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La France droguée au déficit et à la dette

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Face à la crise des subprimes en 2008 et à la chute de Lehman Brothers, les banques centrales ont drogué les Etats en finançant sans limites leurs dépenses et leurs dettes. En Europe la banque centrale, BCE, a racheté 6 500Md€ de dettes publiques. Le monde politique s’est convaincu que les dettes publiques n’avaient plus d’importance, il a vécu de l’illusion qu’elles ne seraient pas remboursées. Mais la réalité s’impose toujours. Cette politique laxiste a été le terreau de l’inflation dont la pandémie et la guerre en Ukraine n’ont été que les déclencheurs.
L’Europe continue à s’endetter

Pourtant, le monde ne parvient pas se passer de sa drogue. Selon Eurostat, direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique à l’échelle communautaire, le déficit public a encore été de 5,1% en 2021 dans la zone euro et les pays du sud ont encore eu les ratios de dette sur PIB les plus élevés : 193,3% en Grèce, 150,8% en Italie, 127,4% au Portugal, 118,4% en Espagne, 112,9% en France. En 2021, tous les États membres, sauf le Danemark (+2,3%) et le Luxembourg (+0,9%), ont signalé des déficits, les plus élevés ayant été enregistrés à Malte (-8,0%), en Grèce (-7,4%), en Lettonie (-7,3%), en Italie (-7,2%), en Roumanie (-7,1%), en Espagne (-6,9%), en Hongrie (-6,8%), en France (-6,5%) et en Slovaquie (-6,2%). La pandémie et la guerre ont encore bon dos pour justifier la continuation de ces dérapages par rapport aux normes européennes.

L’Union européenne a inventé un nouvel instrument pour répondre à cette situation, le Transmission Protection Instrument, TPI, destiné à lutter contre le risque de fragmentation de la zone euro en permettant l’achat sur le marché secondaire de titres des pays les plus vulnérables. Ce nouvel outil de régulation des taux d’emprunt, dont la validité est peut-être incertaine, risque de conduire à la mise sous contrôle budgétaire des pays concernés. Et la France pourrait faire partie des pays à mettre sous tutelle si elle ne redresse pas la barre.

La France cache ses déficits

En France, le gouvernement tient des propos rassurants et livre des chiffres moins inquiétants que ceux d’Eurostat, mais le déficit public s’aggrave.

Trajectoire des finances publiques françaises :[1] Crédits d’Impôt

Certes, le projet de loi de programmation des finances publiques pour la période 2023-2027 a pour objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3% d’ici la fin du quinquennat. Mais les promesses de retour à l’équilibre ne sont pas d’aujourd’hui et ne sont jamais tenues. Déjà la baisse des prélèvements obligatoires pour 2023 s’annonce illusoire eu égard aux amendements votés aux lois de finances et au risque de dégradation de l’environnement économique. Le PIB pourrait même se contracter en volume en 2023.

Dans les documents budgétaires, le gouvernement fait apparaître des chiffres d’endettement stables, d’ailleurs variables selon les documents. Mais ces chiffres sont trompeurs. La stabilité apparente du niveau de dette, voire sa légère baisse en pourcentage du PIB, tient à plusieurs facteurs occasionnels et artificiels :

  1. La dette conserve la même valeur nominale par rapport au PIB qui est, lui, globalement « inflaté » de la hausse générale des prix. Ainsi, en pourcentage, à court terme, le rapport de la valeur nominale de la dette au PIB baisse. Donc une stabilité de l’endettement en pourcentage du PIB équivaut en réalité à une hausse relative de la dette.
  2. D’autant plus que l’augmentation de la dette indexée, qui représente environ 10% des emprunts de l’Etat, est cachée. Son coût d’environ 15Md€ pour 2022 est inscrit dans un compte de provision pour charge d’indexation des obligations indexées sur l’inflation.  Mais, ce supplément d’indexation n’étant payé que lors de l’échéance de ces obligations, cette provision est neutralisée via une ligne « autres besoins de trésorerie ». Ainsi, en 2022, seule la hausse du supplément d’indexation de l’obligation amortie en 2022 se traduit par un besoin de financement supplémentaire, de 1,4 milliard d’euros. Le solde sera à la charge des générations futures.
  3. Enfin, le budget 2022 bénéficie du numéraire disponible sur le compte du Trésor, lié en particulier à un déficit moins important que prévu en 2021, qui s’est établi à 170,7 milliards d’euros à comparer à une prévision de 205,1 milliards d’euros dans la deuxième loi de finance rectificative pour 2021 du 1erdécembre 2021.

