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Notes de retour d’Ukraine

Si nous pensons que cette guerre ne nous concerne pas, nous faisons une erreur cruciale.

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Avec son accord, nous publions ci-après les notes de David Lisnard, président de l’Association des Maires de France, au retour de son troisième voyage en Ukraine pour y soutenir les communes ravagées par la guerre. Il nous livre la réalité du terrain et nous invite à plus et mieux aider l’Ukraine à gagner cette guerre pour défendre nos valeurs et éviter que la guerre ne gagne l’Europe.

Notes de retour d’Ukraine, notamment de la région Est dont le Donbass.  C’est mon troisième déplacement dans le pays depuis le début de la guerre (contrôle de l’arrivée des aides humanitaires, liens avec les maires, préparation de l’après au mieux de nos intérêts, observation de la situation pour avoir une approche concrète et vérifiée des choses).

Deux préalables :

  1. s’intéresser à la situation du monde, ce n’est pas se désintéresser de qui se passe devant chez soi. Ne pas défendre nos intérêts géopolitiques ne rend pas mieux portants les sdf et tous ceux qui affrontent les difficultés en France. Au contraire. Et parfois vouloir ne pas faire l’effort international coûte plus cher à la fin…
  2. merci et bravo à mon accompagnateur (« fixeur ») pour ces presque trois jours d’immersion parfaitement préparés et exécutés, à deux donc, sur la ligne de front (où les Russes progressent à nouveau).

Quelles que soient les analyses des uns ou des autres, il y a des vérités solides comme les faits. Celle du plaisir amical et de l’émotion de revoir des maires courageux, chaque jour au côté des familles endeuillées, des soldats amputés, d’habitants dont certains ont tout perdu. Félicitations Andriy de parvenir à faire de Unbroken bien plus qu’un hôpital, un écosystème médical concret et innovant pour réparer le corps et la tête des victimes de guerre, déjà sur 200 000 m2. En si peu de temps, dans de telles conditions et avec une telle qualité de soins. Et cette cérémonie des lumières en hommages aux morts, était un moment si fort de sa sobriété et de l’émotion des familles. Félicitations Volodymyr pour ton énergie jamais démentie pour maintenir coûte que coûte un lien utile entre ta commune et le front, avec une pensée particulière pour les braves de la 42ème brigade mécanisée avec qui nous avons partagé des moments puissants, eux qui sont dans la réalité dramatique du combat. Félicitations et merci de vos attentions, vous forcez le respect. Comptez mes chers collègues sur mon soutien constant à vous comme aux populations impactées – et, dans certaines zones, martyrisées, car cela aussi c’est une vérité.

Vérité que la guerre est toujours laide, qu’elle est une réalité de sang, de métal et de souffrance pour ceux qui la vivent et non la commentent derrière des écrans, jusqu’à entendre certains « spécialistes » sur des chaînes d’info continue dire qu’il faut attaquer aujourd’hui jusqu’à Moscou ; avec quels moyens, quels risques, pour quels objectifs de guerre ? Définir des objectifs de guerre, ce n’est pas prendre les désirs pour des réalités.

La vérité aussi d’un pays, l’Ukraine, qui se bat pour sa souveraineté – ce qu’étrangement oublient certains pseudo pacifistes ou surtout admirateurs français d’une Russie poutinienne fantasmée et exonérée du prix de ses crimes et qui se disent souverainistes chez nous, la vérité  d’un peuple qui veut vivre libre et en sécurité, avec un courage inouï, une résistance militaire et civique admirable qui a surpris tous les meilleurs observateurs dès les premiers jours, et dont le soutien occidental ne doit pas masquer la force étonnante dans une guerre ultra violente qui dure depuis deux ans.

Vérité d’un peuple cinq fois moins nombreux que son agresseur et dont les soldats manquent d’armes et de munitions malgré les livraisons américaines et européennes, face à une armée qui était décrite comme la deuxième la plus puissante du monde.

Vérité d’une situation difficile et douloureuse – et comme toute guerre avec sa part d’absurdité – qui ne peut faire aspirer qu’à la paix. Vérité que cette paix ne doit se faire que dans le respect des intérêts fondamentaux non seulement de l’Ukraine mais à travers cela de notre pays, la France, et des démocraties.

Vérité qu’essaient de masquer ceux qui, d’une façon ou d’une autre, reprennent la propagande de Poutine (y compris dans un autre registre sur la mort de Navalny !) et œuvrent par leurs discours à la victoire de la Russie, hélas tombée dans un régime meurtrier et dont le chef ne cesse de nous traiter de faibles et de dégénérés. Si nous cédons, c’est que nous le sommes vraiment ; ce que ne manqueront pas d’observer tous ceux qui attendent patiemment de nous attaquer ou soumettre, depuis l’axe de circonstances (donc provisoire, mais le provisoire peut durer un temps suffisamment long pour générer des tragédies mondiales) Russie-Iran-Chine (et Turquie ?) ou à travers l’internationale de l’islamisme radical. La vérité est donc qu’il est temps de passer des discours aux actes en termes d’armement, qu’il est plus que temps de passer réellement en économie de guerre.

La vérité est que ce n’est pas par posture morale qu’il nous faut contribuer à un rapport de force favorable à l’Ukraine pour parvenir à la paix la plus favorable possible à ses positions, mais par intérêt, l’intérêt de notre nation française, l’intérêt de notre civilisation européenne, l’intérêt de défendre la liberté et nos capacités géopolitiques, donc sécuritaires, économiques et culturelles.

Alors sachons nous aguerrir, préparer nos enfants au monde qui nous attend, le plus porteur de prospérité, de progrès et d’intégrité pour ceux qui en feront l’effort. Pour les autres, le réveil sera sous les coups de bottes. Noires, rouges ou vertes, dans la nuit elles se ressemblent. N’abandonnons pas notre pays et nos descendants à notre fatigue morale, nos lâchetés et notre égoïsme social. Si nous pensons que cette guerre ne nous concerne pas, nous faisons une erreur cruciale. Si vous ne vous intéressez pas à cette guerre, la guerre s’intéressera à vous.

L’espoir est un combat.

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