L’histoire se passe sur une terre agonisante, celle des bolchéviques qui font régner la terreur et la famine sur la vieille Russie. « Je vais vous apprendre à tuer vite » répétait le commissaire aux jeunes soldats , plus gamins squelettiques que troufions courageux. Maria, jeune infime, va essayer de survivre. Son physique repoussant dont se moquent les voyous n’empêche pas son grand cœur d’aimer, que ce soit les animaux de la ferme, ou les enfants de l’orphelinat dont elle se sentira responsable jusqu’à leur dernier souffle. C’est dans l’acceptation de son infériorité qu’elle va puiser sa force morale. Un seul sourire réconfortant lui suffit pour surmonter la vue des cadavres qui jonchent le sol gelé, le nombre de veuves russes, l’extermination  des moines, les culs-de-jatte de retour de la guerre de Finlande, le moignon de Vania …
Mais il faut s’enfoncer toujours plus loin dans les steppes, dépasser Yaroslav ,Novgorod, Peterhof, le blocus de Leningrad, et sentir le froid et la famine toujours plus mordants et la mort imminente. Le but de l’auteur semble n’être autre que le déploiement d’une fresque de martyrs innocents peinte par une enfant qui deviendra adulte avant l’heure. Le style, ingénu au départ, devient de plus en plus poignant, dialecte et poésie s’alternent. Dans ce paysage de glace , on ne retiendra que la pureté immaculée de Maria, d’où le joli titre éponyme « L’agneau des neiges ».