Dans deux récents articles, nous avons examiné les impossibilités physiques et les forts risques de pertes financières induits par une transition écologique dirigiste et ignorante. Cependant, la transformation progressive des entreprises de l’énergie en un secteur dégagé de l’obligation d’être le plus efficient possible porte en elle d’autres dangers pour notre prospérité future.
L’évolution du secteur privé de l’énergie : le pire du public, sans les avantages du privé
Rappelons qu’il existe deux modèles de production de ce que nous consommons : Le modèle capitaliste concurrentiel et le modèle étatique à financement garanti. Si les deux peuvent produire une valeur ajoutée « brute », seul le secteur privé le fait en préservant et améliorant la valeur de son capital productif, la concurrence le forçant à s’améliorer en permanence. En revanche, le secteur public peut imposer son prix à la société via l’impôt, et faute de concurrence, peut fournir un service de mauvaise qualité sans crainte d’être éjecté du marché. Et comme il est incapable d’être profitable, il doit régulièrement opérer une ponction sur le secteur productif pour éponger ses pertes et permettre de renouveler son capital, lequel tend malgré tout à tomber en décrépitude. L’expérience montre que le modèle étatique détruit en moyenne un euro de capital quand le privé en crée deux.
De ces constats, on peut aisément déduire que l’intérêt d’une société est d’avoir la plus grande part de ses services produits par un secteur capitaliste concurrentiel et efficace.
Or, l’évolution du secteur de l’énergie, liée à l’introduction, massive et législativement contrainte par l’Etat, d’énergies renouvelables, conduit à transformer progressivement les entreprises privées, capitalistes sur le papier, en institutions « quasi-étatiques » protégées de la concurrence, assurées de vendre leur production, fût-elle de qualité médiocre.
En effet, l’électricité produite par les éoliennes ou les panneaux solaires est non compétitive par rapport aux énergies existantes, d’où des tarifs de rachat fixés par la loi supérieurs au prix de marché, et elle est de mauvaise qualité puisque contrairement à ses concurrentes pilotables, on ne peut ajuster sa production à la demande. Les coûts nécessaires pour transformer cette énergie « basse qualité » aléatoire en énergie « haute qualité » pilotable sont supportés par ses concurrents efficients, puis transférés aux consommateurs d’énergie, nous et nos employeurs. Ainsi, le prix grand public de l’électricité française a augmenté de 53% hors inflation (92% en nominal) entre 2008 et 2023, alors que le lobby des énergies renouvelables affirme qu’il baisse ses coûts directs.
En imposant et en subventionnant une part croissante de renouvelables, les Etats avantagent une catégorie de producteurs qui, tels des services étatiques, fournissent un produit de basse qualité, détruisent de la valeur, et sont renfloués par une ponction croissante sur les secteurs productifs de la société. La seule différence entre ce secteur pseudo-privé et l’État est que ses dirigeants et cadres supérieurs peuvent se rémunérer comme des cadres d’entreprises multinationales, très au-dessus des salaires des hauts fonctionnaires.
 De l’esprit d’entreprise à l’esprit de « kleptocratie »
C’est donc toute une classe de dirigeants qui se transforme en réseau de connivence, plus occupés à aspirer des subventions qu’à créer de la valeur. Une preuve nous en a été fournie récemment par le secteur éolien Offshore britannique : se rendant compte que les subventions qu’il avait négociées il y a quelques années n’étaient pas suffisantes pour couvrir des coûts qu’il avait alors mal estimé, il a exercé un lobbying appuyé pour obtenir une hausse de ses contrats, et a gagné, son gouvernement lui accordant 66% d’augmentation de ses subventions, que les consommateurs-contribuables paieront.
L’énergie étant au cœur de toute l’économie, ces comportements se diffusent à d’autres secteurs. Ainsi par exemple, les établissements de crédit sont amenés à juger de la qualité d’un investissement lié à l’énergie non pas sur la qualité du produit fourni au client, mais sur la capacité de l’entreprise à décrocher durablement les sacro-saintes subventions de l’Etat. La transition énergétique se diffusant dans toutes les entreprises, c’est tout le secteur productif qui adopte des stratégies de chasseur de subventions (exemple caricatural : l’investissement dans la filière hydrogène), privant de ressources l’activité réellement privée créatrice nette de valeur.
Les mauvais acteurs chassent les bons
Pire : les concurrents efficients de ces filières boiteuses, confrontés à cette concurrence déloyale, voient les débouchés de leur production s’effriter, menaçant leur rentabilité. Citons l’ex-PDG d’EDF, Henri Proglio :
« Aujourd’hui, le marché de l’électricité en Europe (…) est un faux marché (…), puisque cette énergie qu’on a déjà payée par des subventions arrive lorsqu’on n’en a pas besoin et du coup détruit son équilibre économique. Le résultat est que le prix de marché (…) dont ne bénéficient d’ailleurs pas les consommateurs, ne permet plus de faire un seul investissement dans aucune technologie qui soit rentable. Ni hydraulique, ni thermique, ni nucléaire, rien n’est rentable aujourd’hui ».
Enfin, nombre de talents, financiers, ingénieurs, techniciens, sont tentés d’aller rejoindre le secteur subventionné, moins exigeant en termes de résultats, et très rémunérateur. Ces brillants esprits auraient pu créer des biens et services dans le système privé efficient. Ils en sont détournés au profit de la nouvelle « kleptocratie » destructrice de valeur.
Conclusion
Conséquence du fait que le secteur de l’énergie et de sa chaîne logistique et financière est victime du capitalisme de connivence, c’est que nous payons notre électricité beaucoup plus cher qu’il y a 20 ans, et encore la France, grâce à son parc nucléaire historique, est-elle mieux placée que d’autres pays européens de ce point de vue.
Non seulement cette tendance va se poursuivre, mais demain, le poids croissant des renouvelables risque de menacer la sécurité même de nos approvisionnements électriques, puisque les producteurs d’énergies fiables seront de plus en plus victimes d’effet d’éviction.
Or l’énergie, répétons-le, est au cœur de tout ce que nous produisons et consommons. Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que la politique de transition écologique à marche forcée détruit un des piliers fondamentaux de notre prospérité.
3 commentaires
Un ancien directeur de EDF à affirmé qu’un kilowatt ne coûte pas plus cher à produire aujourd’hui qu’il y a 10 ans
Avec 0,85% du CO2 mondial la France n’aura jamais le moindre effet sur le changement climatique. Vous pouvez mettre à zéro la production française de CO2 le résultat sera quasiment nul. Tout cela n’est que prétextes pour tous les adepte malhonnêtes du totalitarisme qui trompent le peuple en agitant de fausses peurs. Encore une foi nos « politiques » intelligents se trompent de combat.
Excellent article !