autant, voire plus, à la Capitale.

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