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Pour lutter contre les déserts médicaux, la liberté d’installation fonctionne mieux que la contrainte

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Lundi 12 juin, une nouvelle proposition de loi sur les déserts médicaux était débattue à l’Assemblée : la loi Valletoux. Elle dresse le constat d’un système de santé « complexe, suradministré et historiquement trop centralisé », tout en imposant des contraintes supplémentaires aux médecins libéraux : renforcement du contrôle de l’administration sur les cliniques privées, obligation d’assurer des gardes dans les établissements de santé publics et privés, interdiction de l’intérim en début de carrière, obligation pour tous les professionnels d’adhérer aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), etc. Certes, le projet de loi facilite l’installation des médecins étrangers sur le territoire pour compenser la pénurie, sans pour autant améliorer la situation des nationaux, ni l’attractivité de la filière pour les jeunes médecins.

Pour les représentants de la profession, ces amendements actent la fin de leur liberté d’installation : entre le renforcement des pouvoirs de l’administration (conseils territoriaux de santé, communautés professionnelles territoriales de santé, services d’accès aux soins, groupements hospitaliers de territoires), les tâches bureaucratiques et les réunions inutiles, les professionnels risquent d’en venir à choisir une autre activité si « on les oblige à s’installer où ils ne veulent pas aller » selon le Dr Agnès Gianotti, présidente du syndicat des médecins généralistes MG France. Le réflexe qui consiste à contrôler la liberté d’installation repose sur un postulat erroné : c’est à force de les contraindre à exercer là où ils ne le souhaitent pas, dans des zones marquées par un manque d’infrastructures, de services, voire de sécurité, que le législateur renforce les déserts médicaux.

La substitution du numerus clausus par le numerus apertus en 2021, qui implique un nombre minimum d’étudiants, n’est qu’une libéralisation apparente. L’administration, en l’occurrence les agences régionales de santé (ARS) continuent d’exercer un certain contrôle sur l’offre médicale. C’est pourquoi, à l’IREF, nous soutenons l’introduction d’une dose de privatisation dans notre système de santé, y compris dans les formations dans des universités privées : moins de régulation administrative signifie plus de liberté de choix pour les professionnels. La décentralisation sans la débureaucratisation ne sert à rien. Pour lutter contre les déserts médicaux, nous pouvons très bien imaginer un monde dans lequel les établissements de santé, la médecine privée et les universités s’accordent librement pour répondre aux besoins de certaines zones géographiques.

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4 commentaires

Vauchot 13 juin 2023 - 5:17

Sauf erreur de ma part, pharmaciens et infirmiers ne peuvent pas s’installer n’importe où. Pourquoi les médecins en seraient exemptés?

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ORILOU 13 juin 2023 - 2:51

D’un côté, on emploie trop de fonctionnaires dans les divers organismes censés s’occuper de la santé des Français, on fait montre d’ une incroyable générosité envers toute personne entrant légalement ou non dans notre pays.
De l’autre on refuse de payer les médicaments au juste prix, sans compter le tarif ridiculement bas auquel les consultations de nos généralistes sont remboursées par la sécurité sociale. Pour les médicaments, après avoir torpillé l’industrie pharmaceutique, on est dépendants de l’Asie. pour les médecins, on est en situation de pénurie. La perspective d’exercer un métier difficile dans des conditions peu satisfaisantes, face à une bureaucratie soupçonneuse et envahissante n’a rien de réjouissant.. Pour couronner le tout, il faudrait que des jeunes (ou moins jeunes) médecins s’installent là où le soviet suprême décide de les voir officier… Y COMPRIS DANS DES ZONES OU LEUR SECURITE n’EST PAS ASSUREE ? Les mesures coercitives n’arrangeront pas les choses. On ne compte déjà plus les vétérinaires qui préfèrent le statut de salariés à celui d’indépendant… et les zones blanches qui manquent de praticiens. A qui bon former plus de médecins s’ils préfèrent une carrière pépère de fonctionnaire ?

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Picot 13 juin 2023 - 4:51

En réalité le vrai but (caché) de la manoeuvre est de supprimer les médecins libéraux, ils doivent disparaître. Ce plan est en route depuis au moins trente ans et il marche très bien : pour un médecin libéral l’État a fait en sorte que sa vie soit un enfer, c’est absolument invivable et plus personne, à terme, ne voudra travailler ainsi. Mais s’ il accepte de travailler comme salarié dans les « maisons de santé » que l’on nous présente actuellement et qui sont, en réalité, les dispensaires d’autrefois, il n’ y aura plus de problème (35 heures, arrêts maladies, congés payés, accidents du travail, etc..) le toubib n’aura plus toutes ces contraintes (il en aura d’autres comme de devoir obéir à l’État le petit doigt sur la couture du pantalon). Les maisons de santé ont été mises en place depuis belle lurette en France par les libéraux. Mais ce sont des libéraux et dans notre beau pays nous n’aimons pas trop la liberté (et oui). Donc l’État prend la main. Et nous avons pu voir, avec le Covid 19 ce que cela donne : ces sont les « politiques  » qui disent aux médecins comment ils doivent soigner leurs patients : une catastrophe. Voyez donc comme avec l’argent public, c’est à dire celui qu’on prend dans notre poche, il est facile de régler les soucis. Les pharmaciens, infirmiers et autres professions de santé sont aussi dans le collimateur. Les Français n’aiment pas les libéraux? Ils vont être très déçus avec une médecine administrée.

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PhB 16 juin 2023 - 7:45

La Creuse est un bon exemple où l’incitation à l’installation de nouveaux médecin semble fonctionner.
Dans ce milieu rural, très peu dense, les patients ont un autre comportement que certains en ville où il y a pléthore de toubibs.
Cherchez l’erreur?
PhB

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