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En marche vers le confinement sans fin ?

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Il devient de plus en plus évident que la France est un des pays les plus touchés économiquement par la pandémie. Pour l’OCDE, qui a publié ses prévisions ce 10 juin, la croissance française reculera de 11,4 % en 2020, tandis que les chiffres s’affichent à – 9,1 % pour la zone euro et à – 6 % pour l’économie mondiale.

Les pays qui ont le mieux géré la crise – s’en étonnera-t-on ? – alignent des prévisions meilleures que les nôtres, à l’instar de l’Allemagne (- 6,6 %) ou de la Corée du sud (- 1,2 %).

C’est désormais une habitude, la France fait partie des mauvais élèves, malgré les 134 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour « sauver l’économie » qui figurent dans le troisième budget rectificatif depuis le mois de mars.

Et si on dépensait un milliard pour laisser les pères à la maison ?

Ce n’est manifestement pas assez de dépenses, de déficit et de dette publique pour certains membres du gouvernement.

Des « indiscrétions » dans la presse au mois de mars nous avaient fait comprendre que le secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, Adrien Taquet, préparait une réforme du congé de paternité pour le rendre obligatoire et le porter à un mois (contre 11 jours actuellement).

Il y a quelques jours, le 6 juin dans les colonnes du Parisien, Marlène Schiappa, sa collègue chargée de l’égalité femmes-hommes au gouvernement, affirmait vouloir « repenser la question des congés familiaux » et proposait « que l’on inscrive dans la loi l’allongement du congé paternité à un mois ».

Au même moment, les députés communistes, sous la houlette de l’ancienne ministre Marie-George Buffet, déposaient une proposition de loi pour porter à 21 jours le congé de paternité et le rendre obligatoire. La députée PCF de Seine-Saint-Denis veut également allonger la durée du congé de naissance, actuellement de 3 jours, à 5 jours.

Ces propositions vont dans le sens d’un texte européen en préparation dont la première version mise sur la table par Commission européenne précédente prévoyait « un congé parental individuel minimal » de quatre mois pour chaque parent.

Rappelons également que l’idée d’allonger le congé de paternité avait été énoncée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans un rapport de juin 2018. Les trois scénarios proposés par les rapporteurs coûtaient entre 50 millions et 1,2 milliard d’euros. Celui que propose Marlène Schiappa et Adrien Taquet devrait coûter environ un milliard d’euros si l’on se réfère aux calculs faits par l’IGAS en 2018.

Nous nous interrogions à l’époque sur l’opportunité d’un tel rapport commandé par le directeur de cabinet du Premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, qui demandait expressément, dans sa lettre de mission à l’IGAS, que soient étudiées des propositions d’évolution du congé de paternité, et notamment son allongement.

La même interrogation revient aujourd’hui alors que notre pays a besoin de tout autre chose qu’une nouvelle réduction du temps de travail. Car c’est bien cela que signifie l’allongement des congés : une baisse du nombre d’heures travaillées.

L’allongement du congé de paternité n’est qu’un début

Il est probable que cet allongement du congé de paternité ne soit qu’un début.

Nous avions dénoncé ici-même il y a quelques mois, la proposition de loi du député Guy Bricout qui visait à faire passer de cinq à douze jours le congé d’un salarié lorsqu’il perd un enfant mineur. La proposition avait été rejetée par la majorité parlementaire – avec de très bons arguments comme nous l’avions souligné –, ce qui avait suscité un tollé général.

Après moult tergiversations, prises de parole, surenchères entre le Sénat et l’Assemblée nationale, la « loi n°2020-692 visant à améliorer les droits des travailleurs et l’accompagnement des familles après le décès d’un enfant » a été promulguée le 9 juin. Le congé est désormais de quinze jours, soit trois jours de plus que dans la proposition initiale.

Il n’est pas inutile de rappeler que le député Bricout avait initialement proposé douze jours car il était choqué que le congé pour deuil soit d’une durée inférieure au congé de paternité de onze jours.

Mais si le congé de paternité passe à un mois, Guy Bricout et ses collègues parlementaires ne risquent-ils pas d’être à nouveau choqués ? Il serait alors tout à fait plausible de voir apparaître une nouvelle proposition de loi pour porter à 35 ou 40 jours le congé pour décès d’un enfant.

S’il est évident que le congé pris à l’occasion du décès d’un enfant doit aider à faire le deuil mais aussi à accomplir nombre de démarches administratives, il ne faut pas oublier que le congé de paternité allongé doit permettre de « répartir au mieux le travail parental ». Bref, il s’agit bien de rester chez soi pour accomplir les nombreuses tâches familiales et permettre à la mère de se reposer.

On l’aura compris, ces congés ne sont pas là pour prendre du bon temps, encore moins partir en vacances. Non, ils s’apparentent davantage à un confinement obligatoire pour les parents. Le confinement sans fin, est-ce vraiment tout ce que le gouvernement a à proposer aux Français ?

Après tout, cela pourrait leur convenir. Il y a quelques semaines, Jean-Philippe Delsol ne se demandait-il pas si les Français voulaient encore travailler, bercés par le chômage partiel qui donne l’illusion que l’État peut prendre tout le monde en charge.

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