La succession de Mario Draghi à la tête de la banque centrale européenne semble être assurée à Christine Lagarde. On peut s’interroger sur le caractère « politique » de la nomination ainsi que, par répercussion, sur la notion d’indépendance des banques centrales en 2019. En outre, quelles seront les conséquences en matière de possible normalisation de la politique monétaire en Europe ?
Emmanuel Martin
Emmanuel Martin
Chargé d’Etudes, Emmanuel Martin est docteur en économie.Retour ligne automatique Il est l’auteur de nombreuses analyses dans les médias internationaux. Il a publié L’argent des autres - Comment nous sommes devenus des sociétés à irresponsabilité illimitée aux Belles Lettres en 2014. Il a été coordonateur scientifique de l’ouvrage collectif Anti-Piketty - Vive le Capital au XXI° siècle publié par l’iREF et Libréchange en 2015.
Après le « redressement productif » d’Arnaud de Montebourg lors de l’acte I du quinquennat Hollande, du « pacte de responsabilité » lors de l’acte II, de la loi PACTE de Bruno Le Maire, il fallait bien – enfin ! – un « pacte productif » avec pour objectif le plein emploi en 2025 par la « reconquête industrielle » du pays. Le pacte nouveau avait été annoncé fin avril par le président Macron et le 19 juin une réunion s’est tenue à Bercy entre organisations syndicales, patronales et régions pour en dessiner les contours. Enième tentative, depuis plus de quarante ans, de gagner la bataille pour l’emploi, quelles sont ses chances d’atteindre sa cible ?
Avec l’approche des élections européennes, les tentations « harmonisatrices » de beaucoup, notamment en France, poussent comme les fleurs au printemps. Des impôts au salaire minimum, il s’agirait d’égaliser tout ce qui dépasse sur le territoire européen. On se saurait trop insister sur les risques d’une harmonisation à marche forcée « par le haut ». Non par nationalisme, mais par souci de démocratie et de liberté. Il est, à ce propos, sans doute bon de revenir sur la pensée de l’économiste américain James Buchanan qui reçut le Prix Nobel d’économie en 1986 pour ses travaux en économie publique. Cet esprit brillant a été, entre autres, au cœur du renouveau des réflexions sur les bienfaits du fédéralisme et de la concurrence juridictionnelle.
Dans son allocution après le débat national, le président Macron n’est pas franchement sorti du logiciel politique habituel en France, celui de l’étatisme. La révolution Macron attendra… Il a pu noter cependant que la France « travaille beaucoup moins que ses voisins » et que c’est un problème. Certains ont pu être surpris, d’autant que, en dépit des 35 heures pour une bonne partie de la population, le Français se trouve dans la moyenne haute européenne par le nombre d’heures travaillées, hebdomadaires ou annuelles. Pourtant, si l’on rapporte le nombre d’heures travaillées au nombre total d’habitants, comme l’a fait l’OCDE à la fin de l’année dernière, la France arrive dernière du classement des pays de l’OCDE, avec 630 heures par habitant. Différence saisissante, ce chiffre est de 1083 heures au Luxembourg ou 952 heures en Suisse. On ne travaille pas assez chez les Gaulois, et le président voudrait y remédier… Le peut-il ?
Avec Emmanuel Macron, l’impôt absurde est mort, vive l’impôt (encore plus) absurde !
Le gouvernement vient de décider dans la précipitation la création, absurde à de multiples égards, de deux nouvelles taxes directement assises sur l’IS… pour lui permettre de rembourser aux sociétés la contribution de 3% qu’elles ont indument payée depuis cinq ans. Première trace éclatante de l’ « absurdité » en marche ! On en dénombre au moins sept autres !
Faire en sorte que davantage de gens puissent mieux gagner leur vie, c’est le souhait de tout économiste. Certains pensent que ce noble objectif peut facilement être atteint en instaurant et/ou en augmentant le salaire minimum. Dans une logique keynésienne, des salaires plus élevés stimulent alors la demande pour les entreprises, et la boucle est bouclée. Pourtant, la « solution miracle » est loin d’être aussi convaincante, comme tend à le montrer assez clairement une étude toute récente publiée par le National Bureau of Economic Research sur l’expérience célèbre d’augmentation du salaire minimum dans la ville de Seattle.
On peut critiquer le président américain Donald Trump à bien des égards. On peut en revanche difficilement lui reprocher de tenter de faire ce qu’il avait promis en matière de « choc de simplification », comme on dirait de ce côté-ci de l’Atlantique. Durant sa campagne, il avait indiqué que 70 % des réglementations étaient inutiles. M. Trump tente désormais de rationaliser le cadre réglementaire de la bureaucratie de l’État américain ainsi que de certains secteurs de l’économie.
Dans le département qui accueille la belle ville de Marseille et sa Bonne Mère, Marine Le Pen a fait un score de plus de 27 % et Jean-Luc Mélenchon, de plus de 22 % ce 23 avril. En ajoutant les candidats de gauche « ultra », on arrive à plus de la moitié des votants qui ont donné leur vote à un parti de type socialiste d’extrême gauche ou d’extrême droite. Pourquoi ?
La campagne présidentielle est décidemment bien affligeante. Comme l’écrivait Nicolas Lecaussin après le grand débat, l’impression est d’être en 1917 et pas en 2017. Un parfum de collectivisme flotte de manière assez nauséabonde, sans que cela émeuve grand monde. Et, au-delà d’une « politique du père Noël » consistant à distribuer toujours plus dans la logique d’un étatisme éculé, il y a un point sur lequel les collectivistes de droite comme de gauche se rejoignent joyeusement : le protectionnisme. Pour Madame Le Pen il est urgent de mettre en place des mesures de « protectionnisme intelligent » ou « réfléchi ». Pour Monsieur Mélenchon il s’agirait d’un protectionnisme « solidaire ».
Régulièrement des prévisions concernant la croissance du PIB ou le déficit sont fournies par les économistes de Bercy, du FMI et de quantité d’autres institutions. Et régulièrement ces prévisions généralement « à la virgule près » font sourire non seulement par leur très ambitieuse précision mais par leur fausseté avérée le trimestre ou l’année suivante. Mais toute une « industrie » de la prévision persiste à faire tourner des gros modèles qui prétendent synthétiser l’économie en une série d’équations.