L’histoire de la production d’électricité en France est riche d’enseignements. A la fin du 19ème siècle, lorsque le marché était énorme et les producteurs peu nombreux, l’Etat rectifiait les abus mais garantissait néanmoins la liberté d’entreprendre. C’est ainsi que des centaines d’acteurs locaux, régionaux, nationaux se sont peu à peu positionnés sur la production d’électricité. Les consommateurs avaient le choix et pouvaient faire jouer la concurrence. Mieux, l’électricité produite localement permettait de faire vivre toute une ville, en générant des emplois. En 1946, la France comptait 1300 producteurs d’électricité répartis sur tout le territoire. C’est l’année où l’Etat a décidé de tout nationaliser : la production, les réseaux et la distribution au sein d’une unique entité. Ainsi naquit EDF. Une énorme machine publique qui a exercé un monopole de droit et de fait pendant plus de 50 ans.
De la nécessité de sortir d’une logique de production nationale
A l’heure de la transition énergétique, la France souffre de plusieurs freins. L’Etat ne pense la production d’électricité qu’à la seule échelle nationale. Couvrant tout le territoire, 56 réacteurs nucléaires alimentent les réseaux. Il existe une règle en physique : la déperdition de l’énergie est proportionnelle à la distance qu’elle parcourt. Lorsque la production d’électricité était publique, l’importance de la question était relative puisque l’Etat assumait ce risque et la perte financière engendrée. Mais au moment où la question de l’économie d’énergie est prégnante, il importe de trouver des solutions. D’autant qu’une entreprise privée ne pourra pas assumer financièrement la perte de plusieurs kilowattheures par km.
Par ailleurs, la prépondérance d’EDF au sein de notre modèle énergétique empêche un changement radical de paradigme au sein de nos politiques publiques. Tout juste, depuis deux ou trois ans, voyons-nous émerger l’idée de « territorialiser » notre transition énergétique. Néanmoins, pour notre État jacobin et « énarchique », tout processus ne peut être que descendant, et non ascendant. La logique voudrait que les collectivités locales lancent des appels d’offres pour l’implantation de modes de production à base d’énergies renouvelables, d’unités de biométhanisation ou de mini réacteurs nucléaire (Small modular reactor, ou SMR). Elle se heurte à l’administration, qui insiste pour centraliser tous les appels d’offres et les répartir sur le territoire.
Quelles solutions promouvoir ?
Les fonctionnaires et politiques peinent à se débarrasser de leurs réflexes centralisateurs. Néanmoins des initiatives individuelles ou de collectivités locales se font jour. Sur la base de ce qui fonctionnait au 19ème siècle, les élus locaux réhabilitent les syndicats départementaux d’énergie. Ils passent des appels d’offres auprès d’entreprises privées et les incitent à venir sur place produire pour leurs territoires. Des habitants de communes isolées encouragent les énergies renouvelables en entrant au capital des parcs éoliens et solaires. Dernièrement le Sénat a adopté une proposition de loi pour encourager l’installation de panneaux solaires sur des terrains en friche. L’Etat s’est précipité pour multiplier éoliennes et panneaux solaires de manière anarchique un peu partout, souvent sans consulter les riverains alors que des centaines de sites industriels ou de terrains vagues pourraient être réhabilités. Les communes en tireraient des revenus fonciers et les habitants auraient accès à de l’électricité produite localement.
