Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Blocage de la Sorbonne : l’échec de l’instruction en action

Blocage de la Sorbonne : l’échec de l’instruction en action

par
286 vues
A la mi-mars, certains étudiants ont bloqué la Sorbonne afin de protester contre le résultat du premier tour de la présidentielle. Considérant que ni Macron ni Le Pen n’étaient à la hauteur des enjeux actuels, ils appelaient à ne pas voter.

S’il y a bien une chose que les études ne semblent pas enseigner, c’est le pragmatisme et la réalité. A force de se concentrer sur des idéologies parfois absurdes, les universités créent des étudiants, qui, lorsqu’ils constatent que le monde ne marche pas comme ils le voudraient, bloquent les universités, en attendant de bloquer le pays.

Blocage étudiant n’est pas blocage citoyen

Aux environs de la Sorbonne, tout est calme. A voir les tenues estivales et les rires en terrasse, vous ne croiriez pas qu’une centaine d’étudiants paralysent l’une des universités les plus connues du monde à quelques rues de là. Approchez-vous un peu et, devant le lycée Louis-le-Grand tout proche, vous verrez les rues barrées par les CRS et le cordon de sécurité. Quelques riverains, en passant, remercient la police, et parfois discutent avec des étudiants quittant la manifestation. Mais sur la façade de la Sorbonne et devant ses portes, c’est une autre histoire. Des tissus sont accrochés aux fenêtres pour proclamer le siège de l’université et refuser l’alternative Macron ou Le Pen. Un ou deux joints et quelques bières tournent, le chant des Gilets jaunes est entonné. Cheveux blonds, bruns, roux, bleus, verts, ici, tout le monde s’appelle « camarade », comme lors des plus grandes heures du communisme qu’aucun n’a connues.

L’un des « responsables » annonce que l’Assemblée générale a voté et invite « tous les camarades » à se retrouver sur la place du Panthéon, à quelques rues de là, pour discuter de la fin du blocage. Les revendications se focalisent maintenant sur la régularisation des réfugiés. On appelle des étudiants concernés au micro : trois d’entre eux sont algériens et étudiaient en Ukraine, en droit ou en doctorat. Ils voudraient être régularisés pour étudier en France, affirmant que c’est impossible dans leur pays, où le doctorat est payant, où certaines disciplines ne sont pas enseignées. Il s’agit selon eux d’un « droit humain ». Un autre est étudiant sans-papiers depuis quatre ans et se révolte : l’université est chère pour lui, il ne peut pas travailler parce qu’il n’a pas de papiers, et l’administration ne répond pas à ses appels. Ces jeunes gens, biberonnés aux services gratuits, incapables d’imaginer devoir se battre pour obtenir ce qu’ils veulent, s’offusquent de la situation. L’Etat doit garantir la poursuite de leurs études à tous, y compris ceux qui ont « des OQTF au cul » (Nldr : obligation de quitter le territoire français), et ce quelle que soit leur nationalité. N’allez pas croire que leur priorité est l’accès des réfugiés à des connaissances, ils déplorent plutôt qu’ils n’ont ni logement, ni bourse, ni aide. Leurs parents leur ont-ils expliqué ce que coûtent les étudiants étrangers à la France ?  La revendication s’étend d’ailleurs à ceux qui, probablement à cause de leurs résultats scolaires, ont été refusés par Parcoursup. On les appelle les « sans-fac » et les étudiants de Nanterre se vantent, devant le Panthéon, de bloquer depuis cinq mois la présidence de leur fac pour que ces non-étudiants soient acceptés. Car dans cette fière communauté, quand vous perdez selon les règles, vous ne revoyez pas votre tactique, vous changez les règles.

Les étudiants insatisfaits des sujets de campagnes électorales

Les bloqueurs s’opposent au second tour, bien que ce dernier soit le fruit d’un processus démocratique. Les institutions n’ont que peu de valeur en regard de leurs idées. Indignés par les policiers qui ont le culot de s’opposer à eux parce qu’ils détruisent des biens communaux, ils affirment que la démocratie ne se construit pas que dans les urnes mais aussi, ou plutôt surtout, dans la rue. L’une des manifestantes l’explique aux policiers : « C’est pas contre vous, mais vous êtes sur notre chemin, alors si vous ne vous poussez pas on vous marchera dessus. » Ces bloqueurs clament que le système électoral ne fonctionne plus. Ils n’ont probablement pas tort, mais leurs idéologies sont pour beaucoup dans l’abstention toujours grandissante. C’est justement parce que quelques élites issues des grandes universités et écoles tiennent aujourd’hui les rênes de la politique que ses préoccupations sont bien trop loin de celles des Français.

Les étudiants le répètent aux journalistes, aux riverains, aux policiers : les candidats ayant accédé au second tour de la présidentielle seront incapables de répondre aux grands enjeux des prochaines années, qui sont la précarisation, la sélection sociale, le racisme systémique, les enjeux climatiques, le communautarisme, la « lgbtphobie ». Des enjeux qui méritent, selon eux, qu’on passe outre la démocratie. Le rapport du GIEC est sur toutes les lèvres, même si on peut se demander combien d’entre eux l’ont lu. Dommage : cela leur aurait peut-être appris que la France a d’autres priorités. Quant au communautarisme, ne vous méprenez pas : ce ne sont pas les poupées sans visage de Roubaix ou l’appel du muezzin que ces étudiants déplorent. Non, le communautarisme est pour eux celui de Marine Le Pen, qui dresse les Français les uns contre les autres. Il faut dire que le vrai visage du vivre-ensemble est difficile à appréhender si l’on ne fréquente que les abords chics du Quartier latin, et éventuellement du Marais. Tous les Français n’ont pas cette chance.

