Comme à chaque élection, il est là , d’abord discret, puis aussi éclatant que les affiches devant les écoles de vos enfants. Il est dans les sondages, à la télévision, dans vos conversations à la machine à café ou à table. Il s’immisce dans votre cerveau, et vous vous surprenez à faire vos propres calculs, à faire la moyenne de tous les sondages déjà vus. Vous essayez d’imaginer l’avenir pour agir en fonction de lui, alors que c’est vous qui le faites.
Le vote utile sabote les élections et détourne les électeurs depuis plus de vingt ans. En 1995, les sondages donnaient dix points d’avance à Edouard Balladur face à Jacques Chirac. Sans doute de nombreux électeurs du premier se disaient-ils que c’était fichu, et qu’il valait mieux voter pour celui qui avait une chance. Ce choix leur est revenu en pleine figure lorsqu’au soir du premier tour, l’écart ne fut que d’un peu plus de 2 points. En 2002, Lionel Jospin est crédité de sept ou huit points d’avance sur Jean-Marie Le Pen. Qui sait combien des électeurs du premier, convaincus que c’était gagné, ne sont pas allés voter ?  En 2012, les sondages du deuxième tour donnent Nicolas Sarkozy vingt points devant François Hollande. On connaît bien la suite. En 2017, François Fillon est donné quatrième. Ces électeurs l’abandonnent pour s’apercevoir ensuite qu’il n’a qu’un point de retard sur Marine Le Pen, qui se qualifie pour le second tour. Les sondages ne sont pas confirmés par les votes, mais par les votes utiles.
Le vote est l’un des derniers moyens accordés à tous pour s’exprimer. Le vote utile nous l’ôte, nous pousse à choisir, non pas celui qui nous convient le mieux, mais celui qui aurait le plus de chances de gagner, selon un calcul forcément insuffisant. Les votes de conviction en revanche, surprennent, et montrent aux candidats que les Français se décident dans l’isoloir, et non des mois, des semaines, des jours avant.  De nombreux Français, un quart selon les sondages, ne savent pas pour qui aller voter, et bien d’autres annoncent un candidat qu’ils n’ont pas définitivement choisi. Le vote utile n’est rien d’autre qu’une façon de guider, volontairement ou non, les votes des électeurs. Alors conservons notre liberté, et votons par conviction.
Faites ce que vous voulez, mais ne votez pas utile
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5 commentaires
Cela semble frappé du bon sens. Moi, sans hésitation, je vote Pécresse au premier tour. Elle fera du Macron mais ça sera du Macron sans Macron. Borloo a déclaré récemment qu’il allait voter Macron au premier tour parce que Pécresse, qu’il aime bien (sic!) des amis comme ça on sen passe, n’a aucune chacune et qu’il ne veut pas de Marine Le Pen. Mais en votant Macron au premier tour, il assure la deuxième place à Le Pen. Des politiques comme ça, on devrait pouvoir s’en passer. Je suis très curieuse de savoir s’il s’est réservé quelque chose dans le deuxième mandat Macron.
Excellent article et excellente analyse. Merci Adélaïde. Puissiez-vous convaincre les Français de ne pas se comporter comme des moutons !? et d’aller voter ?
Très bien vu. Bravo!
En référence au postulat suivant ,je cite: « voter est l’acte volontaire du citoyen par lequel celui-ci pérennise le Système qui l’aliène », je ne vote pas, (parti majoritaire ?), afin de ne pas être complice de ce que je conteste avec force arguments et démonstrations qu’il n’est pas possible de développer ici.
« Si voter servait à quelque chose, ce serait interdit » disait le grand philosophe français créateur des Restos du Coeur !
OUI, pour dimanche, ma conviction est la suivante la candidate V.P. au soir du 10 avril, avec les méthodes de comptages  » classique » du ministère de l’Intérieur, aura 8.27 % des voix.
Pour les autres, c’est comme pour mon choix, c’est confidentiel, mais dans une optique de Liberté.