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L’Etat crée une pénurie de médicaments. La gauche veut la renforcer

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De nombreux médicaments sont indisponibles en pharmacie, et le gouvernement accuse les firmes pharmaceutiques de créer la pénurie en transférant leurs productions à l’étranger. Il veut assurer notre souveraineté sanitaire en imposant à ces entreprises de fabriquer en France. Pour sa part, le Nouveau Front populaire veut créer un pôle public du médicament pour reprendre la main sur la gestion de santé et renforcer les obligations de stocks. Il envisage la nationalisation de SANOFI ! Ils vont plutôt renforcer la pénurie, alors qu’ils devraient plutôt s’interroger sur ses vraies causes. Contrairement à ce que dit le RN, la mondialisation est sans doute moins souvent la cause de la pénurie que sa solution. A cet égard, le cas Servier est exemplaire.

La politique du veto

La société Servier, qui reste l’un des grands laboratoires français malgré ses déboires judiciaires, souhaite aujourd’hui céder sa branche de production de médicaments génériques, Biogaran. Cette filiale qui produit, en sous traitance, 50 % de ses médicaments en France et 90 % en Europe, est leader dans son domaine et vend un générique sur trois en France.

Trois candidats à l’achat semblent susceptibles d’être retenus par Servier : les groupes indiens Aurobindo et Torrent, le patron de ce dernier ayant été invité en mai à Versailles dans le cadre de Choose France, ainsi que le fonds d’investissement britannique BC Partners.

En vertu du contrôle exercé par Bercy sur les investissements étrangers, M. Le Maire a fait savoir qu’il pourrait s’opposer à cette cession : « Nous examinons toutes les offres de reprise. Nous n’accepterons pas, a-t-il dit, de repreneur qui ne garantira pas de manière absolue la sécurité d’approvisionnement sur les génériques, le maintien des sites de production et les salariés qui vont avec. Sinon j’y mettrai mon veto ». Mais un veto ne serait qu’une gesticulation politique qui ne résoudrait pas les difficultés du marché français des médicaments.

Des entreprises asphyxiées

Si les laboratoires pharmaceutiques français ne veulent plus produire en France et s’ils achètent à l’étranger, c’est qu’ils sont asphyxiés par les impôts et les réglementations. Une étude publiée le 2 mai dernier par l’organisation professionnelle « les Entreprises du médicament en France » (le Leem) souligne que « la France reste le “leader” européen des prélèvements généraux et sectoriels ». Dans l’Hexagone, y est-t-il constaté, la part de prélèvement sectoriel appliquée à l’industrie pharmaceutique est de 88 %. Au Royaume-Uni, elle est de 74 %, en Allemagne de 43 %, en Espagne de 53 % et en Suisse de 3 %. Est notamment visé le prélèvement particulier infligé à l’industrie pharmaceutique française sous le nom de « clause de sauvegarde », qui oblige les laboratoires à reverser une partie de leurs bénéfices à l’Assurance maladie lorsqu’ils dépassent une certaine somme. Le résultat est qu’en Europe, la France, 1er producteur de médicaments en 2008, est désormais en 6ème position derrière la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni !

Ces observations du Leem sont confirmées par Pascal Soriot, PDG du laboratoire anglo-suédois Astrazeneca. Interrogé dans Le Figaro des 25/26 mai 2024, il indiquait qu’il préférait produire ses médicaments dans les pays où il pouvait les commercialiser, regrettant qu’en France ce soit de plus en plus difficile compte tenu que leurs prix ne cessent d’y baisser, « ce qui est devenu un handicap ». Il y a selon lui des pénuries en France parce que les principes actifs sont souvent produits en Inde par deux ou trois fabricants qui, en cas d’excès de la demande, choisissent naturellement de servir d’abord les pays qui achètent au meilleur prix. La France ne peut rivaliser, à cause de sa politique de prix bas imposés par le gouvernement et la Sécurité sociale. Et, toujours selon lui, rapatrier la production des principes actifs en France n’est pas possible car elle reviendrait trop cher, risquant de  tripler le prix des médicaments existants. La seule solution est d’innover, pour autant que les profits des laboratoires le permettent et que les contraintes réglementaires n’alourdissent pas trop les délais et les coûts !

La fuite hors d’Europe

Les entreprises pharmaceutiques préfèrent donc produire et vendre en Chine où les prix sont sous pression mais où les coûts de production sont faibles et le marché immense, ou aux Etats-Unis où le prix des médicaments est attractif et l’innovation encouragée.

En France, le contrôle des prix des médicaments via les taux de remboursement est un frein qui s’ajoute aux normes et aux taxes débridées pour écarter les industriels du marché et favoriser la pénurie. Pour le moins les industriels de la pharmacie se recentrent sur les produits à plus forte valeur ajoutée. Ainsi, le britannique GSK s’est définitivement séparé de ses produits de santé grand public (Voltarène, Advil…) et Sanofi (Doliprane) fait de même.

Il faudrait donc changer de politique fiscale, réglementaire et tarifaire en France pour y attirer des industriels du médicament plutôt que de leur asséner des oukases qui les font fuir.

