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Pas d’état de droit sans économie libre

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Les trois cortèges de migrants qui tentent de rejoindre l’Amérique du Nord fuient des pays corrompus, El Salvador, le Honduras et le Guatemala notés respectivement 112ème, 135ème et 143ème sur 180 au classement 2017 de Transaprency International (TI). Ces pays ne connaissent pas l’état de droit selon lequel la loi est la même pour tous et le gouvernement la fait respecter. La corruption permet aux mafias de toutes sortes de faire passer les lois qu’ils souhaitent et de bénéficier de la bienveillance de la police pour leurs crimes et délits.

La corruption devient concussion quand elle est « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, de recevoir, exiger ou ordonner de percevoir à titre de droits ou contributions, impôts ou taxes publics, une somme qu’elle sait ne pas être due, ou excéder ce qui est dû » (Article 432-10 Code pénal). Elle peut aussi être « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service public, ou investie d’un mandat électif public, de solliciter ou d’agréer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques pour elle-même ou pour autrui » pour faire ou ne pas faire quelque chose ou user ou abuser indûment de son influence ou de son autorité dans un intérêt particulier (article 432-11). Elle est évidemment facilitée quand l’Etat est largement investi dans l’économie et que les politiciens contrôlent les marchés soit directement par les capitaux d’Etat, soit indirectement en imposant une règlementation tatillonne qui oblige les entreprises privées à passer par les fourches caudines de fonctionnaires ou d’élus susceptibles d’être soudoyés. C’est ce qui explique qu’au classement susvisé, la Chine soit 77ème, la Russie 135ème et le Venezuela 169ème. Et c’est vrai aussi quand l’économie et la société sont sous l’emprise de la religion comme en Iran (130ème) ou en Afghanistan (177ème).

De fait, c’est dans cette alliance sulfureuse des milieux politiques et entrepreneuriaux que se sont construites les fortunes chinoises d’aujourd’hui en obtenant par la concussion les autorisations nécessaires pour ouvrir ou conserver des marchés sans craindre la concurrence. Près de 10% des membres de l’Assemblée nationale populaire et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (une sorte de chambre haute du parlement chinois) détiennent une fortune de 2 milliards de yuans ou plus, soit tout de même 276 millions d’euros et la moitié d’entre eux sont sans doute milliardaires en dollars.

Au Brésil, 96ème au classement, les scandales se sont multipliés. Lula a été reconnu coupable d’avoir perçu un pot de vin de plus d’1 million d’euros de la part de l’entreprise d’ingénierie OAS, en remerciement de son intervention pour l’attribution de contrats avec la compagnie pétrolière publique Petrobras. Plus généralement, des dizaines de parlementaires et des ministres ont été impliqués dans cette affaire. Avec l’argent public, Petrobras surpayait des chantiers à des entreprises du bâtiment qui reversaient une partie du surplus aux élus ou à leurs partis et autres « œuvres ». L’argent public détourné représenterait 12,7 milliards d’euros. Le seul à en avoir profité en toute légalité est Jair Bolsonaro qui doit son élection à une telle déréliction.

Le programme annoncé du nouveau président du Brésil était de rétablir l’état de droit et les équilibres budgétaires, et réduire les interventions de l’Etat, notamment en privatisant ou supprimant la plus grande partie des 150 entreprises publiques qui prolifèrent au Brésil et gangrènent la politique. Quoiqu’en dise la gauche meurtrie de ses défaites, il ne s’agit en aucun cas d’une politique d’extrême droite ni même seulement d’une vision ultra-libérale, mais seulement de choix réalistes et courageux, les seuls valables sans doute, pour éradiquer la corruption qui est mère de toutes misères et de toutes inégalités. Encore faudrait-il que Jair Bolsonaro ne tombe pas dans un nationalisme populiste mal à propos qui le ferait reculer. C’est ce qu’on peut craindre en apprenant qu’il aurait opposé son veto aux projets de Paulo Guedes, ministre pressenti de l’économie, pour privatiser Petrobras et l’Entreprise Eletrobras, la plus grande entreprise d’énergie d’Amérique latine. Déjà d’ailleurs son prédécesseur Michel Temer, qui ne rachetait pas Lula et son équipe, a renoncé à ces privatisations qu’il avait annoncées.

Ca n’est pas un hasard si les 20 premiers pays du classement TI susvisé sont, avec Hong Kong et Singapour, les18 plus libéraux de l’OCDE et que la France, empêtrée dans des lois obscures et encore attardée à gérer un secteur public pléthorique, n’est que 23ème. Jair Bosonaro ne réussira pas à nettoyer les écuries d’Augias sans aller jusqu’au bout de son programme de privatisation car le rétablissement de l’état de droit suppose que l’Etat se désengage de la tentation que procure toujours la confusion du politique et de l’économie.

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1 commenter

yuropp 14 novembre 2018 - 10:55

Halte à l'argent payant des banques
Utiliser une photos de billets émis par la banque centrale pour symboliser la corruption est à la fois malhonnête (ou irresponsable) et liberticide !
Tout d'abord, je ne crois pas que l'Allemagne, où l'on utilise massivement les espèces) soit connue pour être un pays corrompu. Idem pour Singapour et quelques autres…
Par contre, les banquiers qui nous gouvernent voient d'un mauvais œil cet "argent gratuit" qui concurrence leur "argent payant". Et si leur corporation avait le monopole des moyens de paiement, sans que les gogos puissent se "débancariser" (vous vous souvenez le la crise d'hystérie provoquée par un simple footballeur ?), non seulement leurs tarifs exploseraient (leur cartel est surveillé par leurs "copains de promo") mais nos moindres faits et gestes financiers seraient espionnés et vendus aux marketeux du "big data".
Puis on verrait réapparaitre le vieux serpent de mer de la taxation des comptes courants (éliminant toute constitution d'apports personnels : c'est tout bon pour les banques), sans possibilité de s'évader cette fois ci.
À choisir, mieux vaut un peu de "noir" (qui a le mérite de rester dans l'économie réelle au lieu de partir dans le "trou aux fonctionnaires") que cet univers barbelé vers lequel les financiers nous conduisent.

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