Sociétés d’autoroutes : la transition écologique forcée est une erreur

Le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré que les sociétés d’autoroutes doivent contribuer à investir dans la transition écologique grâce à leurs marges. En pratique, les concessionnaires seraient obligés de baisser « d’au moins 10 % » le prix du péage, et de financer des moyens de transports concurrents comme le ferroviaire. Ces déclarations soulèvent plusieurs questions : est-ce réellement au gouvernement de dicter aux entreprises privées la manière dont elles doivent gérer leurs finances ? Quelles seraient les conséquences d’une telle politique dès lors que les sociétés d’autoroutes contribuent déjà à la transition écologique, à leur manière ? Les revêtements routiers plus durs, à base de béton plutôt que de bitume, permettent en effet de réaliser des économies de carburant et de réduire les émissions de CO2. En réduisant les marges de ces entreprises, on peut légitimement s’attendre à ce que moins de projets de cette nature puissent être menés à bien.

Cette vision d’une transition écologique planifiée semble moins justifiée si l’on considère l’importance des taxes et des impôts dans le coût total du péage : 37 %, alors que 30 % de ce coût vont à la construction et la rénovation des voies, 16 % à l’exploitation de l’autoroute, et  qu’il reste 17 %  de bénéfices. Les débats sur les « superprofits » des concessionnaires Vinci Autoroutes, Eiffage et Abertis omettent le fait que l’État s’enrichit plus que ces derniers, et que les entreprises ne sont pas moins touchées que d’autres par le contexte inflationniste actuel. Autrement, la majoration du prix des péages de 4,75 % depuis le 1er février (contre 2 % en 2022 et 0,44 % en 2021) n’aurait pas été rendue nécessaire. Cet aspect est négligé par M. Beaune puisqu’il refuse de remettre en cause les taxes au nom de la nécessité de financer des politiques écologiques qui, comme l’IREF a eu l’occasion de le démontrer, risquent de produire du chômage.