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Nous sommes pris dans le piège de l’inflation, de la dette et des dépenses publiques excessives

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Il y a exactement un siècle, en novembre 1923, l’inflation allemande d’après-guerre atteignait son apogée. Un kilo de pain de seigle valait 223 milliards de marks et le prix du bœuf avait dépassé le cap des mille milliards. L’Allemagne était confrontée à des demandes de réparations exorbitantes imposées par le Traité de Versailles – moins un traité de paix qu’un arrangement vengeur dicté par les vainqueurs, destiné à affaiblir perpétuellement l’État allemand. Ironiquement, cela a ouvert la voie à la montée du nazisme et au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

.Pour arriver à payer, l’Allemagne a dû imprimer de la monnaie, provoquant donc une terrible inflation. Cette situation extrême a nécessité une réforme monétaire et, contrairement à la Grande-Bretagne et à la France, les États-Unis ont apporté un soutien notable grâce au plan Dawes. L’Allemagne a réussi à stabiliser les finances du pays. Mais cela a eu un prix terrible : tous les Allemands ont perdu leurs économies.

Cet exemple constitue un sévère avertissement pour notre époque. Aujourd’hui, de nombreux gouvernements se livrent à des dépenses excessives, en justifiant leurs actions grâce à la théorie monétaire moderne, tout en ignorant les réalités mathématiques. Des institutions comme la Banque centrale européenne ont négligé la menace imminente de l’inflation. Des événements imprévus, tels que le Covid-19 et la guerre en Ukraine, ont transformé ce qui n’était autrefois qu’une simple inflation de la valeur des actifs en une tendance inflationniste plus large affectant l’économie en général. Même si l’inflation n’est pas endémique, elle érode néanmoins le pouvoir d’achat. Il est essentiel de se rappeler que l’inflation est cumulative : un taux d’inflation de 3 % cette année s’ajoute aux taux d’inflation des années précédentes, affectant continuellement l’économie et en particulier le pouvoir d’achat de la société. Face à la montée en flèche des dettes publiques et aux déficits persistants, les institutions comme la BCE hésitent à augmenter suffisamment les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. Une telle décision pourrait accroître le coût de la dette et potentiellement entraver des taux de croissance déjà très modestes.

Nous nous trouvons dans ce que l’on peut qualifier de piège inflationniste. Cette situation difficile pourrait être dissimulée temporairement, mais les dépenses publiques excessives et persistantes jettent les bases d’une nouvelle inflation alors que les mesures de relance budgétaire et les gaspillages qui vont avec sont souvent présentés de manière attrayante, comme on le voit aux États-Unis avec le nom ironique de l’Inflation Reduction Act, ou en Allemagne avec le terme Sondervermogen, ou actifs spéciaux (qualifier une dette supplémentaire d’« actifs spéciaux » est pour le moins un abus de langage.)

L’inflation et la dette finissent par mettre les citoyens à rude épreuve et sont le signe d’une gouvernance faible et irresponsable. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’existe aucune excuse valable pour de telles politiques autodestructrices. Souvenons-nous de l’affirmation de Lénine selon laquelle la meilleure façon de parvenir à la dictature du prolétariat est d’écraser la bourgeoisie entre l’inflation et la fiscalité.

Lire l’article en anglais sur le site du GIS

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5 commentaires

Laurent46 24 novembre 2023 - 9:52

Rien de nouveau dans le titre sauf que vous avez oublié que nous sommes aussi pris au piège par une politique et administration boulimique prétentieuse, incompétente et excessive, et que c’est peut-être l’origine des Dettes (Etat et couches locales) et des dépenses inutiles et excessives.

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Almaviva 24 novembre 2023 - 10:28

En effet, si rien n’est entrepris pour stopper l’inflation quitte à voir l’économie se détériorer durant un certain laps de temps, nous irons rejoindre les pays en hyperinflation ! Où là c’est le désastre total !

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Cardonne Yves 24 novembre 2023 - 12:42

Nous gouvernants et autres décideurs sont-ils aussi stupides et incompétents qu‘ils veulent bien le laisser paraître… ? Je pense que non, et que se trame, par petites touches… le piège d’un dessein « mondialiste » qui ne va pas tarder à se révéler.

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GALINIER 24 novembre 2023 - 4:15

« Qualifier une dette supplémentaire d’« actifs spéciaux » est pour le moins un abus de langage ». Alors que dire de « La croissance négative? Que notre ministre des finances affectionne tant!!

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Mathieu Réau 25 novembre 2023 - 7:17

Dans la mesure où l’inflation en Europe est essentiellement d’origine exogène (prix des matières premières, prix du pétrole qui impacte le prix des importations), augmenter le taux directeur de la Banque Centrale Européenne n’aura qu’un seul effet : tuer la consommation (et donc le peu qu’il reste de croissance). Les salaires n’augmenteront pas parce que les profits n’augmenteront pas parce que ce n’est pas chez nous que les prix augmentent.
Donc encore heureux que la BCE hésite. Parce que leur politique a déjà fait beaucoup de mal et ne réglera rien.
En revanche, arrêter de payer le gaz et le pétrole une blinde en acceptant de négocier avec les Russes, ça, ce serait plus malin. C’est qu’il n’y a pas qu’en matière de finances publiques que la France et la plupart des pays européens ont pris la vilaine manie de faire n’importe quoi, hélas…

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