Robert E. Lucas, économiste américain, qui reçut le prix Nobel d’économie en 1995 pour son travail sur les anticipations rationnelles, est décédé le 15 mai 2023 à l’âge de 85 ans. Fondateur de la nouvelle économie classique et membre de l’École de Chicago, il rejette les théories keynésiennes qu’il juge scientifiquement pauvres. C’est en 1988 qu’il publie un article célèbre, On the mechanics of economic development, dans lequel il élabore une théorie néoclassique de la croissance et du commerce international, et émet une critique des modèles macroéconomiques. Selon Lucas, la plupart d’entre eux reposent, à tort, sur l’idée selon laquelle les agents économiques peuvent être induits en erreur par les responsables gouvernementaux. Or, les politiques économiques finissent tôt ou tard par être anticipées par les agents, qui ajustent immédiatement leur comportement en fonction, par exemple, du taux d’augmentation de la masse monétaire par la Réserve fédérale et du niveau d’inflation qui en résulte. Ces anticipations rationnelles rendent vaine toute politique économique. Si la microéconomie suppose une forme de rationalité chez les individus, il n’y a aucune raison pour que ce principe ne s’applique pas aussi en macroéconomie.
Face aux théories keynésiennes, les recherches de Robert E. Lucas, peu médiatisées, mériteraient d’être davantage connues en France afin que justice soit rendue à l’un des économistes les plus influents de ces dernières décennies.