Les services de livraison à domicile sont aujourd’hui essentiellement privés (La Poste mise à part) et concurrents les uns des autres. Une anomalie pour la gauche qui propose un service public monopolistique. Une bonne idée pour mécontenter les clients !
Le « dernier kilomètre » – c’est-à -dire, selon Wikipédia, « l’ensemble des agents, opérations et équipements associés et mis en Å“uvre dans les derniers segments de la chaîne de distribution finale des biens ou services – a longtemps été un monopole de La Poste, du moins s’agissant des courriers et colis. Les particuliers se chargeaient, par ailleurs, eux-mêmes du transport de la plupart des marchandises qu’ils achetaient. Seuls les objets encombrants (c’est-à -dire n’entrant pas dans le coffre de la voiture), comme les meubles ou le gros électroménager, et les achats faits sur catalogue (La Redoute ou 3 Suisses, par exemple) leur étaient livrés. On se faisait aussi porter – et on le fait encore – son quotidien à domicile. A la fin des années 1980 viendra la livraison de pizzas, mais il était rare que l’on se fasse livrer d’autres repas chez soi.
La croissance exponentielle de la livraison à domicile
Internet a tout changé. Quand Jeff Bezos crée Amazon en 1994 (en 2000 en France) pour offrir le plus grand choix de livres au monde, l’un des enjeux auxquels il doit faire face concerne les conditions (et notamment les délais) et les frais de livraison des produits. Aujourd’hui Amazon vend de tout et porte toujours une attention particulière à la livraison qui est l’une des clés de son succès à côté du choix offert au consommateur. D’ailleurs, pour se distinguer de la concurrence, la firme lancera, en 2005, Amazon Prime qui, moyennant un forfait annuel, donne droit à des livraisons gratuites et illimitées sur des millions d’articles en 48 heures chrono (qui deviendront ensuite 24 heures).
En 2000, Cora ouvre le premier supermarché en ligne (Houra.fr) et sera vite suivi par Carrefour, Leclerc et autres Auchan. En 2013, Deliveroo naît à Londres avant d’essaimer sur toute la planète et d’être copié par une foultitude de startups.
La pandémie de covid n’a fait qu’amplifier le phénomène et, aujourd’hui, tout est livrable chez soi. Selon le baromètre e-shopper2022 de DPD (filiale de La Poste), 67 % des Français ont acheté en ligne l’année dernière et 84 % d’entre eux ont une préférence pour la livraison à domicile. Ces « e-shoppers » reçoivent en moyenne entre 4 et 5 colis par mois. En 2020, le marché du colis était évalué à 7,5 milliards d’euros.
La livraison alimentaire à domicile a dépassé les 10 milliards d’euros en 2021. Avec 3 commandes passées chaque seconde et près de 3 commandes par mois en moyenne pour les personnes ayant recours au dispositif, la livraison de repas à domicile représente désormais près de 20 % du chiffre d’affaires de la restauration.
 Mais livrer chez les individus (ou au bureau) coûte cher. Selon les sources, la livraison du dernier kilomètre représenterait entre 20 % et 50 % du coût total de la chaîne logistique dans le cas d’une livraison à domicile.
Le dernier kilomètre coûte cher
De fait, la multiplication des points de livraison – la France compte plus de 37 millions de logements – et d’expédition rend la tâche des logisticiens de plus en plus ardue. En zone urbaine, l’exercice peut se révéler périlleux : circulation difficile, stationnement quasi-impossible, vols des colis dans les boîtes aux lettres, absence du client (même si le télétravail a réglé une partie de ce problème), etc.
D’autres solutions moins coûteuses ont été tentées, comme la livraison en points relais ou le click & collect, mais les clients préfèrent être livrés chez eux… et à l’heure. C’est pourquoi, de nombreuses entreprises ont recours à la sous-traitance spécialisée, en attendant que les drones et les robots fassent la preuve de leur efficacité.
Mais ces sous-traitants – plateformes de livraison comme Deliveroo et Uber Eats, ou entreprises de transport comme DHL et UPS – sont dans le collimateur des pouvoirs publics. Ils sont, en effet, accusés d’être responsables de 20 % du trafic routier, d’occuper 30 % de la voirie, d’être à l’origine de 25 % des émissions de gaz à effet de serre et d’exploiter le personnel qu’ils font travailler. C’est ainsi que l’on a mis des bâtons dans les roues des plateformes, par exemple en transformant les coursiers indépendants en salariés.
