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L’hôpital public, un trésor national ?

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Gabriel Attal a annoncé un investissement de 32 milliards d’euros sur les cinq prochaines années pour l’hôpital public – un rattrapage de « décennies de sous-investissement » selon le Premier ministre. Les dysfonctionnements du système de santé s’accumulent ces dernières années, la pandémie du Covid-19 ayant été le point culminant : manque de lits, de personnel soignants, incapacité de certains hôpitaux à prendre en charge les patients en urgence… Et les causes restent toujours mal identifiées. Quand certains accusent des politiques d’austérité entraînant la fermeture de lits au nom d’une rationalité économique, d’autres s’insurgent contre une prétendue libéralisation qui saccage l’hôpital public.

L’hôpital n’a jamais cessé d’être sous la tutelle de l’Etat. En 2007, le Plan hôpital 2007 prévoyait six milliards d’euros d’investissement sur cinq ans. En 2012, ce sont 10 milliards d’euros qui ont été mobilisés dans le Plan hôpital 2012. En 2022, on compte 1,5 milliards d’euros dans le cadre du plan « Investir pour l’hôpital ». Les rallonges budgétaires peinent à éponger une dette structurelle : le déficit de l’hôpital public s’élevait à 1,3 milliard d’euros en 2022 – plus de deux fois celui avant la crise sanitaire.

La France fait partie des pays d’Europe où les dépenses de santé sont les plus élevées, derrière des pays comme l’Allemagne. Est-ce à dire qu’elle ne dépense pas suffisamment ? Certes, la densité de lits d’hôpitaux en 2021 est plus élevée en Allemagne qu’en France (7,8 contre 5,7 pour 1000 habitants). Mais lorsque l’on s’intéresse à d’autres pays, on constate que certains, comme la Corée et le Japon, battent le record avec respectivement 12,8 et 12,6 lits pour 1000 habitants. Ces deux pays sont pourtant loin d’être des exemples de systèmes étatisés : 94 % des hôpitaux en Corée du Sud relèvent du secteur privé. Un chiffre qui s’élève à 80 % des établissements au Japon. Leurs dépenses de santé par habitant sont proches de la moyenne de l’OCDE, et bien inférieures à celles de l’Allemagne ou de la France.

Le problème majeur auquel notre système de santé est confronté n’est pas financier : il est d’ordre bureaucratique. L’étatisme et la redistribution sont au cœur de la doctrine qui anime les gouvernements successifs, sans que cela ne profite aux praticiens et au personnel soignant. Ces derniers croulent sous les tâches administratives : certains centres hospitaliers, comme le CHRU de Nancy, ont évalué que ces tâches occupaient près de 30 % d’une journée de travail des médecins. Quant aux emplois hospitaliers, 35,22 % ne seraient ni médicaux ni paramédicaux en France selon l’OCDE, contre 24,3 % en Allemagne. Entre le directeur d’hôpital et l’infirmière, la liste est longue : adjoint administratif hospitalier, secrétaire hospitalier, adjoint de cadre administratif, attaché d’administration hospitalier, agent administratif… Le fardeau bureaucratique dilapide les caisses de l’Etat dans des postes n’ayant pas grand chose à voir avec la pratique médicale : c’est le constat de l’IREF et de nombreux autres observateurs, à commencer par Frédéric Valletoux, député et ancien président de la fédération des hôpitaux français (FHF).

Les esprits férus de théorie politique n’auront aucune difficulté à comprendre que la classe dirigeante n’a aucun intérêt à remettre en cause l’existence même de la bureaucratie. Son expansion tentaculaire justifie toujours plus d’interventions, de hausses budgétaires, et de redistributions dans la poche d’agents n’ayant aucune incitation économique à la productivité. Le nouveau plan d’investissement du Premier ministre en est la dernière illustration.

Cette situation n’est pas une fatalité : il existe un certain nombre de leviers de croissance longuement développés par l’IREF, comme la réorganisation des ressources humaines, l’amélioration de la comptabilité, ou le développement de l’embauche privée. Sans une réforme structurelle de l’hôpital public qui implique de donner plus d’autonomie et de liberté financière aux établissements de santé publique, le personnel hospitalier continuera de manifester pour des revalorisations salariales, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail. Les syndicats d’obédience marxiste, qui gangrènent l’hôpital public, continueront de pointer du doigt une rationalisation inexistante des dépenses et des ressources. Les patients, quant à eux, paieront le prix fort de l’enfermement idéologique qui tue notre système de santé, et contribue à faire de la France une exception culturelle de moins en moins enviée par le monde.

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9 commentaires

DEL 22 février 2024 - 8:12

Comme dans tous les domaines, les bonnes mesures ne sont pas à l’ordre du jour …

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JANDEL 22 février 2024 - 9:39

La bureaucratie n’ait pas l’apanage du système de santé français.
Elle est présente dans toute l’administration française : social, fiscal, collectivités locales départementales et régionales…
Beaucoup d’économie en perspectives.
Si l’administration arrivait à se réformer, tout le déficit de l’état français serait résorbé. On peut toujours réver !!!

