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L’OTAN, une organisation de concurrence militaire

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Le 4 avril 1949, le traité de l’Atlantique Nord pose les bases d’une coopération dans le domaine militaire entre les Alliés. Les objectifs sont les suivants : « empêcher la montée du nationalisme militant et constituer le fondement de la sécurité collective qui favorisera la démocratisation et l’intégration politique de l’Europe ». Aujourd’hui, l’OTAN est une alliance de 31 pays souverains, ses effectifs sont de 145 000 hommes au total, avec une puissance de frappe de 25 000 hommes. Cette alliance implique une forme de concurrence entre les forces armées des pays membres : les armements de pointe, comme les chars Leopard 2, véhicules blindés de combat les plus puissants au monde, sont livrés dans le cadre de la guerre en Ukraine par exemple. De leur côté, les Russes ont fait le choix de l’étatisation. Un choix qu’ils paient cher à présent.

De la Bosnie-Herzégovine à l’Ukraine : l’envoi des armes les plus performantes

La mise en concurrence des armées de l’OTAN a permis de réaliser, avec succès, de nombreuses opérations militaires. La guerre de Bosnie-Herzégovine en 1992, qui opposait la République fédérale de Bosnie-Herzégovine aux nationalistes serbes et croates de Bosnie, a été la première grande opération de combat de l’OTAN. Dans le but d’éviter une extension du conflit dans les Balkans, plusieurs opérations ont été menées contre les chasseurs-bombardiers bosno-serbes (Deadeye, Deliberate Force, Joint Endeavour). Elles ont bénéficié d’un matériel de qualité fourni par différents membres de l’Organisation de défense. Les bombardements en 1995 ont ainsi mobilisé des avions de combat américains F16 et F18 qui provenaient de la base aérienne d’Aviano, dans le nord-est de l’Italie ; des porte-avions à propulsion nucléaire de l’US Navy (USS Theodore Roosevelt, USS America) ; des chasseurs-bombardiers français (Mirage 2000N) ; mais aussi des chars britanniques (Challenger 2). Ces opérations ont permis de déboucher sur les accords de Dayton la même année.

La guerre en Ukraine illustre là aussi les bénéfices de la concurrence dans l’industrie de l’armement. Du fait de l’invasion par la Russie, l’article 4 du traité sur la défense collective a été invoqué par des pays comme la Pologne, la Bulgarie ou la République tchèque dès février 2022. Il prévoit des consultations en cas de menace contre l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité d’un membre de l’OTAN. Les parties peuvent donc mettre en œuvre une stratégie de soutien militaire défensif. S’il n’y a pas d’intervention directe de l’OTAN, rien n’empêche les pays membres d’envoyer à l’Ukraine leurs équipements militaires les plus performants : missiles antichars américains (GM-148 Javelin, Stinger) et suédois (NLAW), obusiers allemands (RCH 155), britanniques (M777) et américains (M119), lance-roquettes Himars envoyés par les États-Unis, fusils d’assaut de type AK-47 fournis par la République tchèque, mortiers LMP-2017 envoyés par la Pologne, ou encore chars allemands (Leopard 2, Leopard 1A5) envoyés par le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne.

Quand la centralisation nuit à l’innovation : l’exemple de la Russie

À l’inverse, l’armée russe illustre les problèmes liés à une trop forte centralisation, déjà pointée du doigt dans les années 2000 par l’ancien ministre de la Défense, Sergei Ivanov, selon lequel 70 % du budget militaire était alloué aux troupes et aux bureaucrates. La Russie a vendu ses dernières armes de l’ère soviétique et a progressivement perdu la puissance de son complexe militaro-industriel, les grandes industries ayant soit fait faillite, soit s’étant reconverties à l’exportation. En 2005, les dépenses en R&D de la Russie étaient 30 à 50 fois inférieures à celles des États-Unis, et 10 fois inférieures à celles des pays de l’OTAN. La Russie a multiplié les abandons de ses programmes d’armement depuis la fin de la Guerre froide. Ce fut le cas du programme 2007-2015, dont l’objectif était de remplacer 9 à 11 % de son armement, mais aussi du programme d’acquisition pour la période 2010-2020, dont l’objectif était d’augmenter les dépenses militaires de 11 % et de renouveler 70 % de l’équipement opérationnel et logistique militaire terrestre.

