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Annie Ernaux ou quand un prix Nobel dynamite le libéralisme

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Les Français ont fait les beaux jours des différents prix Nobel. On devrait donc se réjouir que l’institution de Stockholm distingue une nouvelle fois l’un de nos compatriotes. Sauf que le dernier prix Nobel de littérature, Annie Ernaux, n’a cessé ces dernières années d’effectuer des déclarations peu reluisantes. Ce n’est pas son discours de réception du prix prononcé le 7 décembre qui en rehaussera le niveau.

La littérature comme politique

Nous n’avons jamais lu d’ouvrages de Annie Ernaux et nous nous garderons bien d’en juger a priori. En revanche, nous n’avons pas été sourd à ses diverses sorties dans le domaine politique. Et comme Annie Ernaux considère que la littérature est indissociablement politique, nous sommes à notre corps défendant confrontés à son œuvre littéraire.

Dans son discours de réception du prix Nobel décerné  le10 décembre 2022, elle déclare pour caractériser l’évolution de son travail d’écriture : « venger ma race et venger mon sexe ne feraient qu’un désormais ». Ce qui signifie que son travail d’écriture est à la fois « social et féministe ». En effet, d’une extraction modeste et victime du machisme de la France à l’âge des ténèbres (soit avant 1981 pour ceux qui, en cette période de pénurie, auraient oublié l’ère des lumières…), Annie Ernaux relie la souffrance des humbles, victimes de l’immonde capitalisme, et celles des femmes, victimes du conservatisme phallocrate.

En ce sens, la littérature n’est jamais neutre. Elle est politique, car tout est politique : « Comment ne pas s’interroger sur la vie sans le faire aussi sur l’écriture ? Sans se demander si celle-ci conforte ou dérange des représentations admises, intériorisées sur les êtres et les choses ? Est-ce que l’écriture insurgée, par sa violence et sa dérision, ne reflétait pas une attitude de dominée ? ». Le lecteur aura reconnu ici l’écho très en vogue du féminisme gauchiste qui apparie lutte des femmes et lutte des classes.

De là, les multiples prises de position de l’écrivaine (selon l’horrible mot aujourd’hui utilisé : les mots ne sont peut-être pas « neutres », mais ils peuvent être laids…), que nous préférons écrire « écri vaine » en deux mots. Le 16 octobre 2022, elle défilait contre la vie chère au bras de l’un de nos hommes politiques tout à la fois les plus modérés et les plus profonds : l’inénarrable Jean-Luc Melenchon. Une preuve de qualité et de lucidité saluée comme il se doit par une bonne partie de notre presse écrite et parlée.

L’antilibéralisme comme leitmotiv

Une nouvelle fois, son discours de réception, très politique, ne manque pas de s’ingérer dans l’actualité la plus immédiate. Après avoir vitupéré avec force subtilité la guerre « impéraliste » de Vladimir Poutine, Annie Ernaux s’inquiète avec autant de finesse de la « montée d’une idéologie de repli et de fermeture ». S’agirait-il d’une critique larvée des régimes socialistes ? Que nenni ! puisque l’appréciation concerne les pays « jusqu’ici (sic) démocratiques ». Une idéologie « fondée sur l’exclusion des étrangers et des immigrés, l’abandon des économiquement faibles, sur la surveillance du corps des femmes ». Immigrés, pauvres, femmes, même combat ! Il nous semblait pourtant que, jamais dans toute son histoire, la France n’avait accueilli autant d’immigrés qu’aujourd’hui. Il nous semblait également que le « modèle social » français se caractérisait par l’Etat-providence le plus achevé qui soit.