Mais ces facteurs favorables ne sont pas nécessairement renouvelables. Les prochains budgets risquent donc d’être très difficiles à boucler sans ponction fiscale supplémentaire. D’autant plus que l’agence France Trésor qui s’occupe de financer la dette de l’Etat joue avec le feu en continuant d’émettre des obligations indexées sur l’inflation à raison de 10% de la dette contractée. Ne sacrifie-t-on pas le long terme au court terme ?

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7 commentaires

Laurent46 28 novembre 2022 - 6:02

NON mon cher Monsieur, La République droguée aux déficits et à la Dette et non pas la France. Il y a encore des Français qui commencent à en avoir par-dessus la tête de tous ces « mer d’eux » ‘désolé il n’y a pas d’autre mot) de la République gauchiste, LGBT et fainéante qui distribue sans compter. Et n’oubliez surtout pas que la République d’aujourd’hui se limite seulement à Paris et quelques autres grandes villes, et encore pas tous, qui se retrouvent dans le même état désastreux en dettes et taxes. Le réveil sera douloureux pour ces gauchos caviar car le restant de la France ne se laissera pas faire aussi longtemps que cela dure déjà.

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Delay 28 novembre 2022 - 9:27

J’aimerais partager votre optimisme mais comme le disait le Général : « les français sont des veaux ». Et cela ne date pas d’hier. 54,69, 81 l’année horribilis avec le machiavélique infâme Miteux, l’affligeant Hollande et le coq prétentieux actuel, rien ne laisse place à l’espoir à moyen terme.

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Richard Brun 28 novembre 2022 - 7:35

Bonne remarque sur la politique de France trésor. Toutefois, j’ai peur que la hausse des émissions d’Indexees des ne soit une demande expresse du marché. en fait on s’endette cher parceque le marché n’est pas pret à acheter autre chose!!!!!

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Astérix 28 novembre 2022 - 9:16

Rien ne sera possible tant que nous serons gouvernés par E. Macron, son gouvernement et ses députés de la majorité!
Tous ces gens sont des socialoverdobolchéviques qui n’ont jamais su gérer.
La dernière en date de E. Macron, construire des RER dans 10 villes de France alors que nous sommes en faillite ?
L’on voit bien le niveau d’imbécilité !
Les français ne voient pas que la France est cuite car ils sont incultes sur le plan économique. Comment voulez-vous que le seul secteur privé supporte 70 % du P.I.B. de dépenses publiques……!!????
La situation est simplement DRAMATIQUE.

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maxens 28 novembre 2022 - 10:28

Les plus gros postes budgétaires sont: l’éducation, la défense, la dette, les aides sociales, et la fonction publique. Nous sommes le pays qui prélève le plus ses habitants, difficile de prélever plus. En ces temps troublés, difficile de taper sur la défense, et impossible de ne pas rembourser nos échéances, donc le seul moyen d’avoir un impact sur notre budget et de réduire les déficit est de réduire drastiquement les aides sociales, et le périmètre et les effectifs de la fonction publique….Le Président actuel qui ne peut pas se représenter à une chance unique de faire enfin de vrai réforme, et pour un ancien banquier, il devrait mieux savoir que quiconque que l’on ne peut pas vivre indéfiniment à crédit. Mais aura t-il le courage de faire ce qu’il faut, j’en doute beaucoup…

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Gilles Vedun 30 novembre 2022 - 7:20

Qu’en est-il des organes de contrôle financier censés surveiller ces dérives autocratique ou encore les institutions qui ne publient par leurs primes au JO ?

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JR 4 décembre 2022 - 10:12

Bonjour, certes, et comme il n’y en a pas encore assez, ils en ajoutent avec le huld-up sous prétexte carbo-climatique. Cette Macronie à 80 km/h, malus à 50 000 € , ZFE (Zone de Forte Exclusion) doit cesser. Vive la France libre. Merci. Bien à vous

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