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La french theory, aux racines du venin de la déconstruction

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En mai 2017, Caroline de Haas, présidente de la très influente association « Osez le féminisme », ancienne conseillère de Christiane Taubira et candidate malheureuse aux élections législatives dans le 18e circonscription de Paris, déclarait que la solution pour mettre fin au harcèlement des migrants vis-à-vis des femmes dans le quartier de la Chapelle-Pajol était d’élargir les trottoirs.

Le ridicule de la situation et l’accumulation des vices de la pensée n’étant visiblement pas remonté jusqu’au cerveau de l’intéressée, il apparaît opportun de se demander comment l’esprit occidental a pu tomber aussi bas.
Tout remonte en fait aux années soixante.

Qu’est que la French theory ?

La French Theory ou post-modernisme français, se définit, selon François Cusset, par un certain nombre de concepts partagés, mais pas comme une école de pensée unifiée : « La triple critique du sujet de la représentation et de la continuité historique, une triple relecture de Freud, Nietzsche et Heidegger et la critique de la critique elle-même » [[François Cusset, « French Theory », La découverte poche, Collection sciences humaines et sociales, 2005, p.19.]] en sont les éléments de cadrage.

Concrètement, il s’agit d’un corpus postmoderne de théories philosophiques, littéraires et sociales, où la notion de déconstruction tient une place centrale. Comme les sept plaies de l’Égypte, les études de genres (gender studies), culturelles (cultural studies) et postcoloniales (postcolonial studies) vont s’abattre sur une université déjà sclérosée par mai 68.

Les Cultural studies sont basées sur une invalidation des thèses marxistes orthodoxes : « la culture n’est pas un simple reflet superstructurel mais un champ de lutte pour l’hégémonie (d’où une référence forte à Gramsci) ; la classe sociale elle-même n’est pas un donné historique brut mais une construction symbolique » [[Ibid, p.145.]]. D’où la possibilité, pour la gauche, de mettre en avant les communautés prétendument opprimées, déplaçant ainsi leur clientèle de la working class blanche aux minorités diverses et aux catégories sociales les plus favorisées.

Les Post-colonial studies consacrent l’irruption des thèses ethnicistes et communautaires au sein de l’Université. Pour François Cusset, elles sont la « combinaison d’une trame foucaldienne, où le sujet se construit d’abord par assujettissement aux institutions de contrôle et au discours dominant, et d’une thématique deleuzienne, celle d’un sujet démultiplié le long de fuites nomadiques »[[Ibid, p.150]]. La question afro-américaine a, naturellement, été la référence de ses études mais d’autres catégories de populations ont pu en être l’objet : latinos, amérindiens, asiatiques, femmes ou homosexuels. Le concept est démultipliable à l’infini.
Enfin les gender studies, inspirés du féminisme universitaire, définissent pour la première fois la sexualité de l’individu comme une part et même comme la référence de son identité. En 1960 est ouvert le premier département de Women’studies à l’université d’État de San Diego et dans les années 70 et 80, 300 programmes similaires sont créés dans les universités américaines. L’ouvrage pionnier de Kate Milett, Sexual politics, définit la doctrine qui, aujourd’hui encore, infuse son âcreté dans l’esprit public de notre pays, à savoir : « réhabiliter la contre-histoire de l’oppression des femmes […] et traquer dans les classiques littéraires (au profit d’un corpus de femmes) la misogynie sous toutes ses formes ».
Ce féminisme universitaire se scinde en deux branches à partir des années 70 : un féminisme de la différence, essentialiste, « qui met en avant l’altérité des destins biologiques et historiques de l’homme et de la femme »[[Ibid, p.158.]] et appelle au séparatisme, et un féminisme de l’équivalence, constructiviste, qui nie l’altérité des sexes.

La pénétration outre-Atlantique

C’est dans les années 70 que la French Theory débarque sur les campus américains, dans le terreau favorable des marches des droits civiques, de rébellion étudiante boutonneuse et d’opposition politique « à visée surtout existentielle de l’anticapitalisme militant et de célébration mystique des corps libres et des drogues hallucinogènes »[[Ibid, p.65. ]]. Ainsi, en 1969 et 1970, on dénombrera 350 grèves étudiantes et 9500 manifestations aux États-Unis, environ 30% des 8 millions d’étudiants y ayant pris part. À l’élan politique des années 60, marqué par les revendications des minorités, succède celui des années 70, lié à la liberté sexuelle et globalement à un individualisme en pleine expansion. Finalement, une sorte d’aboutissement de la société de consommation.

C’est à cette époque qu’apparaissent les premiers samizdats[[Ouvrage diffusé clandestinement, à l’origine, sous forme polycopiée ou ronéotypée, synonyme d’une feuille de choux. ]] étudiants traitant de sujets comme la déconstruction ou la micro-politique, seize revues au total en une dizaine d’années. Diacritics, revue fondée en 1971 à l’université de Cornell, se fait l’écho des échanges entre Foucault et Georges Steiner, suite à un article du New-York Times où ce dernier le décrivait comme le mandarin du moment. SubStance fondée aussi en 1971 à l’université du Wisconsin, se décrit elle-même comme « le véhicule de la pensée française d’avant-garde ». Entre réseaux universitaires et contre-culturels, la maison d’édition Sémiotext(e), joue un rôle pionnier de diffusion des idées françaises, notamment en ce qui concerne la sémiologie[[Science des systèmes de signes (intentionnels ou non) et des systèmes de communication.]].