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Laurent46 22 février 2024 - 12:44

Nouvelles d’hier qui va faire des émules si ce n’est pas déjà fait, une agglomération annonce l’achat de véhicules pour ses cadres afin de les motiver a venir au travail ! alors qu’ils sont toujours bien en-dessous des 35 h
et faites le compte de tout ce qui vie sur le dos de l’argent public, c’est aujourd’hui plus de la moitié de la population qui tous n’ont aucun intérêt a ce que les choses changes au contraire il en sort des millers des écoles toutes les années à la recherche des postes de glandeur professionnel. La France est en vacance tous les 2 mois avec plus de 30 jours de RTT devenus un droit et des arrêts maladie à la pelle. Cela ne changera jamais ils sont trop nombreux.

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Christine 22 février 2024 - 12:33

Bureaucratie dévorante, certes, mais aussi le fait de soigner toujours plus de monde.
Sur Youtube Radio Maudin, vidéo intitulée « il témoigne des conséquences de l’immigration massive à l’hôpital », le médecin raconte anonymement que l’hôpital prend sur ses deniers pour fournir des traitements hors de prix à des gens aux pathologies lourdes qui viennent en France se faire soigner gratuitement.
Et pendant ce temps, dans ce même hôpital, le personnel soignant travaille dans des locaux insalubres et non chauffés
Pire, ils prennent la place de patients qui sont sur liste d’attente pour certains soins ou greffes

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Laurent46 22 février 2024 - 12:36

Il va les trouver ou ses 32 milliards alors que la pays recherche 10 milliards d’économie et que Macron dépense à tout va en hommages en grandes pompes, distributions d’argent gratuit au monde entier, mafieux si possible, déplacements fastueux et pharaoniques sans limites pour les JO
Attendez de voir la note en fin d’année.

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Huret Dominique 22 février 2024 - 8:32

Oui tout à fait d’accord. Il faut supprimer le statut des fonctionnaires hospitalier et mettre les hôpitaux sous le statut privé à caractère non lucratif avec une direction et un conseil d’administration autonome et responsable sous le statut social de droit commun.
Même chose pour l’éducation.

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VEDUN 23 février 2024 - 1:57

Sur quoi vont-il rogner. Il n’ont plus aucune visibilité passé 2 jours. Tout l’argent sera consacré à la guerre perdue d’avance qui nous réduira bientôt aux années 90 en terme de consommation d’énergie (cf solution à l’article d’hier) ; c’était encore le bon temps. La France fait partie des pays d’Europe .. dans lequel on nomme les pires crétins à tous les postes clefs comme en 40.

Avant d’agir en communiste dont on ne sait même pas quelle était vraiment la définition qu’il lui donnait, il a agit en patriote. Et quand on fait le bilan aujourd’hui on ne peut que se dire qu’il aurait mieux fait de rester planqué.

Au sujet de la dégradation, il n’y a que le péquin de base qui ne l’a pas compris ; tous les économistes en ont certainement conscience.

Et les JO seront un bide monté en épingle comme d’habitude.

Et le pire c’est que vous n’avez pas compris que ce n’est pas le régime qui a ruiné la France qui la relèvera.

Bien à vous

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Guy-André Pelouze 23 février 2024 - 5:21

Dissipons des illusions.
Il est illusoire de vouloir réformer une administration. Elle demeure une administration et de ce fait est très inadaptée à la production de soins.
Les hôpitaux français sont handicapés par ce statut qui en induit d’autres en cascade, le statut du personnel, l’inexcusable déficit chronique de certains établissements abondé par les milliards de sparadraps des gouvernements de toute obédience et l’opacité budgétaire.
Le résultat est que l’hôpital coûte plus cher que le privé associatif ou commercial pour des prestations identiques et présente une hypertrophie de sa masse salariale dont on connaît les causes.
Il faut libérer l’hôpital public par la reconnaissance de ce qu’il est: une entreprise de production de soins dotée de moyens de très haute technologie et d’une personnel soignant hautement qualifié. Une société anonyme où les acteurs publics sont majoritaires est de loin la structure la plus efficace. Pour les patients et pour les finances publiques.
Mais tout se tient, le monopole syndicalo-étatique de la sécu n’aide pas les hôpitaux en leur accordant des tarifs supérieurs à ceux du privé. Un assureur soucieux des deniers des patients ne se livrerait pas à une telle rupture d’égalité.
La meilleure chance de s’adapter et de retrouver non pas une rentabilité mais un équilibre budgétaire est, pour les hôpitaux en déficit, de gérer leur avenir et non de le subir. Pour cela il faut un changement profond à l’instar de ce qui a été décidé dans d’autres pays européens depuis des décennies.

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Albatros 26 février 2024 - 6:25

Bonsoir.
J’aimerais bien voir rappelé quelque part que le Directeur Général de l’Organisation des Soins au ministère de la santé fut longtemps Jean Castex, à l’origine de la brillante politique de gestion des hôpitaux publics. Il fut l’homme qui a organisé le bordel dans la santé publique que notre président a eu le génie d’appeler pour gérer la situation dont il était responsable à l’origine.
Quelqu’un a dit qu’on ne peut pas résoudre un problème avec le mode de pensée qui a créé ledit problème.

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