Point de scrupules à avoir en se lançant dans ce magnifique dialogue intérieur d’Haru Ueno, jeune Japonais, amoureux du beau, à qui tout réussit, mais qui se perd dans les méandres de la réalité. Sa passion pour le commerce de l’art et les amours volages,  il la doit à son ami potier aussi talentueux qu’accroc au saké. Et c’est là d’où part la réflexion de Muriel Barbery qui, en adoptant à merveille la lenteur du style japonais, nous fait suivre   les multiples étapes d’Haru. Certes la beauté des formes, révélée par Keisuke, se trouve dans ses poteries. Mais celles-ci, ne sont-elles pas le simple reflet de la souffrance du potier due à la mort de ceux qu’il aimait ? De même, la grâce de la mère d’Haru ne réside-t-elle pas dans sa joie intérieure résumée en cinq mots « Même les pauvres sont riches », réflexion qui va poursuivre longtemps son fils ?
Car quelle que soit la beauté des formes et la gaieté des siens, rien ne le console de la distance d’une enfant illégitime qu’il n’a pas le droit de reconnaître. C’est alors que la quête de la beauté d’Haru prend une tout autre direction, celle de la paternité aimante mais sacrifiée, celle où « l’ailleurs est ici » et le véritable voyage, celui entre la solitude et l’illumination finale. Si vous aimez les promenades solitaires sous les cerisiers enneigés et le retentissement du gong pendant que frères et amis s’époumonent et s’enivrent sous la protection des ancêtres, alors vous aurez plaisir à prolonger « Une heure de ferveur »…