Ce retard majeur s’est amplifié avec la guerre en Ukraine. Contrainte de ressortir de vieux chars soviétiques T-54 et T-55, la Russie est également freinée par les sanctions occidentales sur les puces électroniques et les semi-conducteurs, fabriqués majoritairement aux États-Unis, en Europe, à Taïwan et au Japon. Cette dépendance russe à l’innovation occidentale ne date pas d’hier : les équipements militaires soviétiques, en particulier les semi-conducteurs, utilisaient déjà à l’époque de la guerre froide des copies de puces américaines. Pour tenter de combler ses lacunes, la Russie n’a eu d’autre choix que de conclure des accords avec des pays industrialisés : achat de drones auprès d’Israël, tentative d’achat de porte-hélicoptères français Mistral, acquisition de blindés Lynx auprès du constructeur italien Iveco, etc. Mais cela ne permet pas à Moscou de compenser le retard. L’espion et la diplomatie ne sauraient remplacer l’entrepreneur et la dynamique innovante des marchés.

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9 commentaires

Geneste 2 juin 2023 - 10:10

Je suis ébahi par un tel texte écrit par une juriste alors qu’il s’agit d’armements et de capacités techniques! Ouvrez les yeux! Les missiles hypersoniques russes, l’électronique anti drones, les drones russes, la « DCA » russe, etc. Presque 100% de supériorité sur les engins de l’OTAN! Et c’est l’ancien directeur scientifique du groupe EADS qui vous l’écrit. De grace, restez dans vos domaines de compétence !

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Nicolas Lecaussin 2 juin 2023 - 12:01

Personne – à part la Pravda – n’avait pas vraiment remarqué la « supériorité » des engins russes. Au contraire. Ces engins, y compris la soi-disant missile hypersonique, se font descendre et détruire par centaines… D’ailleurs, on ne connaît pas beaucoup de produits innovants russes… Ils sont peut-être réservés aux oligarques russes qui préfèrent envoyer leurs enfants dans les universités occidentales ?
NL

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Jean-François Geneste 2 juin 2023 - 6:15

Ah bon? La destruction des Patriots, l’inefficacité des HIMARS et des JDAM, l’échec patent des Storm Shadow. Tout y est ou presque. Il ne reste plus qu’à attendre la déconfiture des F16, car jamais l’OTAN n’osera engager ses F35 qui, d’ailleurs, ne tiendraient pas 5 minutes contre un rafale.
Pas de produits innovants russes? Mais les missiles hypersoniques en font partie alors même que les Américains en particulier et l’Occident en général, n’arrivent pas à les faire. Citons aussi et dans un autre domaine, le premier vaccin à ADN recombinant contre le Covid qui a été russe. Etc.
Votre mauvaise foi vous perd. Par ailleurs, il se trouve que j’ai été professeur d’université à Moscou. Une partie des oligarques sont pro occidentaux et effectivement envoient leurs enfants aux USA. Mais bien d’autres ne sont pas de cette trempe et forment leurs enfants dans le système russe. Bien leur en prend, car le niveau y est sans commune mesure par rapport à celui qui règne chez nous.

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Nicolas Lecaussin 3 juin 2023 - 7:04

Mais vous êtes aveugle ! Même les Russes reconnaissent que la situation est catastrophique ! Une armée qui a besoin de plus de 9 mois pour occuper, pardon, détruire, une ville de la taille d’Antony de la banlieue parisienne !!! Plus poutiniste que Poutine !

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AB 15 juin 2023 - 3:57

Il y a une confusion sur les événements en début d’article. La guerre de Yougoslavie 1992-1995 qui se termine par les accords de Dayton concerne les armées serbes, croates, bosniaque et groupes séparatistes serbes de bosnie. La guerre du Kosovo 1998-1999 concerne l’affrontement Serbie vs UCK dans la région du Kosovo et se termine avec la campagne de bombardements de l’OTAN qui entraîne la chute du régime de Milosevic.

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Élodie Messéant 20 juin 2023 - 2:43

Je vous remercie, c’est corrigé

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Picot 2 juin 2023 - 1:19

Désolé, Mr Lecaussin, mettez vous au courant. Personne n’est capable d’intercepter les missiles hypersoniques Russes (utilisant la MHD mise au point par le Français Jean Pierre Petit), pas plus que leur torpille Poséidon. Ils ont, par ailleurs, une avance considérable dans le domaine du brouillage électronique, et l’OTAN est parfaitement dépassé, ne serait ce que dans ces deux domaines. Dire que des hypersoniques Russes ont été abattus est une fable.

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Nicolas Lecaussin 2 juin 2023 - 1:26

Décidément, il existe encore des personnes qui croient aux balivernes des Russes comme ils croyaient aux balivernes des Soviétiques !

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Albatros 5 juin 2023 - 3:57

Bonjour. On comprend maintenant la supériorité mondiale écrasante de l’EADS dans le domaine spatial. Merci Monsieur.

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