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Quand la gauche n’attire plus la jeunesse occidentale

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La jeunesse a souvent été associée à la gauche radicale. On se souvient de mai 68 et il n’est pas rare de voir des organisations estudiantines à l’avant-garde de mouvements socialistes et communistes. Certains commentateurs signalent même, aux Etats-Unis, une tendance des nouvelles générations à rester à gauche en vieillissant (alors que les précédentes se « droitisaient » plutôt avec l’âge). Pourtant les récentes élections et sondages en Occident montrent que la situation évolue : la jeunesse se tourne vers la droite radicale.

La droite radicale populaire chez les jeunes

Les dernières élections législatives aux Pays-Bas ont donné la victoire au Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders. Comme le fait remarquer le journal britannique The Guardian (pro-travailliste et progressiste) : « Si tous les électeurs avaient été âgés de moins de 35 ans, Geert Wilders aurait obtenu encore plus de voix. » En effet, la proportion des jeunes de 18-34 ans dans les résultats du PVV est passée de 7% aux précédentes élections à 17%. Selon le journal néerlandais NRC, ce parti a su mieux séduire la jeunesse que ne l’ont fait ses concurrents.

Le même scénario s’est déroulé en Suède avec les démocrates suédois (assimilés à une droite radicale). Ce tournant à droite s’opère même chez certains jeunes avant leur majorité. Des élections fictives ont été conduites à des fins d’éducation civique dans des écoles auprès d’élèves âgés de 13 à 18 ans : 20,87% d’entre eux ont voté pour les démocrates, et 27,09 % pour le parti modéré (centre droit) alors qu’au niveau national ces chiffres sont respectivement 17,53% et 19,10 %.

Ce tournant « à droite toute » n’est pas propre à l’Europe. En Argentine, c’est la jeunesse qui aurait permis la victoire de Javier Milei et de son parti La Libertad Avanza : chez les  16-29 ans, le soutien au candidat (désormais président) libertarien était de 49%. Plus surprenant est le cas des Etats-Unis,  où les statistiques font état d’un changement de mentalité. Selon le Center for Information & Research on Civic Learning and Engagement, 63% des 18-29 ans soutenaient les démocrates en 2022. En décembre 2023 cependant, un sondage du New York Times montrait que 49% de la population de cette tranche d’âge voterait Donald Trump, contre 43% pour Joe Biden. Il sera intéressant de voir si ces chiffres se confirment en novembre 2024. Dans tous les cas, la tendance politique de la jeunesse américaine n’est plus aussi claire qu’il y a quelques années.

Quant à la France, les derniers sondages pour les élections européennes montrent que si le RN est globalement le parti le plus populaire dans toutes les tranches d’âge de moins de 65 ans, son succès est mitigé chez les moins de 35 ans : entre 25 et 29% pour lui et 8% pour la liste de la majorité – laquelle, ajoutée à toutes les listes de gauche, parviendrait chez eux à un score proche de 50%. Il semblerait donc que les jeunes Français fassent de la résistance.

Un rejet de la politique actuelle

N’en concluons pas pour autant que ce tournant à droite est synonyme d’adhésion aux idées libérales. Plusieurs des partis de la droite radicale y sont opposés, particulièrement sur les questions économiques. Le Rassemblement National reste un parti protectionniste, partisan d’un interventionnisme d’Etat et si, aux USA, Donald Trump est effectivement favorable à des baisses d’impôts, il reste hostile au libre-échange. Ce qu’il faut voir dans ce vote de la jeunesse est surtout un rejet des politiques actuelles menées par beaucoup de gouvernements. L’interventionnisme des Etats s’est accru ces dernières années. Les politiques l‘ont défendu pour prétendument aider les populations, mais ces votes prouvent qu’il a eu l’effet inverse. Comme le rapporte l’article du Guardian, ce sont les questions sécuritaires et économiques qui poussent les jeunes vers la droite radicale.

En voulant intervenir dans un nombre toujours plus important de domaines, les politiques ont affaibli les fonctions régaliennes (en priorité, garantir la sécurité et la justice) sans réussir à assurer des services efficaces dans d’autres domaines clés comme la santé. En outre l’absence de tout raisonnement économique chez des politiciens toujours partisans de plus d’interventionnisme a abouti à une augmentation de la précarité.

La perte de confiance d’une jeunesse jadis acquise aux idées socialistes montre à quel point est grand l’échec de ces politiques. La question qui se pose désormais est : les libéraux arriveront-ils à proposer des solutions capables de la séduire ? Ou laisseront-ils les populistes capter leurs votes?

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4 commentaires

Duhamel les syndicats n'ont jamais créé des emplois ,ils en ont au contraire détruit .Surtout les syndicats français qui n'ont pas encore compris qu'une entreprise c'est comme un bateau , sauver le bateau c'est sauver les marins , 22 février 2024 - 10:42

Étudiants ils sont pauvres et vilipendent les riches bourgeois qui sont d’anciens étudiants !!!!!! Et qu’ils deviendront 20 ans plus tard quand ,sortis des grandes écoles ,ils pratiqueront un métier très valorisant et très enrichissant et la ,ils ne seront plus deGauche , normal pour un chirurgien , un trader , un notaire , un ingénieur etc……….

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Robert 22 février 2024 - 11:52

Le RN n’est qu’un ersatz de PS avec en plus un caractère identitaire plus ou moins affirmé. Rien de plus, rien de moins. Il faut arrêter de considérer le RN comme un parti de droite, c’est fondamentalement un parti de gauche. Il suffit de lire son programme économique en particulier, sans parler de son programme social.

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Robert 22 février 2024 - 11:58

« Et qu’ils deviendront 20 ans plus tard quand ,sortis des grandes écoles… » La plupart d’entre eux ne sortiront pas des grandes écoles, étant donné qu’ils n’y seront pas rentrés. Ils seront ni notaire, ni chirurgien, ni ingénieur, mais plutôt OS ou smicard dans les services à la personne et plus probablement au RSA vautré dans un canapé face à Netflix.

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maujo 25 février 2024 - 9:01

j’ai en mémoire, une video de Louis Boyard, LFI, dit loulou la cam , qui visite les facultés de nos universités où il n’est jamais interdit, il est reçu avec bienveillance et débite ses discours dans les amphithéâtres remplis d’etudiants, professeurs à l’écoute, qui l’applaudissent même comme une star . Non cette gauche la n’est par morte.

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