Le blocage de la Sorbonne est symptomatique de l’échec de la politique universitaire menée depuis des années. L’université française dopée à l’argent public est devenue un vivier de contestataires qui ne savent qu’exiger de l’Etat la réalisation de tous leurs désirs. Les Français ont oublié que les études sont un investissement pour l’avenir qui se mérite plutôt qu’un droit fondamental, et que l’excellence de l’instruction permet l’ascension sociale bien plus que des aides que le contribuable finit toujours par payer. Le système universitaire a grand besoin de la privatisation, contre laquelle les étudiants sont évidemment vent debout.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

12 commentaires

Roullé 27 avril 2022 - 6:51

Ce n’était pas mi-mars mais mi-avril 2022. Je la sors bonne et je l’avale de grâce.

Répondre
Broussard 27 avril 2022 - 7:00

Vraiment très forts, ces étudiants qui connaissaient déjà à la mi-mars les résultats du premier tour du 10 avril !
Sinon, j’ai lu deux fois : à quelques rues de là, mais j’ai appris le sigle OQTF et sa signification .
Merci Adélaïde
Christian B.

Répondre
Duhamel 27 avril 2022 - 7:58

Des étudiants qui se croient adultes , qui oublient que ce sont des citoyens salaries francais qui paient leurs etudes et que nous francais , nous n’avons pas a financer les études des étrangers . Allez donc protester devant l’ambassade d’Algérie dont le gouvernement vient d’acheter un sous marin et d’autres armes au lieu de financer leurs étudiants .Ces cherubains bobos mais d’extreme gauche vont devenir de bons bourgeois d’ici 10 ans . LOL

Répondre
Duhamel 27 avril 2022 - 1:10

Pour les étudiants , l’etat est riche . Il peut payer et nourrir la terre entiere . L’argent tombe du ciel . Dans 10 ans on retrouvera ces memes etudiants déguisés en bons bourgeois et pas prets a partager leur richesse . Ils oublient que derriere leurs etudes , leur bourse il y a des salariés smicards qui bossent pour les nourrir .

Répondre
Dapsang 27 avril 2022 - 8:09

Rien de nouveau chez les étudiants .Ca a toujours été comme ca . Pour les anciens , souvenons- nous de mai 68

Répondre
Chamussy 27 avril 2022 - 8:52

Un comble pour des étudiants censé défendre la démocratie!!!

Répondre
Serge CIBOXER 27 avril 2022 - 9:02

Nonobstant 1- le degré de médiocrité générale de l’espèce humaine
2- le postulat que les « étudiants » ne connaissent RIEN à la vie, ne sont pas « finis », sont « en cours
de construction », manipulables, influençables, perméables, abrutis par le système, incultes (liste non
exhaustive),
il m’échappe que tant d’attention et d’importance soit donnée à ces individus pubères mentalement a-structurés, sous-équipés pour la réflexion et entretenus dans le genre !!!
Les socialos-gauchos-écolos-islamés sont un virus mortel pour la société.
Que font les labos, diantre ?
Une solution: procéder comme pour « la vache folle » ou la « grippe aviaire »…

Répondre
Photini 27 avril 2022 - 9:59

Je suis heureuse d’avoir mon âge. Les peuples ont le destin qu’ils méritent d’avoir et les générations derrière moi ne vont pas rigoler. Mais je ne serai plus là. Ils devraient lire la fin de l’empire byzantin Au lieu de se défendre contre l’ennemi on polémiquait sur le sexe des anges.

Répondre
Dudufe 27 avril 2022 - 10:54

Je peux dire simplement qu’à 83 ans je reste béat devant ces c…

Mais enfin,avant de critiquer, il faut qu’ils réfléchissent un peu a combien (comme vous le précisez) cela coûte à la collectivité ,surtout quand je vois des étudiants étrangers,qui n’ont rien chez eux,ramener leur « grain de sel » !

Répondre
JR 27 avril 2022 - 4:15

Bonjour, c’est une bande de petit salopard qui n’a pas encore gagné un rond et qui veut faire la morale. Alors qu’ils sont tous là, parce que des citoyens contribuables et les parents ont contribué à la réussite du système. Il faut leur coller 5 jours de TIG (travail d’intérêt généraux) et leur apprendre à dire merci maman, merci papa. Que ne faut-il pas lire… c’est le monde à l’envers. Merci. Bien à vous

Répondre
PhB 27 avril 2022 - 4:44

Bonjour Adélaïde
Eh! Oui, ce n’est pas très citoyen.
Un bon matin de mai 1968, je n’ai pu rentrer dans mon Lycée à 8h car des étudiants bloquaient déjà l’accès au portail de l’entrée.
Je suis rentré chez moi et ai expliqué la chose à ma maman. Le soir mon père était assez dubitatif et m’a dit tu risques de te faire « foutre dehors », m’a dit que j’aurais du insister, quitte à « faire le mur ».
Le résultat a été un courrier envoyé du bureau du proviseur: « Votre fils ne s’est pas rendu……. »
Comme si j’avais simplement « séché » les cours.
Les jours suivants la situation ne s’améliorant pas, l’administration avait abandonné toute démarche du même type.
Quelques semaines après, la situation avait complètement changé.
J’avais commencé à suivre les cortèges qui sillonnaient en ville, en braillant avec les participants et jouait au « reporter » avec mon magnétophone à cassette en bandoulière…
La discipline de fer qui régnait dans l’établissement a peu a peu cédé la place à l’installation d’un laxisme….
Question: les étudiants avaient-ils le droit de nous empêcher d’aller en cours?
Bonne journée
PhB

Répondre
PhB 2 mai 2022 - 4:51

Les commentaires ne sont toujours pas visibles

Répondre