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Le bon scolaire, ou comment privatiser l’usage de l’impôt pour le rendre plus efficient

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Trois quarts des Français se prononcent en faveur du bon scolaire. Dans ce système, l’impôt collecté par l’Etat est remis aux familles au lieu de financer directement les établissements. Les parents ont un choix responsable et font jouer la concurrence. Il est prouvé qu’on fait ainsi un meilleur usage de l’argent public, et Maître Jean Philippe Delsol, administrateur de l’IREF, explique pour quelles raisons.

Dans un récent sondage réalisé à la demande de l’association Créer son école, la question suivante a été posée: « Souhaiteriez-vous que l’Etat mette en place un système pour permettre à chaque famille de financer la scolarité de ses enfants, quel que soit l’établissement choisi ? (Ce système pourrait être un bon scolaire, un ticket scolaire, un chèque éducation, ou un crédit d’impôt) ? ». Les réponses positives atteignent 74% (45% « plutôt favorables » et 29% « tout à fait favorables ») (1).

En matière d’éducation la quasi totalité des Etats considèrent qu’ils doivent s’assurer que les enfants peuvent tous recevoir une instruction à la mesure de leurs moyens. Mais plutôt que de financer une école publique ouverte à tous, ils peuvent donner à chaque famille les moyens de choisir librement l’établissement scolaire des enfants en leur attribuant un bon scolaire susceptible d’être remis à l’école de leur choix. Les écoles publiques ou privées se trouvent ainsi en compétition et sont obligées de veiller constamment à la qualité de leurs services pour garder leur « clientèle », voire l’augmenter.

Proposé dès 1926 par le Cardinal anglais Bourne, le bon scolaire n’est pas une utopie. Milton Friedman, en a présenté l’idée dans son livre Capitalism and Freedom, en 1982, comme un système d’incitation qui pourrait accroître les occasions d’éducation pour les jeunes Américains. Les bons scolaires, disait-il, rendraient compétitif un marché actuellement dominé par le système monopoliste d’écoles gouvernementales.

En 1992, la Suède a introduit le libre choix de l’école, publique ou privée, en allouant un « voucher » à chaque famille équivalant au coût estimé de l’élève dans la commune. Le bon scolaire a aussi été mis en place avec succès par la municipalité de Valence en Espagne à la fin des années 90. Il existe dans plusieurs Etats américains, en Australie, en Nouvelle Zélande, dans le Kent en Angleterre, en Israël, aux Pays Bas. A Milwaukee, ce système fut instauré en 1998, puis annulé en 2002 à la suite d’un changement de majorité à la municipalité, puis restauré en 2004. Grâce à cela il fut facile d’en calculer les effets, avant, pendant et après. Caroline Hoxby, universitaire afro-américaine renommée et reconnue, en a mesuré les résultats vérifiables : il en ressort une amélioration de 5 à 10% pour l’ensemble des élèves de Milwaukee, avec une progression encore plus importante pour les enfants hispaniques par rapport aux élèves d’origines locales.

Le rôle de l’Etat est de s’assurer que les enfants puissent tous recevoir un enseignement de qualité, pas de leur donner cet enseignement ; il n’est pas de déposséder les parents de leur responsabilité éducative, mais de veiller à ce qu’ils l’exercent et de les inciter à le faire bien. Certes le bon scolaire n’est pas l’idéal, il laisse les parents dépendants de l’Etat, mais c’est un moyen efficace et réaliste d’exercice de la liberté éducative des parents pour leurs enfants mineurs.

La compétition entre établissements scolaires créerait bien sûr des écarts de niveau et de qualité entre eux. Les meilleures écoles seraient les plus recherchées et les plus sélectives, les moins bonnes seraient désertées. C’est précisément ce qui permettrait progressivement de faire sortir du système scolaire les enseignants incompétents, paresseux ou simplement inadaptés à ce métier qui devrait être une vocation. Dès lors qu’ils n’auraient plus d’élèves, il faudrait bien s’en séparer.