Pourtant, il n’existe pas d’autre issue pour faire baisser les prix de la livraison à domicile que de favoriser la concurrence et laisser les entrepreneurs innover pour trouver les solutions à même de satisfaire les clients. Ce n’est assurément pas avec un monopole que l’on pourra régler le problème.
Un monopole public du dernier kilomètre ?
C’est pourtant ce que propose un adjoint au maire de Paris. Dans un texte publié par le think tank Terra Nova, Antoine Guillou affirme que « les inconvénients de la multiplicité des opérateurs dans le secteur de la logistique urbaine semblent dépasser largement les bénéfices attendus de la concurrence ». Pour lui, « Au même titre qu’il ne serait pas économiquement pertinent d’avoir plusieurs réseaux ferrés, de métro ou de bus, plusieurs réseaux de gaz, d’électricité ou d’eau desservant les mêmes destinations, il semble de moins en moins pertinent d’avoir de multiples chaînes logistiques desservant les mêmes destinations ».
Éclairons Antoine Guillou : un réseau ferré unique n’empêche pas d’avoir plusieurs opérateurs. Il est en de même pour les métros et les bus, tout comme pour le gaz et l’électricité puisque l’on peut choisir son fournisseur. Par conséquent, plusieurs entreprises de livraison peuvent utiliser la même rue !
Mais l’élu PS fait fi de tout cela et demande à ce que les collectivités locales puissent « imposer un opérateur unique sur leur territoire (ou plusieurs opérateurs en charge chacun d’un secteur défini, pour les métropoles aux flux importants), qui prendrait en charge les plateformes logistiques desservant son secteur ainsi que l’opération de la flotte de véhicules correspondante ». Guillou pense que ces opérateurs « pourraient être désignés sur la base de délégations de service public (DSP) » et voit bien La Poste en faire partie, tout comme des sociétés d’économie mixte (SEM) « constituées par les collectivités en partenariat avec des opérateurs ». Il espère même, dans un second temps, « la création de sociétés publiques locales (SPL) entièrement publiques, à même de gérer cette mission ».
Bref, il s’agit, ni plus ni moins, de créer un service public du dernier kilomètre. A l’heure où les administrations montrent chaque jour un peu plus leur inefficacité, cette proposition est la preuve que l’élu socialiste et parisien, à l’instar de sa patronne Anne Hidalgo, est « à côté de la plaque ».
Comme l’écrivait il y a quelques mois Jean-Philippe Delsol, « Les livreurs de colis ne sont pas toujours bons, mais globalement plus fiables que Colissimo » !
9 commentaires
Ca y est, après tout et n’importe quoi (la lettre par internet etc.) ils ont trouvé un truc pour occuper La Poste : puisqu’elle ne prend pas le lead sur la livraison, donnons lui un monopole ! Effectivement, toujours plus de public réglementé, ça va planter le pays, mais ils vont y arriver, faites leur confiance !
Jean Philippe n’a t’il pas démontré que le dentiste sortait honnête du système éducatif public et avait une propension à devenir un escroc dès lors qu’il s’inscrivait en libéral ?
Bien à vous
Oui toujours plus de fonctionnaires qui viendront grossir les 6 millions déjà en place et qui en foutent pas lourd, grèves, absentéisme, maladies, etc…
C’est du deuxième degré ?
Il faudrait demander à un socialiste comment un seul opérateur monopolistique d’Etat émet, à volume de livraison identique, moins de pollution qu’une multitude d’opérateurs, comment il réduit le trafic (toujours à volumes livrés identiques), et comment il occupe moins la voirie. On a affaire encore une fois à des économistes de gauche du niveau CM1.. à peine.
L’état gauchiste depuis des lustres, dès qu’il s’occupe d’une mission confiée, c’est la catastrophe, la faillite, la ruine, les dettes qui devront être supportées par le secteur privé !
Une seule solution, la PRIVATISATION TOTALE DE TOUT LE SECTEUR PUBLIC !
Nouvelle Occasion est donnée ( enfin prise) à la gauche de casser quelque chose qui marche par autre chose qui ne marchera pas, puisque les exemples ne manquent pas, hélas !
Ces socialistes sont indécrottables : tout ramener au monopole et faire mal ce qui se faisait bien.
Eh oui, prendre l’exemple de la distribution d’ÉLECTRICITÉ, le fiasco industriel dont tout le monde a pu être le témoin l’année dernière pour justifier l’existence de plusieurs opérateurs sur le même réseau…
Faites attention, parce que des fois, tous libéraux que vous êtes, vous dites et écrivez vraiment autant de conneries que la gauche. En même temps, ne jamais oublier que le libéralisme est né à gauche, précisément…