Il faudrait sans doute aussi rendre les assurés plus responsables de leur consommation. L’accès au médicament y est trop facile, observait encore Pascal Soriot : « Les gens ne paient presque rien. Je suis franco-australien. En Australie, qui n’est pas un pays au capitalisme débridé, les gens paient 10 ou 12 dollars par boîte de médicament. Cela responsabilise le patient et évite la surconsommation ».

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9 commentaires

Roven 24 juin 2024 - 7:45

L’État ayant réussi à mettre à terre l’ensemble des services publics, que pourrait-t-il bien faire désormais ?
– Les redresser ?
– Incapable ! Il ne lui reste plus qu’à mettre par terre les entreprises privées, c’est facile, il suffit de les contraindre encore plus et de les nationaliser…
A moins qu’elles fuient la France ?

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Papili-Aussi 24 juin 2024 - 9:07

Bien sûr, fabriquer des génériques en France est très bien, mais il s’agit de mettre des « poudres », des principes actifs, en formes de comprimés par exemple et de les mettre sous blisters et en boites.
Mais pour faire la « poudre », le principe actif. Il faut de la chimie, et je suis un peu vilain, je vous l’accorde, depuis le démentèlement de Rhone-Poulenc, il n’y a plus de chimie en France.
Et ce ne sont pas les verts de toutes les tendances qui vont rapatrier pétrole et chimie en France.

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François Martin 24 juin 2024 - 9:50

La France est un “enfer fiscal“ les entreprises délocalisent pour ne pas mourir.

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Esentielliste 24 juin 2024 - 10:09

Tout cela est parfaitement exact et montre comment l’Etat français tente par tous les moyens de
ponctionner la branche pharmaceutique française pour faire baisser par la contrainte le prix des
médicaments et de plus assécher les bénéfices de ces entreprises sur le sol français.

Mais il y a encore une autre façon d’agir sur les laboratoires, c’est de soumettre tous les ans ceux-ci
à la fixation autoritaire du prix de la plupart des médicaments.
La pression va jusqu’à exiger des baisses de prix qui ne permettent plus aucune marge voir parfois
se situent au dessous du prix de revient, auquel cas le laboratoire ainsi ponctionné préfère ne plus
assurer la vente de son médicament à l’Etat.
Voilà la façon dont le Ministère de la Santé agit avec le soutien de Bercy pour le Bien être des finances
de la sécurité sociale!

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[Insert here] delenda est 24 juin 2024 - 10:13

Comme M Soriot, je suis aussi Franco-Australien.

J’ai de la peine à penser de qqch, à part les investissements nucléaire, que la France ne pourrait pas mieux faire en s’inspirant de l’Australie.

J’exagère un peu, car tout n’est pas si mal, mais à peine.

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Ear 24 juin 2024 - 11:48

C’est du jamais vu !!!
Et aussi une non assistance à personne en danger
Les gens ont besoin de médicaments pour assurer leur traitement parfois très grave et à cause des taxes et autres problèmes financiers de l’état qui ne cesse de ponctionner les laboratoires ces derniers ne font plus leur travail ici en France.!!! J’ai connu les produits princeps qui était avec vignette dessus et il n’y avait pas de problème comme maintenant !! Nous finirons par en mourrir et nos pharmacies disparaîtront nos médecins aussi peut être il y’aura des gens qui pratiquerons la médecine par les plantes et l’avis médical par personne capables mais de moins en moins diplômés d’accord pas de remboursement mais l’état ne touchera plus autant non plus ..!!!!!!! C’est très très grave
La France est décadente c’est un enfer fiscale et nous le devons à nos dirigeants

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Jean-Philippe HUBIN 24 juin 2024 - 12:03

vous avez parfaitement raison les gens ont pris des habitudes de recherche des prix les plus bas possible alors qu’ils devraient chercher à accroitre leurs propres recettes . Leclerc e et les politiques en sont grandement responsables comme tous ceux qui veulent tire les prix vers le bas alors qu’il faut tirer les revenus vers le haut (ex. suisse est probant)

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ORILOU 24 juin 2024 - 6:21

Il y a effectivement non assistance aux personnes en danger. A propos prix : Les médicaments homéopathiques peu coûteux et cependant efficaces dans bien des cas ne sont plus remboursés. Ils étaient fabriqués en France par les laboratoires Boiron ! Nous n’avons plus guère d’industrie Chimique, l’industrie pharmaceutique a du souci à se faire. L’industrie automobile aussi. Ne parlons pas du bâtiment qui n’en peut plus des normes et règlements fluctuant au gré des ministères et officines politico-écologiques. Le tout abreuvé avec des taxes, impôts de toutes sortes. A force de marcher sur la tête, les Français n’auront bientôt plus de boite crânienne.

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Dudufe 25 juin 2024 - 1:08

Pourtant le laboratoire fabriquant la Lamotrigine (pour soigner l’épilepsie) a augmenté le coût de fabrication en ajoutant (depuis quelques mois) une couche de papier au dos de la plaquette très difficile à ôter sinon le comprimé reste bloqué dans son alvéole.

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