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Oxfam ou la haine envers les milliardaires

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Le dernier rapport d’Oxfam affirme que « l’oligarchie milliardaire prend toujours plus d’ampleur ». Une affirmation qui ne résiste pas à une analyse sérieuse de la situation et qui montre que l’ONG pratique une haine sans vergogne envers ceux qu’elle appelle les « ultra-riches ».

Et un rapport de plus ! Oxfam aime en publier. Et les médias adorent s’en faire l’écho. Le problème est que ces rapports portent toujours sur le même sujet – « les riches » – et qu’ils sont truffés de contre-vérités. Le dernier en date, intitulé « L’art de prendre sans entreprendre », sous-titré « L’injustice de la pauvreté face aux richesses imméritées issues du colonialisme », n’y échappe pas.

La fortune des milliardaires a augmenté trois fois plus vite en 2024 qu’en 2023

L’IREF a déjà eu l’occasion de montrer que ce nouveau rapport de l’ONG (pas tout à fait organisation non gouvernementale, à vrai dire, puisqu’en France 52% de ses ressources proviennent de subventions publiques !) multiplie les chiffres approximatifs, sinon falsifiés, et les interprétations douteuses, sinon foncièrement malhonnêtes.

Mais pouvions-nous espérer autre chose d’une organisation qui place, en exergue de son étude, une longue citation de Soekarno, premier président de la République d’Indonésie, et accessoirement allié de l’URSS ?

Pour Oxfam, tous les moyens sont bons pour accuser les riches des pires turpitudes et pour dénigrer leur « talent hors du commun ». Celui-ci ne serait qu’un mythe, « mis en avant par les médias et la culture populaire », car la fortune colossale des milliardaires n’a que peu à voir avec le mérite. Elle provient majoritairement « d’héritages, de liens de connivence, de pratiques relevant de la corruption ou de situations de monopole ».

C’est pourquoi Oxfam « appelle les États à agir sans tarder pour réduire les inégalités et mettre un terme à l’extrême richesse ». L’association exige des gouvernements qu’ils s’engagent à ce que « les revenus des 10% les plus riches n’excèdent pas ceux des 40% les plus pauvres », qu’ils mettent fin aux paradis fiscaux, qu’ils taxent les super-héritages, qu’ils annulent les dettes des pays du Sud et qu’ils mettent un terme « à la domination des pays riches et des multinationales sur les marchés financiers et les règles commerciales ».

La richesse des milliardaires est théorique

Heureusement, il existe des chercheurs qui, comme François-Xavier Dudouet, directeur de recherche au CNRS au sein de l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (Irisso) à l’Université Paris-Dauphine, nous exhortent à nous méfier des chiffres car « pour impressionnants qu’ils soient, les montants sur la fortune financière peuvent tromper ». Nous nous proposons de résumer, à l’intention de Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, et ses collègues, l’essentiel de l’article qu’il vient de publier.

Dudouet rappelle pour commencer que l’essentiel de la fortune estimée des milliardaires est celle de « la valeur des actions qu’ils possèdent dans les sociétés cotées en bourse ». Le reste, sauf quelques résidences connues, est difficilement appréciable. Comme les lecteurs de l’Iref le savent – et comme les membres d’Oxfam et les médias l’ignorent – la valeur des actions prise en compte est purement théorique. Pour calculer la richesse de Bernard Arnault, ses dénigreurs multiplient le nombre d’actions LVMH qu’il détient par le dernier cours de bourse connu. Mais la somme ainsi obtenue n’existe pas sur le compte en banque de M. Arnault. La valeur est fictive, elle ne correspond pas à un capital réel. Si, demain, le patron de LVMH décidait de vendre ses actions, leur cours chuterait immanquablement et une grande partie de sa « richesse » se volatiliserait.

Comme l’écrit François-Xavier Dudouet : « La fortune en actions des milliardaires est certes colossale, mais elle est en définitive assez peu liquide et très volatile. Elle est très dépendante des cours de bourse qui peuvent varier de manière extrêmement sensible en fonction de la santé de l’entreprise et même de l’actualité. Par exemple, le cours de l’action Tesla est passé de 424,07 dollars au lendemain de l’investiture de Donald Trump à 378,17 dollars au moment où nous écrivons ces lignes, entraînant une perte théorique pour Elon Musk de plus de 33 milliards de dollars (Md$) ».

La fortune théorique de l’ensemble des milliardaires ne représente que 12,6% de la capitalisation boursière mondiale

Dudouet indique, par ailleurs, que selon le palmarès établi par Forbes, la fortune cumulée des milliardaires (calculée à partir des actions qu’ils possèdent) s’élèverait à 14 500 Md$. Si l’on rapporte cette somme à la capitalisation boursière mondiale qui est de 115 000 Md$, on se rend compte que la « richesse » des milliardaires ne représente que 12,6% de la valeur de l’ensemble des actions cotées sur les bourses du monde entier.

Autrement dit, 87,4% de la capitalisation boursière mondiale est détenue par des non-milliardaires, directement par des épargnants ou bien indirectement via des Sicav et autres OPCVM, des fonds de pension, des plans d’épargne retraite (PER), des assurances-vie, des plans d’épargne salariale, etc.

Ainsi, comme l’écrit François-Xavier Dudouet, confirmant ce qu’a toujours affirmé l’Iref, « Contrairement à ce que pouvait laisser entendre Thomas Piketty, il y a quelques années, le capital au XXIe siècle n’est pas concentré entre les mains de quelques individus et familles richissimes. Il est de plus en plus dispersé. Au fil de l’analyse, on se rend compte que la majeure partie de la capitalisation boursière mondiale appartient à des collectifs, que ce soit des retraités, des salariés, des assurés, des épargnants, des sociétaires ou des États ».

Les riches paient trop d’impôts en France

Les chiffres publiés par Oxfam et ses propositions spoliatrices ne sont que le reflet de sa haine obsessionnelle des riches. Une haine qui est aussi celle des députés écologistes qui tentent d’imposer un nouvel impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des « ultra-riches ».

En réalité, les riches paient déjà trop d’impôts en France. Une analyse récente de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) portant sur les revenus et le patrimoine des foyers les plus aisés le démontre. En effet, on y découvre que ceux que l’administration appelle les foyers fiscaux à très hauts revenus (THR), c’est-à-dire 0,1% des ménages français, ont payé en 2022 13% du montant total de l’impôt sur le revenu (IR) alors qu’ils ne concentrent que 3,1% de l’ensemble des revenus.

Quant aux foyers fiscaux à très haut patrimoine (THP), soit les 0,1% des Français, ils ont payé 5% de l’imposition sur le patrimoine immobilier (IFI et taxes foncières) alors qu’ils ne détiennent que 1,8% du patrimoine immobilier des ménages.

Par conséquent, il ne faut pas augmenter les impôts des plus riches Français, mais bien les baisser, par exemple en instaurant un impôt forfaitaire (flat tax) sur les revenus et en supprimant l’IFI.

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