Le 27 octobre s’ouvrait le débat concernant la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR de deuxième génération (dits EPR2). Il suscite évidemment la polémique. Avec d’emblée une question : Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), peut-elle être à la tête de l’organisme public chargé de ce débat, obligation légale ?
Il n’y a jamais trop d’arguments pour décrédibiliser l’énergie nucléaire
La loi impose à la direction de la CNDP une stricte neutralité. Or Chantal Jouanno, sa présidente, est connue pour ses positions anti-nucléaires. Elle a, dans Le Monde du 18 octobre dernier, publié une tribune qui reprenait maints éléments de langage puisés chez les opposants de l’atome.
« Le nucléaire est bien plus qu’un choix technique ou économique » a-t-elle asséné pour commencer, plaçant au même niveau des faits scientifiques établis et les assertions des allergiques à l’atome.
Un relativisme que l’on retrouve dans le document d’introduction de la CNDP. On y lit que « le bilan carbone de l’énergie nucléaire, le volume réel et le coût des déchets radioactifs sont autant de sujets sur lesquels il n’existe aucun consensus entre les personnes partisanes et opposantes au nucléaire ». Voici traités à égalité une multitude d’études sur ces questions et les allégations de groupuscules minoritaires anti-centrales.
Cela rappelle le débat public tenu lors de la dernière programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en 2018. Les documents fournis par la CNDP affichaient alors les émissions de dioxyde de carbone de chacun des moyens de production d’électricité. Les chiffres émanaient systématiquement du GIEC. Pour tous les moyens de production. Tous, sauf un : le nucléaire, pour lequel une autre source, Wise, avait été choisie.
Wise qui se définit comme une « agence d’information et d’étude sur l’énergie », est dirigée depuis 2003 par Yves Marignac, un militant anti-nucléaire notoire. Et ses conclusions diffèrent très largement de celles du GIEC en termes de chiffrage…
Malgré le nombre déjà grand de ces imprécisions, Chantal Jouanno éprouve le besoin de renchérir. Il n’y a jamais trop d’arguments pour décrédibiliser l’énergie nucléaire à l’aube de la relance de la construction de nouveaux réacteurs, voire justifier la violence des mouvements anti-nucléaire qui perturbent et parfois cherchent à empêcher la tenue des débats publics, comme ce fut encore récemment le cas à Cherbourg sur l’évolution du site de La Hague.
Le champ rationnel scientifique a été délibérément déserté par certains qui défendent une position idéologique
Quelques exemples choisis. Mme Jouanno explique que « les enseignements du débat de 2005 ont été ignorés dans la loi du 28 juin 2006 sur la gestion des matières et déchets radioactifs, qui écartait toute autre solution que l’enfouissement en couche géologique profonde ».
Or, il est très facile de le vérifier, ladite loi, dans son article 3, dit exactement l’inverse, en précisant que les travaux sur la transmutation et l’entreposage des déchets doivent se poursuivre.
Mme Jouanno accuse aussi le débat sur le nucléaire d’être « empreint de défiance et de conflictualité, car les politiques publiques dans ce domaine ont été marquées par le secret et les décisions imposées ».
Alors que toutes les dernières décisions concernant la filière nucléaire française, de la construction du dernier EPR à Flamanville à la création de Cigéo, le centre de stockage de déchets nucléaires en couche géologique profonde, ont bien fait l’objet de lois. Et ont donc, de facto, été discutées à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Ces lois ont été débattues, en commission comme en hémicycle, et diffusées en direct sur internet et sur les chaînes de télévision spécialisées. Difficile dès lors de parler de « secret » des débats. Tout comme il est difficile de soutenir qu’un débat devant la représentation nationale est une « décision imposée ».
Les conflits ne sont certainement pas dûs à des prétendus « secret » ou « décision imposée ». Ils surgissent parce que le champ rationnel scientifique a été délibérément déserté par certains, qui défendent une position purement idéologique. Ceux-là semblent avoir trouvé une excellente alliée en la présidente de la CNDP.
6 commentaires
Moins l’école fait son travail d’instruction, plus le pays s’enlise. Cela est constaté en France comme partout ailleurs et cela fait le lit de toutes les dictatures.
Il faut remarquer que l’éloignement toujours plus grand entre le peuple, soit les travailleurs et entrepreneurs, et les organes de décision, peuplés d’apparatchiks, permet d’imposer n’importe quoi à l’aide d’une propagande qui a tout de la campagne commerciale en faveur du « mécène » du moment.
Tous les EPR qu’ils ont commencé coûtent une fortune à la société sans qu’ils soient capables de les faire fonctionner, alors arrêter de vous masturber vos minables cerveaux d’élites et faites des réacteurs traditionnels si d’aventure dans ce pays de fainéants à votre image d’ailleurs, quelqu’un est encore capable de les réaliser. Vacances tous les deux mois, RTT, horaires aménagées et le résultat est au rendez-vous. Toute la République fonctionne au rythme du gros tas de boue des élites Parisiennes incapables de faire quoi que ce soit sans une armée d’experts tous aussi idiots, incompétents et fainéants les uns que les autres et des réunionites et de bien entendu beaucoup d’argent public dans les poches. La République est un gros bidule Riche !
A qui confie t’on les intérêts de la France ?
Combien d’organisations et autres « machins » faut il financer pour que se télescopent des possibilités qui relèvent du simple bon sens…
Combien de fonctionnaires, d’anciens élu(e)s et autres « dignitaires » placardisés à placer pour accoucher « d’un œuf » ?
pour être sur de ne pas dire de bêtises, j’ai appelé mon chat… non ! pas le chat de Schrodinger, mais Groucha de téléchat.. mais oui, rappelez-vous, le complice de Lola qui questionnait le gluon de la matière régulièrement. (évidement c’est une vieille émission donc pour les « vieux »). Celui-ci m’a confirmé que l’énergie dégagée lors de sa rupture (le gluon) était sans commune mesure avec les réactions chimiques classiques en particulier les oxydations. Mr. Fermi a donc permis le développement d’une source d’énergie bien plus puissante que toutes les combustions de produits « trouvés » (extraits et transformés) dans la nature. Cette rupture technologique, (fission) devrait être une opportunité. Bien sur, il faut gérer toutes les conséquences de l’exploitation de cette ressource. (y compris les déchets, dont certains peuvent être « recyclés » : voir les projets superphénix, astrid) . Pour être sur de son choix, il « suffit » de quantifier les quantités potentielles de cette énergie et la comparer à toutes les autres énergies….. et franchement, il n’y a pas photo. (point de détail : une énergie se « consomme », elle n’est pas renouvelable, sauf à considérer que le système où cette énergie a été prélevée ne peut pas être déséquilibré….) .
Alors pourquoi débattre pour choisir l’énergie la plus dense? (donc la plus efficace)
En fait, pas besoin de cette soi-disant « concertation citoyenne ». C’est à l’exécutif de proposer devant le Parlement, et à ce dernier d’approuver ou non. Point barre !
Qu’est ce que la CNDP ? Un machin ? Un de plus qui fournit quelques rentes de situation à des personnalités que l’on a pas pu ou pas voulu recaser ailleurs.
Madame Jouano qui a été parachutée à la tête de ladite commission devrait s’en tenir à la neutralité de rigueur que l’on attend d’elle et non pas nous faire part de ses opinions et prises de position ou bien elle peut démissionner.