Le président Trump a donc déclaré la guerre commerciale au monde entier en imposant des droits de douane à des niveaux presque sans précédent. Il veut casser la dynamique de la mondialisation et du libre-échange car il estime que l’Amérique y perd beaucoup et qu’elle est victime des autres pays. Pourtant, les données montrent exactement le contraire. L’Amérique et les Américains n’ont jamais été aussi riches qu’aujourd’hui. Fin 2024, le PIB américain a atteint 29 723 milliards de dollars. Il a été multiplié par 5 depuis 1990, c’est-à-dire depuis la fin du communisme et la grande ouverture des marchés, y compris avec la Chine (voir graphique plus bas). Pendant la même période, le PIB/hab (PPA) a été multiplié par 3.5 et l’écart s’est creusé avec d’autres pays riches et démocratiques.
Trump soutient que ces taxes ont pour but de réindustrialiser l’Amérique. Mais l’Amérique ne s’est jamais autant enrichie que durant la désindustrialisation ! Entre 1970 et 2023, la part de l’industrie dans le PIB est passée de 23 % à 10.3 % et l’emploi n’y représente aujourd’hui que 8 % du total de l’emploi aux Etats-Unis. Pourtant, entre 1970 et 2024, le PIB/hab a été multiplié par 28.4. Trump et Vance ont beau dire, la classe moyenne américaine a prospéré au cours des 40 dernières années. Tous milieux confondus, les Américains se sont plutôt bien portés. La part des ménages gagnant plus de 100 000 dollars a triplé depuis la fin des années 1970, et la part gagnant moins de 35 000 dollars a diminué de 25 %. La classe moyenne ne s’est réduite que parce que les salariés à revenus moyens ont gravi les échelons. Au cours des 40 dernières années, 70 % des Américains en âge de travailler ont pu se classer au moins une année parmi les 20 % les plus riches. Et 80 % ne sont pas restés plus de deux ans consécutifs parmi les 10 % les plus pauvres. Selon l’OCDE, le revenu disponible médian des ménages américains est désormais supérieur de 25 % à celui des ménages allemands et de 60 % à celui des ménages italiens.
Il y a environ 30 ans, l’économie américaine était à peu près au même niveau que celle de l’Europe. Aujourd’hui, elle la dépasse d’environ un tiers. Il y a quelques années, presque tout le monde pensait que la Chine allait devenir la première économie mondiale, devant l’Amérique. Non seulement cela n’est pas arrivé mais au cours des cinq dernières années, l’écart global entre les deux, mesuré par le produit intérieur brut, s’est creusé de plusieurs milliers de milliards de dollars. Ces dernières décennies, la productivité du travail aux États-Unis a progressé plus rapidement que celle de toute autre économie avancée. Les entreprises américaines représentent plus de la moitié des bénéfices mondiaux dans les secteurs de haute technologie, contre 5 % pour les entreprises chinoises. De même, alors que l’Europe a créé 14 entreprises valant plus de 10 milliards de dollars au cours des 50 dernières années, pour une valeur marchande totale d’environ 400 milliards de dollars, les Américains en ont créé près de 250, pour une valeur de 30 000 milliards de dollars.
M. Trump, retrouvez la raison et ne cassez pas cette dynamique !
10 commentaires
Les chiffres pour les USA ne concernent pas tout à fait une partie des électeurs de Trump. Mais la tactique (stratégie?) actuelle pourrait casser la domination qui a rapporté aux plus riches mondialisés sans remettre aux travail les déclassés de l’Amérique industrielle d’autrefois , trop chers, trop ramollis, mal formés…
Si, ça concerne les électeurs de Trump justement…
“Entre 1970 et 2023, la part de l’industrie dans le PIB est passée de 23 % à 10.3 % et l’emploi n’y représente aujourd’hui que 8 % du total de l’emploi aux Etats-Unis.”
C’est ce que Trump considère comme non viable à long terme pour son pays ! Peut on lui donner tort ?
Il a tort car l’Amérique ne s’est jamais autant enrichi depuis…
Le libre échange n’a de sens que si il y a loyauté des échanges.
Une pure taxe aux importations n’a aucun sens.
Par contre ce qui a un sens c’est la correction des distordions de concurrence qui doivent être corrigées
Exemple: si un pays exportateur n’impose pas les mêmes charges sociales que le pays qui importe, il est légitime qu’a l’entrée des marchandises ce dernier corrige cette distorsion à la hauteur de la différence.
Si les mêmes charges sont appliquées des deux cotés, alors il n’y a aucune raison de corriger quoi que ce soit.
Quand on aura compris que depuis quelques décennies la politique est devenue le refuge des imbéciles éloquents on cessera de se poser des questions sur la logique de leurs décisions!
Il faut baisser les charges, pas demander à l’autre partie d’appliquer les mêmes charges.
Certes, mais la logique demeure, et elle doit jouer dans les deux sens pour des échanges loyaux.
Comment réconciliez vous ces chiffres avec la réalité des « red necks »..?
Certes ces indicateurs sont positifs mais ils correspondent à une situation moyenne. Ce n’est pas pour rien que Trump a été élu sur un programme protectionniste. Et nombre d’américains (et de français) ne se considèrent pas comme « gagnants » dans la mondialisation.
D’autant plus que la mondialisation heureuse semble s’essouffler et que ce qui était vrai il y a 10 ans ne le sera peut être pas dans 10 ans, notamment l’idée que les spécialisations régionales ont des impacts globaux positifs
Vous connaissez beaucoup de gens qui reconnaissent qu’ils sont “gagnants” ?
Les Etats Unis étaient et demeurent une grande puissance . Trump ne fait que renverser ls pions sur l’échiquier simple histoire de renégocier tout avec tout le monde. Face à une troupeau d’adhérents de la mondialisation heureuse il était difficile de leur montrer leur erreur.
Dans le fond vous avez raison les USA sont grands gagnants et continueront de le rester car ils savent ce que négocier veut dire.