« Jamais nous n’avons eu autant besoin des paysans, jamais nous ne les avons autant maltraités. » Voilà la phrase qui peut résumer ce qui a donné envie à Sylvie Brunel, géographe et spécialiste des questions de développement durable, d’écrire ce livre. Se voulant comme un manifeste pour le monde agricole, il dresse un panorama des difficultés de l’agriculture française et mondiale, ainsi que des enjeux futurs auxquels les agriculteurs seront confrontés.
Dénonçant l’agribashing, Madame Brunel démontre que l’agriculteur est non-seulement le nourricier (malmené) de la planète, mais aussi un acteur important, si ce n’est crucial, dans l’adaptation à l’évolution climatique que nous connaissons. Chef d’entreprise, l’agriculteur est à la fois un magicien de la nature qui réussit à créer de la nourriture et un chevalier qui triomphe de la météo, des ravageurs, et aussi des « critiques que tous ceux qui ne comprennent pas la complexité de son travail ». Avec le développement de la méthanisation, le paysan devient énergéticien. Contre les incendies, son action est également essentielle. L’agriculteur est multi-facette.
Dans cet ouvrage, la géographe alerte : « Entre la segmentation des régimes alimentaires (sans gluten, sans lactose, sans viande, sans produits d’origine animale, bio, locale, en circuit court…), particulièrement marquée au sein des populations urbaines, éduquées et à pouvoir d’achat élevé, et les peurs des citoyens tisonnés par les médias et des organisations sentinelles, qui les rendent obsédés, désormais, par la question des pollutions chimiques, tout en oubliant le danger des contaminations bactériologiques [naturelles donc] d’hier, produire de la nourriture en répondant à la fois aux attentes des marchés et à des normes de plus en plus exigeantes, est devenu de plus en plus compliqué. » (p. 139) A force de méconnaître les exigences de l’agriculture, l’être humain occidental pourrait redécouvrir quelque chose qu’il n’a pas connu depuis longtemps : se nourrir quotidiennement et en toute sécurité peut redevenir un problème.
Pour terminer son ouvrage, Sylvie Brunel s’attache à rappeler des données importantes, qui démontre notamment la chute des exportations agricoles françaises, la très mauvaise santé de l’élevage (en particulier laitier) en France, ou encore la baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires.
La France a des atouts pour être une puissance agricole, comme elle l’était il n’y a pas si longtemps. Elle « ne doit pas accepter de se désagriculturaliser ».
Nous pouvons ajouter un point majeur au livre de Madame Brunel : pour améliorer le sort de l’agriculture française, il faut la libérer des contraintes administratives superflues, de la lourdeur de l’Etat, d’un droit du travail complexe, des taux diverses d’imposition, de droits de succession et de taxation élevés, d’une réglementation anti biotechnologies végétales, des normes abusives et des contrôles arbitraires qui en découlent. La liberté et l’innovation sont les alliées de l’agriculture de demain. Plutôt que de mettre en place un service civique agricole comme le propose l’auteur, qui serait plus un fardeau pour des agriculteurs experts dans leur domaine et non animateurs de colonies de vacances au frais du contribuable, c’est une bataille intellectuelle qu’il faut mener en luttant d’une part contre l’écologisme décroissant et réactionnaire, et d’autre part contre les nuisances des administrations, de l’Etat et de l’Union européenne.
2 commentaires
OK pour alléger les contraintes administratives, normatives, fiscales qui pèsent sur le monde agricole français.
Cependant voici mes remarques pour contribuer au débat:
I) Il apparaît qu’une bonne partie de la production agricole sert à la fabrication de produits alimentaires INDUSTRIELS ULTRA TRANSFORMÉS.
Or ces produits alimentaires INDUSTRIELS ULTRA TRANSFORMÉS seraient liés à de vrais risques pour la santé.
Leur consommation intensive génère des problèmes de SANTÉ PUBLIQUE (obésité, diabète, hypercholestérolémie, …), occasionne un risque plus élevé de maladies chroniques (cancers, maladies chroniques de l’intestin, maladies inflammatoires auto-immunes…) et pourrait être un facteur de baisse des défenses immunitaires, de perturbations du système endocrinien…..
Il y aurait lieu de s’interroger sur la MORALITÉ des agriculteurs qui fournissent les industriels de la transformation alimentaire.
II) une autre part (non négligeable) de la production agricole sert à produire des aliments pour les animaux et principalement le bétail.
Est-ce une bonne chose pour le réchauffement climatique dont on nous rebat les oreilles?
Les agriculteurs concernés se sont-ils posé la question?
III) Maintenant « Nourrir l’humanité » est devenu un DEVOIR, un sacerdoce pour les « nouveaux agriculteurs » :):):)
Or l’humanité a quintuplé en l’espace d’une vie de « boomer ».
La surpopulation en Afrique (2 Mds d’individus) est démentielle.
Elle occasionne les phénomènes migratoires vers l’Europe qui sont générateurs de tensions.
Ces tensions pourraient aboutir à des guerres civiles.
Auparavant les paysans se contentaient de nourrir les populations locales qu’ils côtoyaient.
Ces « nouveaux agriculteurs » plutôt que de faire du « BUSINESS » en EXPORTANT leurs productions, ne seraient ils pas plus avisés d’investir sur ce continent et de former sur place leurs homologues?
En conclusion je perçois ce livre et cette communication comme un plaidoyer pour une AGRICULTURE française PRODUCTIVISTE qui est au service du secteur ULTRADOMINANT (et prospère!) des INDUSTRIELS de la TRANSFORMATION ALIMENTAIRE.
« La surpopulation en Afrique (2 Mds d’individus) est démentielle. »
Surpopulation… Démentielle… Les gens font des enfants, les conditions de vie s’améliorent, avec une hausse de l’espérance
de vie. Qui êtes-vous pour dire que cela est démentiel et parler en termes de surpopulation ?
« Elle occasionne les phénomènes migratoires vers l’Europe qui sont générateurs de tensions. »
C’est le fait de faire des enfants qui occasionnent des phénomènes migratoires ?
« Est-ce une bonne chose pour le réchauffement climatique »
Ce que font les agriculteurs dont vous parlez, a un impact sur le climat ? Pouvez-vous m’expliquez comment ?
« En conclusion je perçois ce livre et cette communication comme un plaidoyer pour une AGRICULTURE française PRODUCTIVISTE qui est au service du secteur ULTRADOMINANT (et prospère!) des INDUSTRIELS de la TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. »
En conclusion, vous n’avez pas lu le livre, et votre commentaire est plein de préjugés.