Cette crise du COVID-19 aura permis aux partisans de la fermeture des frontières, aux protectionnistes et aux décroissants de remettre leurs (vieilles) idées au goût du jour. Mais pour certaines productions « Made In France » chères à Arnaud Montebourg, une fermeture commerciale des frontières serait catastrophique.
libre-échange
Depuis le 11 décembre 2019, l’Organisation mondiale du commerce tourne au ralenti. Mettant en œuvre une menace brandie depuis l’administration Obama, l’administration Trump bloque la nomination des arbitres nécessaires au bon fonctionnement de l’instance d’appel de l’organe de règlement des différends (ORD). Pièce maitresse de l’Organisation mondiale du commerce, l’ORD est l’institution que les États saisissent pour intimer les gouvernements à respecter les traités multilatéraux qui régulent le commerce international.
L’Europe est décriée en tout. Elle est devenue trop technocratique et nous ne supportons plus qu’elle nous oblige à aseptiser nos fromages au travers de normes ridicules. Mais l’Europe a aussi des vertus qu’il faut savoir célébrer. Elle a gardé la conviction libre-échangiste des débuts de la CEE. Et elle cherche à ouvrir les marchés de tous les pays européens au monde entier. Cette semaine même où le traité CETA avec le Canada venait devant le parlement français pour ratification, de nouveaux accords de libre-échange étaient signés avec le Vietnam, puis avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay) pour éliminer à terme plus de 90% des droits de douane actuels avec ces pays.
Le président américain a souvent de la suite dans les idées et concernant sa guerre commerciale contre la Chine, ses arguments sont justes. La Chine ne respecte pas les règles du commerce international, ses entreprises sont dans leur très grande majorité détenues et subventionnées par l’Etat, le pays se moque de la propriété intellectuelle et s‘adonne au vol des brevets sans le moindre état d’âme. Ces pratiques ont toujours été la marque déposée des pays communistes et la Chine ne les a jamais abandonnées. Notre pays en est aussi victime. Une enquête du Figaro réalisée l’année dernière montre très bien la manière dont l’espionnage économique chinois vise la France qui devrait d’ailleurs soutenir Trump dans ses initiatives.
Le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est miné par la question du backstop, de la frontière nord-irlandaise et de l’épineuse question des normes qui encadreront les rapports…
Le Brexit est source d’incertitudes politiques et économiques aussi bien au Royaume-Uni que dans l’Union européenne. La perspective de plus en plus probable d’un « no-deal » renforce les inquiétudes sur la situation post-Brexit. L’UE aurait autant, voire plus, à perdre que le Royaume-Uni. Et nous pouvons déjà l’observer à l’heure actuelle.
Taxes douanières sur le vin : hypocrisie des deux côtés de l’Atlantique
Les vins de France ont subi les foudres des tweets rageurs de Donald Trump. Si les taxes douanières européennes sont légèrement plus élevées qu’aux États-Unis, ces derniers ne manquent pas de mesures protectionnistes. La réciprocité n’est pourtant pas un préalable à l’ouverture commerciale.
Les trois cortèges de migrants qui tentent de rejoindre l’Amérique du Nord fuient des pays corrompus, El Salvador, le Honduras et le Guatemala notés respectivement 112ème, 135ème et 143ème sur 180 au classement 2017 de Transaprency International (TI). Ces pays ne connaissent pas l’état de droit selon lequel la loi est la même pour tous et le gouvernement la fait respecter. La corruption permet aux mafias de toutes sortes de faire passer les lois qu’ils souhaitent et de bénéficier de la bienveillance de la police pour leurs crimes et délits.
Donald Trump a dénoncé les accords commerciaux des Etats-Unis avec le monde comme le meilleur moyen de protéger ses électeurs. L’Amérique a quitté l’accord de libre-échange transpacifique (TPP), mais il s’est fait sans elle. Depuis lors, Donald Trump évolue. Certes, il a imposé des droits de douane à 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium. Mais il a aussi renégocié l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada -Alena-, et son administration a informé le Congrès ces derniers jours qu’elle avait notifié à l’UE, au Japon et à la Grande-Bretagne post-Brexit sa volonté de bâtir des accords séparés avec chacun. Il a sans doute compris, à juste titre, que le protectionnisme crée plus de dommages aux Etats-Unis qu’il ne les protège.
Le protectionnisme est-il favorable à « nos » emplois ? Cette question est réapparue dans le débat français en réaction aux annonces de Donal Trump. Il semble que le président des Etats-Unis visait en réalité à engager des négociations avec la Chine, qu’il accuse de pratiquer un protectionnisme asymétrique. Mais en France, où le taux de chômage se trouve très nettement supérieur à celui de ses voisins, on s’est interrogé sur la possibilité de « préserver nos emplois » grâce au protectionnisme, à instaurer éventuellement, demandent ses partisans, au niveau européen. La littérature économique démontre très largement les nuisances du protectionnisme.