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Faut-il interdire ou encourager les agriculteurs à spéculer ?

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Pour que « les agriculteurs sachent à l’avance ce qu’ils vont gagner » la nouvelle « Loi de Modernisation de l’agriculture » les engage (ou les oblige) à signer des contrats d’approvisionnements annuels à prix fixes. Est-ce souhaitable ? Question posée par Michel Gâche, chercheur associé à l’IREF.

Quand un investisseur vend « à découvert » des actions qu’il n’a pas encore, le gouvernement trouve cela terrible. Il faut l’interdire. Quand un agriculteur vend à l’avance le maïs ou les fraises qu’il n’a pas encore plantés, le gouvernement trouve cela formidable. Il faut le rendre obligatoire. Impossible de s’y retrouver quand on n’a pas de principes.

Pour améliorer la situation des agriculteurs, le Ministre de l’Agriculture est en train de faire voter une énième « Loi de Modernisation de l’Agriculture ». Une des idées fortes consiste à encourager, voire contraindre, les agriculteurs et les industriels à signer des contrats d’approvisionnement annuels « de façon à ce que les agriculteurs sachent à l’avance ce qu’ils vont gagner ».

Cet objectif est sympathique, même s’il n’y a sans doute qu’en France où il faut une loi pour que de tels contrats soient signés quand ils sont vraiment souhaitables. Mais les conséquences de ces contrats ne semblent pas avoir été clairement comprises par les auteurs de la loi. Quelle sera l’attitude des agriculteurs quand, comme en 2007, ils verront que le blé qu’ils vendront 100 selon le contrat signé, vaut en réalité 200 sur les marchés ? Et celle des industriels quand ils devront, comme en 2009, payer le lait 100 qui vaudra 70 en Allemagne d’où il sera importé en France à ce prix ?

Un an à l’avance, les négociations seront sans doute difficiles. Et il faudra beaucoup de sens des responsabilités aux intéressés pour accepter que quand on spécule on ne peut pas gagner à tous les coups. Car au moment de la signature des contrats, c’est bien de spéculation qu’il s’agit, puisqu’on accepte de se projeter dans l’avenir et d’anticiper quel seront les besoins et les prix un an plus tard.

En réalité, si ce type de contrats est désiré par les deux parties, et aucune loi n’est nécessaire pour les rendre obligatoires, ils existent déjà. Ce sont les contrats à terme qui sont actifs depuis longtemps en Europe ou aux-Etats-Unis pour le blé, le maïs, le colza, le tournesol, la viande, la laine, le sucre et beaucoup d’autres produits.

Lettre des « Agriculteurs de France » :

« Les marchés à terme : une réponse pour le secteur laitier

La dérégulation du marché du lait en Europe et la fin des quotas prévue pour 2015 engendre l’arrivée des marchés à terme dans cette filière.

En Europe, Nyse Euronext (qui traite notamment les contrats à terme blé, maïs et colza en France) et Eurex (contrats à terme pomme de terre et porc en Allemagne) préparent activement des contrats sur les produits laitiers, prioritairement la poudre de lait. Ces contrats, dont les modalités sont peu à peu dévoilées (volume, qualité, conditions de livraison, échéances…) devraient permettre à la filière laitière d’avoir à disposition des outils de couverture efficaces. Avant tout, ces contrats apporteront aux éleveurs de la visibilité quant à l’évolution du marché du lait et quant aux valeurs pour des livraisons différées ».

Comme le fait remarquer l’Institut Européen pour la Gestion Raisonnée de l’Environnement :

« En réalité, c’est bien l’existence de la PAC qui nuit aux développements des outils de marché, lesquels apportent de bonnes réponses ; voilà une leçon utile à tirer pour les autres secteurs de l’activité agricole ».

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6 commentaires

Anonyme 20 juin 2010 - 10:03

les multinationales volent les paysans !
Les paysans se font littéralement escroquer par les grands groupes industriels, il y a pourtant une solution simple: le MEME prix d’achat du litre de lait dans toute l’europe avec l’interdiction d’importer du lait étranger tant que tout notre lait n’est pas vendu !

