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Le retour des temps barbares

Thierry Wolton

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La guerre en Ukraine ? On aurait pu l’éviter. Si l’on avait voulu comprendre la vraie nature du régime de Poutine. Au lieu de cela, les Occidentaux ont déroulé le tapis rouge à ce dernier, l’ont reçu comme un grand homme d’Etat au château de Versailles, et même comme un bon ami au fort de Brégançon. Ils ont préféré s’aveugler. Poutine, lui, y a vu un feu vert. C’est ce que démontre Thierry Wolton avec des arguments irréfutables. Il faut d’abord rappeler qu’il a publié un livre en 2009 intitulé Le KGB au pouvoir. Le système Poutine. Tous les responsables politiques auraient dû le lire pour savoir qui est Poutine. Aujourd’hui, c’est trop tard. Sidérés par l’invasion de l’Ukraine il y a exactement deux ans, les mêmes décideurs occidentaux ont alors choisi de couper les liens avec le Kremlin et d’aider, au compte-gouttes, le peuple ukrainien. Mais le mal est fait alors que les signes avant-coureurs étaient anciens. Wolton revient sur les événements qui ont suivi la chute du communisme et de l’URSS. Il rappelle que les Occidentaux avaient peur de tous ces bouleversements et tentaient même de freiner l’écroulement du marxisme. Ils ont d’abord soutenu Gorbatchev qui voulait réformer ce qu’on ne peut pas réformer, le communisme ; ils se sont opposés à la réunification allemande et ont regardé avec une grande inquiétude la fin de l’URSS. Le procès du communisme n’a pas eu lieu et nombreux ont été les anciens bourreaux qui ont accédé à des postes de pouvoir dans l’appareil d’Etat et se sont beaucoup enrichis. Nous avons prêté attention aux réformes économiques sans nous soucier des réformes politiques. La transition économique et démocratiques ratée – malgré certaines libertés accordées au peuple russe –  de Boris Eltsine en Russie a créé les conditions de l’accession de Poutine au Kremlin. Il arrive comme l’homme fort qui, avec l’aide des siloviki (ses agents), s’engage à remettre de l’ordre dans un pays au bord du chaos. « Cet aveuglement, écrit Wolton, n’est pas sans rappeler celui qui a longtemps servi de paravent au communisme, au prétexte de putatifs   » jours meilleurs ».

Poutine promet en effet une autre Russie bien meilleure que celle d’avant. Pourtant, le sang coule dès le début de son règne. L’une de ses premières mesures a été de restaurer la tradition soviétique du « jour du tchékiste » en réhabilitant une institution coupable de millions de morts et de déportés. Il assume le passé criminel de l’URSS comme on a pu le voir ces dernières années, faisant souvent l’éloge de Staline, son modèle. Un mois après son entrée en fonction, en août 1999, une série d’attentats contre des immeubles d’habitation font presque 300 morts. On désigne rapidement les islamistes tchétchènes alors qu’il s’avérera que les commanditaires étaient proches du FSB, le service fédéral de renseignement. Un bon prétexte pour mener une guerre en Tchétchénie après l’humiliation subie par l’armée russe sous Eltsine. La popularité de Poutine grimpe en flèche et la Russie « amorce sa marche vers une guerre permanente qui va finir par entraîner le monde, deux décennies plus tard, dans un conflit colonial d’un autre âge, contre l’Ukraine cette fois, avec ses multiples répliques. »

Sur le plan interne, son emprise est de plus en plus forte. En quelques mois, 83 % des procureurs et 70 % des directions régionales de la police et du FSB sont remplacés par des hommes fidèles. Les grandes entreprises comme Gazprom qui rapportent beaucoup d’argent deviennent la propriété des oligarques fidèles à Poutine, comme l’a bien montré Navalny. En 2003, Grozny, la capitale de la Tchétchénie, est considérée comme « la ville la plus détruite sur terre ». Poutine défait les Tchétchènes au prix d’environ 300 000 victimes, essentiellement des civils, et instaure un régime islamiste dirigé par un fidèle laquais, Kadyrov. S’ensuivent la Géorgie en 2008 où la Russie occupe 20 % du territoire et déjà l’Ukraine, en 2014. Ces invasions laissaient clairement présager que Poutine n’allait pas s’arrêter là. Pourtant, au lieu de protéger les pays voisins menacés, on a choisi d’acheter les hydrocarbures russes et de faire du business avec la Russie. Dans l’espoir d’amadouer la bête. Pour nous remercier, Poutine a envahi l’Ukraine une nouvelle fois en février 2022.

Thierry Wolton connaît très bien les dictatures et la manière dont elles fonctionnent. Il sait, et en avertit lecteur, que cette histoire n’est pas finie. L’Axe Russie, Chine, Iran Corée du Nord veut la fin des démocraties. En réalité, Poutine, comme Xi Jinping, ne supporte pas que ses voisins proches se démocratisent et choisissent le camp occidental. Pour lui, c’est une trahison et une menace pour son propre régime. Maintenant, qu’on n’a plus la moindre illusion sur lui, faisons en sorte qu’il ne fasse plus de mal à personne. Ce livre vous enrichira considérablement. NL

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2 commentaires

philippe 24 février 2024 - 2:30

dommage que l’on ne puisse pas reprendre certains articles sur contrepoints, car régulièrement les articles critiques sur poutine sont contestés par des poutinophiles avec des arguments sur la corruption en ukraine, etc et d’autres qui n’ont pour seul objectif que de troubler le lecteur et l’amener à douter de la vraie nature de cet homme et de son régime. la prochaine guerre aura lieu ce n’est qu’une question de temps contre les forces du mal que vous désignez. je n’ai pas encore lu la partie consacrée par alain besançon à la russie dans son recueil « contagions » mais l’explication tient en grande partie dans le catholicisme orthodoxe…

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Nicolas Lecaussin 25 février 2024 - 9:19

Dans Contrepoints, il y a des articles très bons sur la Russie de Poutine. Comme diable l’Ukraine aurait-elle tenue deux ans si elle avait été juste un pays corrompu ??

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