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Le Venezuela serait-il en train de s’écarter du socialisme ?

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« Outil des riches », le marché boursier vénézuélien a toujours été tourné en dérision par l’ancien président Hugo Chavez. En réaction, les investisseurs internationaux s’en détournèrent d’autant que la monnaie perdait quasiment toute valeur durant les années de récession, la contraction de l’économie atteignant près de 80 % sur la période 2013 à 2020 Aujourd’hui, son successeur, Nicolas Maduro tente de relancer l’économie en tournant la page de l’ère Chavez.

Le président a pris comme symbole une institution longtemps malmenée par des années de politiques socialistes. « Le gouvernement a pris un virage à 180 degrés », a déclaré Gustavo Pulido, le patron de la Bourse de Caracas. En effet, le gouvernement a décidé de vendre une partie des participations de l’Etat dans les entreprises publiques en passant par la bourse. C’est une décision éminemment symbolique qui devrait permettre d’encourager les entreprises sur un marché plus libre et de relever une économie à terre. « Après une récession de sept ans, au milieu des sanctions américaines, l’économie vénézuélienne devrait croître de près de 8 % voire plus en 2022. L’hyperinflation a pris fin, la production de pétrole et l’activité économique ont augmenté, et l’offre de biens dans les magasins s’accroît » peut-on lire dans un article du GIS.

Une ouverture des entreprises publiques au marché boursier

Des progrès ont été faits, tel le renforcement du bolivar, qui ont permis une croissance modeste dans un pays qui avait vu la pauvreté et la faim exploser au cours des décennies de politiques socialistes. Sous peu, le gouvernement devrait ouvrir, à hauteur de 5%) le capital de Banco de Venezuela et celui de Cantv – le fournisseur national de téléphonie fixe et d’internet. La perspective d’une ouverture du capital des deux entreprises a suscité une réaction en bourse quasi immédiate : Cantv a vu son cours monter de 227 %, tandis que Banco de Venezuela gagnait 109 %, portant leurs valeurs marchandes respectives à 331 millions et 695 millions de dollars. Depuis le mois de mai, les valeurs des actions des deux entreprises publiques ont plus que doublé et le gouvernement, qui a besoin de lever des fonds, pourrait bien continuer dans cette voie. De fait, le président envisage une privatisation partielle similaire pour les entreprises du secteur pétrole-gaz-pétrochimie.

Vendre des actions changerait la donne pour ce secteur d’activité qui est aujourd’hui le plus important du Venezuela, selon Tamara Herrera, économiste et directrice du groupe de recherche vénézuélien Sintesis Financiera. Cela donnerait aux entreprises du secteur une plus grande indépendance à mesure que la participation du gouvernement diminue. Une modification de la loi vénézuélienne sera cependant nécessaire car la loi sur les hydrocarbures en vigueur stipule que les sociétés énergétiques doivent être détenues majoritairement par l’État puisque les ressources naturelles appartiennent aux citoyens. Il n’est pas certain que Maduro aille jusque-là… Si le gouvernement, à l’origine des premières ventes d’actifs, n’a pas publiquement justifié son plan, le président a déclaré que des capitaux étaient nécessaires pour développer des entreprises publiques et acquérir de nouvelles technologies.

Les premières ventes d’actions devraient susciter un intérêt limité, car elles seront libellées en bolivars et les investisseurs étrangers sont limités par les sanctions économiques américaines. Qui plus est, les données financières sur ces entreprises sont rares et rares sont également les analystes en mesure de conseiller quiconque envisage un investissement. Le gouvernement affirme que le prix des actions vendues sera déterminé par le marché, mais ces dernières années le marché boursier a surtout servi aux Vénézuéliens dont l’argent était bloqué dans le pays. Remarquons toutefois que ce projet de privatisation s’inscrit dans la continuité des politiques d’ouverture mises en œuvre ces dernières années, telles que l’autorisation des transactions en devises étrangères et l’assouplissement du contrôle des prix. Pourtant, le potentiel demeure limité du fait des sanctions qui continuent d’écarter les investisseurs américains de ce marché.

Une économie qui reste très fragile

L’économie vénézuélienne demeure en difficulté, son produit intérieur brut ne représentant toujours que le tiers de ce qu’il était lorsque Maduro a pris ses fonctions il y a neuf ans. « Des faiblesses économiques structurelles subsistent, y compris dans des secteurs clés tels que l’industrie manufacturière, l’agriculture et les services financiers. La nation est en proie à un chômage élevé et à la stagnation des salaires » nous prévient le GIS. Selon Transparency International et Ecoanalitica, environ 21 % du produit intérieur brut (PIB) du Venezuela en 2021 étaient illicites, y compris le trafic de stupéfiants, d’or et d’essence et la contrebande via les ports, et certains quartier de Caracas sont toujours déserts suite à l’émigration massive observée ces dernières années des travailleurs allant chercher de meilleures opportunités en Colombie, en Espagne ou aux États-Unis.

Pour Pulido, la vente d’actions annoncée est néanmoins un signe encourageant. Il s’attend à ce que davantage d’émissions d’actions suivent et pense que cela pourrait aider le Venezuela à consolider son économie. « C’est une première étape », a-t-il déclaré. « Le gouvernement doit assurer la sécurité juridique pour que ce plan réussisse. La bourse offre à la fois une sécurité juridique et opérationnelle. » L’article du GIS, lui, préfère conclure : « en bref, une reprise économique robuste n’est probablement pas à l’horizon, malgré des prévisions optimistes pour 2022 et 2023. »

Il importe, en effet, de toujours rester prudent quand on évoque le cas du Venezuela et surtout lorsque l’on présume de l’agenda du pouvoir en place. Y a-t-il une vraie volonté de libéraliser l’économie pas-à-pas ? Ou est-ce une façon pour le pouvoir de créer une oligarchie fidèle au pouvoir, comme en Russie ? Ne serait-ce pas seulement une ruse pour capter des devises étrangères ? Toujours est-il que la privatisation partielle d’une économie depuis trop longtemps malade du socialisme est à saluer. Gardons-nous cependant de crier victoire trop vite, Maduro reste un marxiste…

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4 commentaires

Obeguyx 6 octobre 2022 - 12:16

Afin de savoir si un pays se détourne du socialisme, il faut définir ce qu’est le socialisme. Par exemple, en France, tout ce qui à gauche de LR (LR compris) est socialiste avec, certes, des nuances nauséabondes, mais socialiste quand même. Alors pour ce qui concerne le Venezuela, je pense qu’ils ne sont pas sortis de l’auberge …

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Bernard GUILHON 6 octobre 2022 - 1:36

Le socialisme, c’est la prééminence du groupe sur l’individu. Son évolution obligatoire est la négation de l’individu, suivie de son interdiction. Son corollaire est la corruption, qui débouche inéluctablement sur la pénurie et le goulag.

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Zygomar 8 octobre 2022 - 2:53

L’intensité des dégats provoqués au sein des systèmes politiques par le socialisme sont proportionnels à la « quantité’ de « socialisme  » présent dans le système quel que soit le système et le-dit socialisme mène plus ou moins rapidement à l’autoritarisme puis à la « démocrature » puis à la dictature pour se terminer dans une débâcle catastrophique.

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Fanch 9 octobre 2022 - 7:48

Il ya de plus en de dérives socialistes chez LR.

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