Les protagonistes n’ont rien de fictifs, tous ont existé et J-P Cabanes les ressuscite avec un réalisme politique implacable. Car dans ce roman historique se côtoient fascistes, nazis, juifs, patriotes, experts d’art et escrocs, héros et poltrons, hommes de parole et traîtres, tels qu’ils ont véritablement existé. Mieux encore l’auteur prête à certains d’entre eux un réalisme psychologique où la fidélité à la patrie n’empêche pas le discernement et la liberté de réagir. Werner Burckhardt et sa sÅ“ur Hildegarde en sont deux exemples vivants. Le frère à la tête des sous-marins de l’armée allemande et la sÅ“ur traductrice et agent secret du parti nazi ne vont pas longtemps rester aveugles. Ils découvrent vite les exterminations racistes, les pillages de biens juifs, les mensonges d’Hitler et les inconsistances politiques et amoureuses de leurs alliés italiens. Heureusement les initiatives personnelles marquent ce beau roman d’autant plus que la réalité historique est toujours en arrière-plan.
Goering, vorace collectionneur d’oeuvres d’art, ne fut il pas dupé par un faux Vermeer aux risques et périls du célèbre faussaire néerlandais van Meegeren ? Dommage que l’auteur évoque l’évêque Huda qui offrit des planches de salut aux criminels nazis en omettant de parler de sa mise à l’écart du Vatican par Pie XII ! Le lecteur ressort enrichi sur cette période qui a encore du mal à refermer ses plaies. Puisse ce roman dévoiler à temps les déguisements de tout régime barbare en herbe !