Le terrible conflit qui oppose l’État d’Israël aux terroristes du Hamas et du Hezbollah conduit les uns et les autres à prendre position, ici en faveur de la cause palestinienne, là en faveur de l’État hébreu. Dans une démocratie libérale, de tels élans de solidarité doivent être acceptés tant qu’ils restent non-violents. Ils sont, en un certain sens, naturels – ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas, sans doute d’un côté comme de l’autre, des individus qui organisent l’expression et la diffusion de ces opinions.
Si rien n’interdit aux individus, plus ou moins bien informés et parfois manipulés, d’exprimer leurs opinions, voire d’agir en conséquence – en allant combattre par exemple au côté des défenseurs de la cause qui a leur faveur, en envoyant de l’argent ou encore en boycottant les produits du camp considéré comme ennemi – il en va autrement des institutions, surtout lorsqu’elles sont publiques.
La prise de position d’un chef d’État ou d’un gouvernement engage tous les citoyens et, paramètre essentiel, pourra s’appuyer sur un pouvoir coercitif fort. L’État peut, entres autres chose, envoyer « les enfants de la patrie » au combat. Pour cette raison, les chefs d’État et de gouvernement se doivent de montrer une grande prudence. Prudence ne voulant pas dire toutefois lâcheté : ils peuvent faire preuve de fermeté, mais cette fermeté doit être mûrement réfléchie.
La liberté est malmenée dans les universités secouées par les conflits
Parce qu’elles sont des fabriques d’idées et des réservoirs de connaissances, les universités se retrouvent souvent, parfois malgré elles, au cœur de ces débats. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, les « comités de soutien à la Palestine » ont été particulièrement actifs. Au printemps dernier ils ont fait la une des médias en occupant les campus de l’université de Columbia et de la New York University. Sur le vieux continent, de pareilles manifestations ont eu lieu, conduisant dans certains cas – nous pensons par exemple à l’université de Gent en Belgique – les directeurs d’établissement à cesser temporairement toute collaboration avec des institutions israéliennes. En France, depuis quelques mois, de semblables pressions s’exercent sur les chefs d’établissement et sur le ministère de l’Éducation nationale.
La communauté scientifique universitaire est elle-même plutôt prudente pour des raisons liées au métier de scientifique et à la nature de cette institution. L’université se veut un lieu de discussion, d’ouverture, d’exploration. Pour cela elle cultive, ou devrait cultiver, la pluralité des opinions. Tel est le message fort que nous a envoyé Michael Polanyi dans son ouvrage magistral, La logique de la liberté. Le philosophe et scientifique hongrois insiste : la science doit être polycentrique pour vivre et avancer, elle ne saurait suivre des directives imposées par « la tête ». Ajoutons qu’un universitaire parcourt souvent le monde pour assister à des congrès et conférences. Il y a de fortes chances pour qu’il ait dans sa carrière sympathisé au cours d’un repas ou durant une pause avec un scientifique israélien, russe, palestinien, ukrainien. Il retrouve toutes ces nationalités parmi son public d’étudiants. Cela incite à éviter les jugements trop hâtifs et catégoriels. Enfin il est de tradition de concevoir l’université comme une forme de contrepoids ou pouvoir politique ; une bulle de liberté dans laquelle l’État ne peut pénétrer que dans des circonstances très spécifiques.
L’enseignement supérieur français, un des plus étatisés au monde
Toutes les universités ne se ressemblent cependant pas. Elles ont parfois été créées et financées par les étudiants eux-mêmes (ou par leurs parents). Parfois ce sont les maîtres qui se sont organisés pour « vendre » leur savoir. Parfois encore elles ont été financées par des mécènes ou des institutions, religieuses ou autres, à but lucratif ou non-lucratif, qui trouvaient un intérêt dans cette activité et en fixaient les règles. Ces derniers siècles ont vu se développer l’université financée par l’État et donc par l’impôt, la France offrant aujourd’hui ce qui est sans doute l’un des systèmes les plus centralisés et étatisés d’enseignement supérieur au monde. Cela change bien sûr la donne en ouvrant plus grande la porte à des considérations « politiques ». Certes, il y en a toujours eu et il y aura toujours au sein de ces grands établissements, tout comme au sein d’une grande entreprise. La centralisation et l’étatisation font cependant que ce débat, qui pourrait se cantonner à la politique intérieure à l’établissement, se placera plus rapidement sur des enjeux nationaux. Les syndicats, d’enseignants, de personnel administratif ou d’étudiants, sont d’ailleurs souvent « politisés » dans ce sens du terme. Chez les présidents d’université, dans les conférences de doyens ou les sections du Conseil national des universités, on affectionne particulièrement les déclarations communes. La recherche du consensus est omniprésente. Inutile de préciser que la pluralité des opinions en souffre. Dans un tel environnement, il devient normal de se demander si les universités du pays doivent boycotter tel pays ou telle université. Malheureusement.
Si une université privée décide de ne plus faire d’affaires avec des institutions israéliennes, cela la regarde. La décision est probablement stupide car elle « politise » l’université où les libertés de penser et de coopérer devraient prévaloir. Elle peut aussi, incidemment, renforcer la position d’un Netanyahou en affaiblissant des institutions qui, en Israël, ont la possibilité d’apporter de la modération dans les débats. Quoi qu’il en soit, rien n’interdit à des individus de se comporter de façon stupide. C’est leur liberté. Mais en France les choses bien souvent se passent autrement. Il est probable qu’une bataille politique sera menée afin d’imposer, au moins au niveau de chaque établissement, voire à l’ensemble du corps universitaire, une même ligne de conduite. Ce qui n’est pas souhaitable.
Une démocratie se fragilise lorsque des groupes d’individus peuvent s’appuyer sur la structure des institutions – ici une université publique centralisée – pour imposer leur opinion à la communauté. Elle se renforce lorsqu’elle réaffirme son ancrage dans les libertés. Et pour cela il est urgent de reconsidérer la structure de nos institutions universitaires.
4 commentaires
Les universités sont gangrenées par des factions, qui PAYENT des minorités d’étudiants pour organiser le chaos, en France et hors de France en Europe.
De même ces mêmes factions islamistes font de l’école une cible, l’enseignement en général etant le Cheval de Troie de l’islamisme.
Pourquoi personne ne reprend-il ce FAIT attesté par tous les experts ?
Qu’attendons-nous pour parler haut et clair engager la bataille ???…
Qu’ils apprennent déjà à compter, lire et écrire en Français et à travailler au lieu de s’occuper de la merde des autres il y en bien assez il suffit de regarder ce qui se passe dans es hémicycles c’ela y est bien assez mer d’eux.
Israël fait partie de notre civilisation » judéo chrétienne ». L’islam est une autre civilisation qui de surcroit attaque la nôtre. J’ai du mal à comprendre que tant de jeunes de chez nous, sans être musulmans, se sentent plus proches de l’islam que du judéo-christianisme.
Je suis en accord avec la réflexion de Péter
Il faut savoir respecter toute religion..
Et il est impossible de mélanger les us et coutumes. Il suffit de tolérer la façon de vivre de chaque ethnie. Exemple l’île de la Reunion