Les espaces « no kids » vous connaissez ? C’est une tendance qui se développe, en particulier dans le tourisme : croisières, clubs de vacances, hôtels, restaurants…, ils seraient de plus en plus nombreux à ne pas accepter les enfants. Pour la tranquillité des adultes.
C’est dans les années 2000 qu’est apparu ce type d’établissements touristiques, dits aussi « adult only », qui excluent les enfants de certains espaces, voire de l’ensemble de l’offre, pour attirer une clientèle d’adultes sans enfants ou dont les enfants sont devenus grands. Il paraît que de plus en plus de parents avec jeunes enfants se laissent séduire par un tel concept : ils laissent leur marmaille chez les grands-parents ou en colo et s’offrent pendant ce temps-là quelques jours de « vrai repos » puisque même les enfants des autres vacanciers ne sont pas là pour les perturber. Selon Sylvain Wagnon, professeur en sciences de l’éducation à l’université de Montpellier, « en 2023, près de 1 600 hôtels dans le monde auraient été recensés comme « adult only », soit deux fois plus qu’en 2016. Même si le phénomène se développe, il reste marginal.
Il émeut néanmoins au plus haut niveau de l’État. Ainsi, en mai et juin 2025, Sarah El Haïry, haut-commissaire à l’enfance, a reçu les professionnels du tourisme pour leur dire qu’elle désapprouvait cette exclusion et annoncer qu’elle envisageait de la rendre illégale.
L’exercice est peut-être plus difficile qu’il n’y paraît puisque ce n’est pas une interdiction qu’annonce aujourd’hui Sarah El Haïry, mais un label. Présenté comme « une initiative majeure pour redonner aux enfants leur place dans notre société et ainsi construire un quotidien “à hauteur d’enfants” », le label « Le choix des familles » sera décerné aux établissements (musées, hôtels, restaurants, etc.) accueillants pour les enfants. C’est-à-dire qu’ils devront proposer une tarification enfant ; offrir au moins un évènement pour enfant par an ; avoir du personnel bienveillant à l’égard du jeune public ; disposer d’aménagements adaptés (chaises, toilettes enfants, espace jeux, etc.). Les établissements « pro kids » seront recensés sur une plateforme en ligne et pourront apposer un « sticker » sur leur devanture.
Quoi que l’on pense de cette discrimination, il est permis de s’interroger sur la légitimité de l’État à délivrer ce genre de label. Toute comparaison gardée, et en attendant qu’Aymeric Caron obtienne l’interdiction de « toute attitude de discrimination envers un animal en raison de son appartenance à une espèce donnée », il existe des hôtels, par exemple, qui acceptent les chiens et d’autres qui les refusent. Comment le savoir ? En consultant des sites internet ou des applications qui recensent les établissements « dog friendly ». Ils sont tous privés, à but lucratif ou non. EmmeneTonChien délivre même le label « Qualidog ».
Nul doute que de telles initiatives auraient vu spontanément le jour si le phénomène « no kids » finissait par prendre vraiment de l’ampleur. Et cela n’aurait rien coûté aux contribuables. Car qui paie la plateforme « Le choix des familles » ?
21 commentaires
Pour une fois que notre gouvernement prend une mesure intelligente, il conviendrait de la soutenir sans réserve…
Ce n’est pas au gouvernement de se substituer aux parents ! Il appartient à ces derniers d’éduquer leurs enfants afin qu’ils sachent se tenir en société !
Le souci, c’est que pour les libéraux, il n’existe pas de “mesure intelligente prise par l’État”.
Fidèles à Milton Friedman, ils considèrent que tout devrait être privatisé et que chaque denier public dépensé est le fruit d’un racket, pas d’un consentement collectif exprimé par le truchement répété d’un vote.
La démocratie, par ailleurs, passe bien après l’idée qu’ils se font des libertés fondamentales basées sur ce qu’ils estiment être une “morale universelle”, sans plus de précision sur qui la définit… mais jamais l’État, cela, au moins, est certain.