Les enfants des quartiers difficiles y trouveraient-ils leur compte ? Bien sûr, comme ceux de Milwaukee, parce que s’ils sont travailleurs et bons élèves, leur chèque scolaire leur permettra d’être admis dans les meilleurs établissements alors qu’aujourd’hui ils sont obligés de fréquenter l’école voisine, quelque médiocre et ghettoïsée qu’elle soit. C’est bien pourquoi dans le sondage susvisé, ce sont les milieux les plus modestes (84% des ouvriers) qui soutiennent le plus le système du bon scolaire alors qu’il intéresse beaucoup moins les professions libérales et cadres supérieurs (65% y sont favorables contre 84% des ouvriers soit 9 points de différence).

L’efficacité du bon scolaire est d’autant plus grande que la concurrence entre les établissements est plus « loyale ». En particulier les établissements doivent être libres de créer des classes, de choisir leurs enseignants, leurs programmes et leur localisation.

Le bon scolaire est un outil de liberté et de responsabilité. En ce sens déjà, il est un moyen d’éducation personnelle et sociale des parents et des enfants. Il est un moyen de rendre chacun attentif au coût de l’enseignement et à l’usage de l’impôt, ce qui ne peut qu’en favoriser une meilleure économie.

Jean-Philippe DELSOL

(1) Source : Fondationpourlecole.org

Télécharger les résultats complets du sondage IFOP

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8 commentaires

Anonyme 20 juin 2010 - 9:57

STUPIDE et INUTILE !
vous n’avez pas honte d’écrire de pareilles inepties… d’après vous c’est la faute des enseignants si dans les écoles du 93 les résultats des élèves sont mauvais ?? la VERITE serait plutôt des classes avec 95% d’immigrés ! si vous donnez des « bons » à ces familles, ils les troqueront contre de l’argent et vous ne verrez pas UN enfant en classe…

C’est hallucinant où vous allez chercher des idées comme ça…

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Anonyme 20 juin 2010 - 10:36

Bon scolaire
C’est vous qui êtes stupide. Je pense depuis longtemps que ce système de bon est la seule solution pérenne au désastre de notre Education Nationale (qui devrait d’ailleurs reprendre le nom d’Instruction Publique, puisque l’Education, c’est de la responsabilité des parents, justement soutenue par l’Etat avec les « bons »). Nous avons là encore affaire à un des multiples exemples où l’Etat se mêle de tout, alors que ce n’est pas son métier. Quelle est la justification d’avoir des enseignants fonctionnaires? Mis en concurrence devant des « clients consommateurs » (les parents) aidés par l’Etat (son seul rôle, avec la définition des programmes, des diplômes et des examens), ils seraient certainement beaucoup plus performants, car les bons enseignants continueraient leur bon travail (en étant enfin soutenus, = mieux rémunérés, par le système)et les mauvais seraient éliminés. Dans l’état de déliquescence où se trouve notre système, il ne faut pas avoir peur des idées apparemment iconoclastes, car elles ont été essayées ailleurs et elles marchent!

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Anonyme 24 juin 2010 - 12:28

Bon scolaire
Bonsoir,

j’aimerais juste savoir pourquoi ma réponse du 21/06 parue « tout de même » une journée a été supprimée?

Fausse manipulation ou manipulation volontaire ?

Surprenant en tout cas.

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Nicolas Lecaussin 25 juin 2010 - 10:07

Nous supprimons tous les
Nous supprimons tous les commentaires injurieux ou qui utilisent des mots ou des expressions déplacés et toutes les réponses à ces commentaires.

Merci de votre compréhension.