Toutefois, il manque de manière surprenante à ce tableau l’écologisme politique qui constitue la nouvelle pensée unique contemporaine. Que le lecteur se rassure, il se trouve un paragraphe plus bas ! Annie Ernaux partage alors la victoire, « collective » bien entendu, de son prix, avec « ceux et celles (étrange que les hommes soient cités en premier…) qui pensent aux générations à venir, à la sauvegarde d’une Terre que l’appétit du profit d’un petit nombre continue de rendre de moins en moins viable pour l’ensemble des populations ». On ne savait pas que seuls ceux qui n’avaient pas un « appétit de profit » pensaient aux générations futures. On ne savait pas non plus que la Terre serait de moins en moins vivable, a fortiori pour l’ensemble des populations. Il nous semblait que la liberté permise par la libre initiative individuelle avait rendu le monde plus habitable et que, sans verser dans l’historicisme, le progrès technique qui s’en était suivi avait enrichi les individus dans le monde entier. Il nous semblait enfin que l’attention aux questions environnementales était un luxe permis justement par le développement économique exponentiel depuis le XVIIIe siècle dans l’ensemble des pays non socialistes de la planète, c’est-à-dire de ceux qui ne suivent pas les préceptes de Jean-Luc Melenchon, le héraut de notre brillante passionaria du gauchisme.

Triste prix Nobel décidément !

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8 commentaires

Socrate 13 décembre 2022 - 9:49

Elle écrit bien mais qu’elle arrête de pleurer sur son sort! Dans le style des expériences vécues, j’ai préféré le Mage du Kremlin! Bonnes fêtes à tous!

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Duhamel 13 décembre 2022 - 12:28

Cette chere Annie Ernaux va sûrement appliquer à elle même ces idées * gauchistes* et partager avec les pauvres femmes la prime qu’elle va gagner avec son Nobel . Elle devrait aller vivre quelque temps en Afghanistan ou en Iran , elle apprécierait que mieux en rentrant après quelques années la vie dorée offerte par notre chère France qu’elle critique tant .

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Annick Danjou 13 décembre 2022 - 5:15

Bravo

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Nicolas Carras 13 décembre 2022 - 5:36

Je suis né dans le monde artistico-culturel. Le pourcentage de gens vivant dans des constructions intellectuelles déconnectées de la réalité observable y est très élevé. La rigueur intellectuelle basée sur une rigoureuse observation de la réalité substantielle n’est pas de mise. Ce milieu s’est totalement sectarisé, a été gangréné en profondeur par le gauchisme culturel. Une secte.

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JEAN LUC RIVIERE 13 décembre 2022 - 8:43

Extraction modeste ! Elle exagère en fait cette modestie. À cette époque, période de reconstruction après la guerre, la grande majorité des Français étaient de condition modeste et seraient probablement considérés comme des pauvres aujourd’hui. Et puis ses parents étaient des commerçants, petits commerçants certes et de culture populaire. Se culpabiliser parce qu’on a quitté ce milieu est d’une bêtise insigne. Car l’espoir des parents dignes de ce nom était que leurs enfants aient une meilleure situation et ils ne pouvaient qu’être fiers que leurs enfants réussissent à acquérir une meilleurs situation que la leur et n’en voulaient certainement pas à leurs enfants de ne pas avoir les mêmes références. Qui plus est, cette femme, qui est devenue ce qu’on appelle une bobo nantie passe son temps à se plaindre de ce qu’elle a dû faire comme tous les gens de sa nouvelle classe sociale alors que personne que je sache ne l’a forçait à faire comme tout le monde. On voit là simplement son manque volontaire d’indépendance d’esprit de l’époque et ce n’était que sa responsabilité. D’ailleurs, elle croit s’être libérée par ses mots (mal écrits) alors qu’elle ne fait qu’arborer un conformisme bien-pensant moutonnier.

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Candide 06 14 décembre 2022 - 9:45

C’est faire bien trop d’honneur à cette écri-vaine que de lui consacrer un de vos articles (et même un instant de réflexion), Monsieur Feldman, je crois…
Pourquoi abonder son « parlez de moi en bien, parlez de moi en mal, mais parlez de moi » ?

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AlainD 15 décembre 2022 - 6:32

« Venger sa race et son sexe » N’est ce pas là du ressentiment ? Jusqu’à présent j’avais la naïveté de penser que le prix Nobel ne récompensait pas quelque vindicte. J’ai dû me tromper…

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JR 16 décembre 2022 - 9:22

Bonjour, il est fort à parier qu’elle soit complice de la bande d’escroc qui prêche la néo-religion carbo-climatique : https://climatetverite.net/2022/11/23/la-fabrication-du-consentement-le-pass-carbone-arrive/ Merci. Bien à vous

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