Enfin sur le volet nucléaire, si la construction de gros réacteurs, type EPR 2, est fondamentale pour l’avenir énergétique de notre pays, les technologies de type SMR n’en représentent pas moins, aussi, une partie de cet avenir… à condition de ne pas confier la recherche, la construction et le déploiement à EDF. Aujourd’hui de nombreuses start-up se sont positionnées sur le sujet à l’instar de Naarea ou de Transmutex. Les deux promettent de commercialiser de petits réacteurs d’ici 2030. La principale vertu de ces SMR est de démocratiser le nucléaire. En d’autres termes, plusieurs industriels gros demandeurs d’électricité pourraient s’associer pour installer un SMR à côté de leurs usines, bénéficiant ainsi d’une électricité en continu sans fragiliser les réseaux électriques globaux. L’idée de perdre le quasi-monopole sur la production d’électricité plaît assez peu à EDF. Pourtant tous nos voisins européens ont ouvert la production d’électricité à de nombreux acteurs qui répondent à des appels d’offres. Le retard pris par le chantier de Flamanville appelle une réponse urgente à cette question : est-il vraiment raisonnable de laisser notre avenir énergétique entre les seules mains d’EDF, et par extension à l’Etat qui prévoit de nationaliser EDF ?
Cet avenir énergétique de la France, seule la contribution des territoires peut l’assurer. Les nouvelles technologies de production d’électricité, lorsqu’elles sont acceptées par les habitants, sont une opportunité pour sortir du prisme centralisateur et monopolistique de nos politiques énergétiques. Il faudrait, surtout, appliquer le principe de subsidiarité aux politiques énergétiques pour coller aux besoins des territoires tout en favorisant la création d’emploi et l’innovation.
8 commentaires
Comme toujours, le mal français vient de sa bureaucratie étatique, liberticide!
Le bon sens près de chez vous, connaissent pas!
Eolien et solaire sont des technologies du passé. Leur production est non pilotable, fluctuante, fatale, avec de faibles facteurs de charge : 14% pour le solaire et 23% pour l’éolien et donc il faut toujours des centrales thermiques en soutien pour gérer les fluctuations et l’intermittence en temps réel. De plus, leur faible densité énergétique impose deux choses : forte utilisation d’espace au sol et très forte consommation de matières premières : cuivre, lithium, cobalt, manganèse, terres rares, cobalt, …)
Pour des applications décentralisées, seuls les SMR pilotables seraient envisageables, ou de petites centrales à sels fondus.
Même si les éoliennes sont décentralisées (ce qu’elles sont déjà , mais imposées de manière autoritaire avec la complicité des Pouvoirs Publics), elles garderont leurs défauts. Fluctuation, intermittence, faible facteur de charge, mauvais bilan carbone : 15 g gCO2/kWh plus les émissions des centrales thermiques d’appoint, soit au total plus de 40 gCO2/kWh, forte consommation d’espace et de matières premières, massacre d’oiseaux (migrateurs, rapaces, …) et de chauves-souris et prix du kWh élevé.
Tout a fait d’accord avec Jean-Pierre Bardinet ,mais allez faire comprendre cela aux escrologistes !!!
Le seul moyen d’en sortir est de donner le pouvoir aux seules régions (rétablies dans leur origine). Avec chacune un super EPR 2, il serait pratiquement possible de rendre autonome chaque région (donc la France) en y additionnant les énergies dites « renouvelables » déjà partout en place. Et STOP aux éoliennes !!!
 » Les communes en tireraient des revenus fonciers et les habitants auraient accès à de l’électricité produite localement ». Pour le solaire, uniquement entre 10H et 16H (source : EDF).
Bonjour, hélas, nous évinçons toujours la recherche et l’exploitations gazière & pétrolière dans notre sous-sol. Rappelons que la chasse inutile et ruineuse au C02 est basée uniquement sur une gigantesque supercherie qui nous conduit à subir une gigantesque escroquerie par une mafia qui sévit en bande organisée. Pire parfois, les escrologues non content de détruire l’économie et les libertés, se sont transformés en essecrologues diaboliques, ils sont dignes des pires fléaux idéologiques de notre civilisation (communisme, nazisme). Les brassards verts remplacent les brassards d’une autre époque. Pour preuve, la fin des véhicules thermiques après la mise en place de malus à 50 000 € au 1 er janvier 2023. Le déclin de la France et le déclassement des français est assurés par Lrem à 80 km/h et taxe « dite » carbone, au service du collapsologue Klaus Schwab. Merci. Bien à vous