Nicolas Lecaussin

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Anonyme 20 juin 2010 - 10:46

c’est du n’importe quoi !!
tous les jours il est démontré que faire confiance au « laissez faire et laisser aller » que vous préconisez comme la solution miracle est une catastrophe pour l’immense majorité des Français (on peut généraliser aux autres pays…) ! cet aveuglement me surprend de la part « d’économistes » au service de la France et de tous les Français !! libéralisme, oui bien sur mais surveillé et controlé activement par un état fort ! a défaut c’est la catastophe et la crise actuelle dans un autre domaine le démontre bien ! il n’est pas possible de faire confiance aux hommes dès qu’on parle d’argent. Nous sommes victimes de politiques de gauche et de droite totalement incompétents qui prétendent savoir tout faire et de conseillers qui n’ont qu’un objectif : servir une minorité de Français soi disant au profit de la France et de tous les Français au nom d’une idéologie dépassée qui ne respecte plus rien ! il est temps que le libéralisme soit enfin aménagé pour tenir compte des réalités humaines et économiques actuelles ! que l’Etat soit un Etat digne de ce nom qui dirige au profit de tous avec autorité et sache punir si cela est nécessaire !

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Anonyme 20 juin 2010 - 9:44

crise de l’état providence ,
@ anonyme ,

Revoyez vos définitions du libéralisme et votre analyse de la crise économique actuelle …celle-ci n’est pas une crise d’états libéraux , mais d’états providence qui transfèrent l’argent gagné par une partie de leur population à une autre partie ( l’assistanat ) …quand les moyens tirés du fisc sont insuffisants , on s’endette ( 1700 milliards d’€ fin 2010!!!) et pour masquer l’augmentation du chômage , on embauche du fonctionnaire ( 1.6 millions de plus depuis 1986 !!!)

Brèfle , cette proposition de bon éducation me convient parfaitement , elle obligerait l’éducation nationale lâique à se reùettre en cause ou se retrouver au chômage !!!

In fine , une grosse partie des pb viennent des enseignants qui n’ont jamais remis en cause les méthodes de lecture globale , l’enseignement des maths , le prof copain etc!!!

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Anonyme 21 juin 2010 - 8:10

Du bon scolaire
Avec tout le respect que je peux avoir envers Maître Jean Philippe DELSOL, Administrateur de l’IREF, et souhaitant respecter la charte Internet, j’ai l’honneur de l’informer néanmoins que je suis, moi aussi, abasourdi par son originale, inhabituelle et fort singulière prise de position.

Je lui adresse mes compliments pour la libéralité de son esprit, tout en déplorant que celle-ci ne se soit pas dispensée d’être aussi explicitement démagogique pour une proposition qui procède du canular journalistique ou de la promesse électorale, ce qui est assez identique..

Pour apporter de l’eau au moulin de Monsieur Delsol, nous pourrions, peut-être et tant qu’à faire, appuyer le projet de payer nos enfants pour qu’ils veuillent bien se rendre à l’école…

Si encore nous pouvions au moins espérer qu’ils en sortent en sachant seulement lire, écrire et compter !

Le système a-t-il prévu de prendre en compte les spécificités bien françaises ? N’oublions pas que nous sommes les inventeurs du système D. et que les fastueuses allocations de rentrée scolaire, ne sont déjà pas toutes attribuées à nos chères petites têtes blondes… Surtout après les vacances et au prix des mobylettes, du pastis et du tabac…

Très attentif à ce Site, cet article bien écrit et parfaitement documenté m’étonne autant qu’il m’interpelle. Mais, de nos jours, faire bondir le citoyen hors de ses gonds est considéré comme un début de réussite !

Pas étonnant Amis, que nos enfants soient si dévergondés…

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Anonyme 6 février 2011 - 1:47

contraintes de l’enseignement public
Il y a de très bonnes idées dans cette proposition de bon scolaire qui semble avoir été testée ailleurs. Je suis surpris que les personnes qui répondent en s’y opposant n’apportent pas d’objections concrètes ou de questions à résoudre car dans toute proposition, il y a du pour et il y a du contre et c’est de la confrontation et de la « balance » des avantages et des inconvénients qu’on peut faire un choix rationnel.

Ma question serait de savoir si l’on peut obtenir (ou garantir) avec ce système une répartition convenable des établissements sur le territoire national en dépit d’une forte disparité des densités de population et des moyens de transport.

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