L’affaire Sokal

En ce début du mois d’octobre 1997 est publié un livre signé de deux physiciens, Alan Sokal et Jean Bricmont, qui, sous le titre d’Impostures intellectuelles, entend dénoncer l’utilisation abusive des sciences dures par les sociologues et les philosophes. Pêle-mêle, l’ouvrage brocarde « le jargon », « la charlatanerie », la « véritable intoxication verbale, le mépris pour les faits et la logique », de la part d’un courant intellectuel présenté comme postmoderniste et caractérisé par « le rejet plus ou moins explicite de la tradition rationaliste des lumières »[[Alan Sokal et Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, Paris, Le livre de poche, coll. « Biblio essais », 1999 [1997], p. 38-40, 33 et 36.]], traitant les sciences de manière relativiste, comme des narrations et sous l’angle des constructions sociales. Les principaux inspirateurs de ce mouvement sont français : Gilles Deleuze, Jacques Lacan, Jacques Derrida, Jean-François Lyotard, Jean Baudrillard, sans oublier l’inénarrable Michel Foucault.

Ce qui a depuis été appelé, « l’affaire Sokal » avait commencé comme une farce : en 1996, Alan Sokal, professeur de physique à l’université de New York, avait soumis un article pseudo-scientifique à la revue Social Text, sous le titre « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique ».

Le texte prétendait démontrer que la théorie quantique a des implications politiques progressistes et conclut que, puisque la réalité « physique […] est à la base une construction sociale et linguistique », alors « une science libératrice » et « des mathématiques émancipatrices » devraient être développées afin d’abandonner « les canons de la caste d’élite de la science dure » au profit d’ « une science postmoderne [qui] offre le puissant appui intellectuel au projet de politique progressiste ».

En somme, et dès le départ, il s’agit de débats propres aux tendances d’un mandarinat de gauche qui, ayant complètement colonisé l’Université, impose des lignes de fractures qui concernent uniquement sa propre sphère de pensée. Pour schématiser, le clivage s’organise entre la gauche traditionaliste, héritière des lumières, du rationalisme et de la pensée universelle, et la gauche déconstructioniste dont chaque -isme porte le nom de tel ou tel groupe ou catégorie supposée opprimée de manière systémique.

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5 commentaires

zelectron 10 août 2021 - 7:59 am

La french theory, aux racines du venin de la déconstruction
On est loin, très loin du rêve de conquête des étoiles avec Courage, Amour de la vie et Intelligence, où peut-être il y a des planètes idylliques, sait-on jamais, c’est à dire tout le contraire des souhaits des destructeurs venimeux.

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Bernard GUILHON 10 août 2021 - 9:53 am

La french theory, aux racines du venin de la déconstruction
Texte confus, trop long et témoignant en fait d’une pensée désordonnée.
La réalité est beaucoup plus simple : Tous ces mouvements « modernistes » composant la French Théory ne sont que la resucée du bon vieux trotskisme historique. Qui se réduit à deux leviers : l’inversion des valeurs, base de toutes leurs « luttes sociales », quelle que soit leur dénomination « moderne ». Et l’agitation violente, le coup de pied dans la fourmilière, dont il ne peut sortir que du bien et dont l’existence se justifie donc par elle-même.

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Jacqueline 11 août 2021 - 6:33 am

La french theory, aux racines du venin de la déconstruction
Caroline de Haas ne manque pas d humour !!!!
Ou elle raisonne avec ses pieds

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Claude Courty 12 août 2021 - 5:06 am

La french theory, aux racines du venin de la déconstruction
N’est-il pas plus généralement à craindre que toutes les religions soient concernées ?

Au-delà d’une guerre religieuse aussi vieille que l’homme, toutes et en particulier celles du Livre dont le Christianisme, ont à répondre des ravages du dogme (sur)nataliste qu’elles ont instauré puis véhiculé obstinément, au point que la surpopulation humaine soit devenue la cause fondamentale des maux dont souffre notre planète et toutes les espèces qui la peuplent ; effets des caprices de la nature mis à part.

Tous les pouvoirs, du religieux au politique, en passant par le premier qu’a été le parental, ont usé de ce dogme pour développer jusqu’à la démesure le nombre de ceux sur lesquels ils se fondent et ont prospéré, au détriment de leur bien-être « ici et maintenant » ; avec l’aide d’un pouvoir scientifique y ayant ajouté la transgression de la loi de sélection naturelle.

C’est ainsi que la Vérité finissant toujours par sortir du puits, le nombre des athées et agnostiques, majoritaires dans la société humaine, grossit et grossira, avec sa part d’extrémistes répondant aux intégristes et fanatiques de toutes les religions.

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AlainD 12 août 2021 - 4:51 pm

La french theory, aux racines du venin de la déconstruction
Caroline de Haas n’aime probablement pas les hommes ce qui se voit assez bien. Pour ce qui est de la largeur des trottoirs (!) c’est peut être son cerveau qu’elle pourrait élargir…

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