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Anonyme 20 juin 2010 - 7:24

L’argent avant l’homme
Nous sommes dans des concepts infernaux et destructeurs où le bon sens de l’article ci-dessus a disparu.

Reste à s’organisier lorsque cela est possible pour acheter directement les produits aux personnes qui travaillent. Nous avons vécu durant des siècles de cette façon, les instances ne me feune baratte à beurre électrique pour particulier. Je vais acheter le lait au fermier. Cela est plus intéressant pour lui, pour nous, pour la planète car moins d’énergie et moins de transport. De plus cela permet des contacts humains, ce qui n’est pas le cas de la grande distribution.

Nous pouvons nous libérer en tendant vers l’autonomie et le commerce de proximité. La mondialisation n’est pas une fatalité pour enrichir les plus riches, par contre l’entraide devrait être un devoir à tous les niveaux dans la limite du possible.ront pas croire que cela est dangereux pour notre santé, il suffit de prendre les précautions d’hygiène élémnentaires. De plus trop d’hygiène nuit à notre imunité. Ceka est surtout dangereux pour leurs profits. Je viens d’acheter des bidons de lait en acier inoxydable et

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Anonyme 22 juin 2010 - 5:22

Elisabeth Badinter
Chacun mène la vie qu’il veut tant qu’il ne dérange pas les autres. J’y ajoute une autre conditions: qu’il contribue à la vie de la société au niveau de que la société lui a fourni et surtout de ce qu’il lui demandera: soins médicaux pour lui et sa famille, enseignement de ses enfants par exemple.

Dans ce cadre, je suis sensible à l’alerte lancée par le dernier livre d’Elisabeth Badinter qui craint que notamment les femmes soient enfermées dans des taches ménagères peut être excellentes pour la planète mais qui les cantonnent dans des activités peu enthousiasmantes pour ceux qui les font. Et même franchement réductrices à la longue.

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Anonyme 20 juin 2010 - 11:12

mort annoncée de notre agriculture
nos agriculteurs Français ne font pas le poids face à la puissance de l’agroalimentaire notamment ! les outils de marché préconisés dont les contrats à terme représentent un véritable danger pour notre agriculture trop dispersée pour agir efficacement. ces soi disant solutions miracles n’apporteront qu’aux multinationales agroalimentaires et aux officines bancaires et boursières ! Savoir ce que l’agriculteur va gagner un an a l’avance est une pure utopie en déconection totale avec la réalité agricole ! le lobby du libéralisme financier pur et dur (défendu par la commission Baroso et le président Sarko) entre autres qui a beaucoup à gagner au détriment de nos agriculteurs n’a que faire de maintenir notre agriculture qu’elle veut détruire comme elle l’a déjà fait en partie pour notre industrie…

Libéralisme bien sur mais pas n’importe quoi !

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Anonyme 22 juin 2010 - 4:54

Etatisme ou Libéralisme
La volonté du gouvernement français de contraindre, sous sa surveillance directe, les agriculteurs à signer des contrats d’achat un an à l’avance avec les industriels ou les centrale d’achat des grandes surfaces me semble plutôt une méthode étatique que libérale.

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Anonyme 20 juin 2010 - 4:06

AGRICULTEURS DITES-VOUS ?
Il ne faut pas confondre agriculteurs et spéculateurs ! L’agriculteur doit être le protecteur de la mature et de l’environnement et non le destructeur par pollutions diverses y compris pesticides, insecticides et surtout transports inutiles. Pas étonnant lorsque l’agriculture en 50 ans a perdu plus de 90 % DES ACTIFS (6400000 sur 7 millions) alors que le patronage de la FNSEA (MSA° demeure) et que les bureaucrates du ministère de l’agriculture ont doublé !! Faites un état des dix plus gros subventionné de la PAC, aucun ne sont agriculteur et en plus, ils ne sont même pas Français (imposable en France) La France avec les lois littoral, les safers, les CERSZ va être sauvé de la réussite !!!

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