Dès la première page l’auteur nous transporte en Lozère, à la croisée de chemins déserts où seule s’érige la statue d’une Vierge. Que signifie cette inscription sur son socle : « Et à l’heure de notre ultime naissance » ? Et c’est là que tout commence : la femme empreinte de liberté, qui la nuit se rêve en cheval fou et au petit matin se réveille en féministe révoltée avec une enfant dans les bras, fait une halte dans ses réflexions. Elle remonte au temps de ses aïeules, toutes filles-mères méprisées sans pitié par une société puritaine ou mondaine. Quand elle découvre les chefs d’œuvre réalisés par ces couturières qui ont pu survivre grâce à leur travail d’aiguille, elle réalise l’importance de leur labeur. Ce sont des fils détissés un à un faute de matière première puis retissés un à un qui finissent en luxueuses courtepointes brodées et précieusement conservées au musée de l’Hôtel -Dieu de Reims … Alors l’auteur se jette dans l’écriture, dans l’entrecroisement des mots et des pensées qu’elle enfile à toute allure comme des perles rares. Car là est l’ultime naissance, la créativité qui prend le pas sur un malheureux destin. Là est l’indétournable carrefour, celui du choix entre la vie et la mort intérieure, entre l’éloge et le bannissement, entre le bonheur de l’amour et l’horreur de l’ostracisme. Là aussi est la similitude entre toutes les tâches quelles qu’elles soient, dans la course folle de l’aiguille ou de la plume en quête de cette vérité qui rend sages les femmes…
« SAGES FEMMES » par Marie RICHEUX
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