Non, vous n’avez rien compris ! Le libéralisme sans l’Etat de droit ça ne marche pas ! On ne cesse de l’écrire
@ Mathieu Réau : “La démocratie passe bien après l’idée qu’ils se font des libertés fondamentales” : quand 51% s’octroie le droit de brimer 49%, en effet les libéraux s’opposent à “la démocratie”… je vous conseille la lecture de “de la souveraineté” de Jouvenel, pour comprendre les limites de la démocratie. Ce n’est pas sur la “morale universelle” mais sur le “droit naturel” que s’appuient les libéraux. Il existe trois sources possibles du droit : la tradition, le légisme ou le droit naturel. Les deux premier systèmes reposent sur l’arbitraire, alors que le troisième repose sur la délibération raisonnable (qui certes induit des désaccords, et donc la pluralité des cités politiques). Si ça vous intéresse, lisez “Droit naturel et histoire” de Léo Strauss. Mais posez-vous toujours la question : sur quels principes faites-vous reposer vos lois ? Les libéraux vous apparaîtront bien moins éthérés que vous ne semblez le croire.
La sérénité en société commence par l’éducation des parents, qui naguère veillaient à ce que les enfants ne tournent pas autour des tables des convives en criant. Mais depuis mai 1968, tous les droits, aucun devoir… Le laxisme généralisé conduit à la faillite du pays dans tous les domaines. L’irresponsabilité générale se repose sur un État de plus en plus intrusif, sans que les individus, perdus dans un monde qui les déborde, aient le courage de s’avouer que l’État nounou est en réalité un totalitaire qui n’agit que dans l’intérêt de sa caste.
Illégal car discriminant. La “label” pro-enfants est une machine à gaz. Quand aux endroits “no kids”, je traduis aussi: “pas de vieux” et je fuis.
Et si l’on se demandait pourquoi de tels établissements on vu le jour ? Ne pensez-vous pas que les méthodes modernes d’éducation qui laissent faire tout et n’importe quoi aux enfants sous prétexte qu’ils doivent s’exprimer ont leur part de responsabilité dans cette tendance ??? Mais bien sûr ce n’est pas très politiquement correct, alors…
CQFD non ?
Je crois que le problème vient plutôt des adultes que sont devenus les enfants élevés par les méthodes modernes d’éducation que vous dénoncez. Intolérants à la frustration comme on les éduqués à l’être, ils ne supportent pas d’être confrontés à tout ce qui pourrait les déranger et érigent, donc, des barrières pour s’en protéger. Les mêmes qui, s’ils ont des enfants, refuseront catégoriquement que quiconque se montre intransigeant avec eux et plaideront toujours pour leur droit au laisser-faire.
Mais foutez-leur la paix ! Ils ne dérangent personne et il en faut pour tout le monde.
Une fois de plus, l’Etat met son gros nez dans ce qui ne le regarde pas.
Curieusement, ça ne posait aucun problème par le passé, des enfants dans les lieux touristiques, les hôtels, les restaurants ; ils étaient éduqués et restaient à leur statut d’enfants.
C’est fatiguant que le gouvernement mette son grain de sel sur TOUT! Vive la liberté !!!
La liberté d’interdire l’accès de certains espaces aux enfants ?…
Initiative administrative débile d’une ministre désoeuvrée. Simplifions en éliminant ce ministère inutile.
Pardon, éliminons ce “Haut Commissariat” et son budget inutile.
Et si, demain, certains espaces privés interdisent l’accès aux personnages âgées, aux noirs ou aux hommes, l’IREF dira-t-il aussi que l’État n’a pas le droit de s’en mêler ?…
il y a les lois et les droits pour ça….
Je trouve très bien qu’il y ait des endroits « adult only » au moins on est tranquille et il n’y a pas d’enfants mal élevés qui crient et courent partout. Et que le gouvernement s’occupe de gérer le pays car là il y a du taf ….
Bonjour, il n’y a pas par définition d’enfants mal élevés (Tant qu’ils sont enfants). Mais il y’a bien des adultes qui n’ont pas étés bien éduqués.
Un enfant, moi j’en étais un ! A besoin de bouger, de se dépenser, de grandir. Par ces cris, ces mouvements, ces sauts à répétition, il se développe. C’est pourquoi il a besoin d’un environnement propice à ce développement tel un extérieur, un parc d’attraction, un camping avec activité ou piscine, ou un restaurant avec jeux pour enfants.
Légifèrerer pour interdire le cinéma aux enfants trop jeunes et bruyants lorsque le film dure 2h30 serait ridicule.
Oui c’est bien les parents qu’il faut éduquer. Mais cela semble impossible. Alors laissons les hôtes définir par leurs expériences et leurs propres labels si le lieu, la scéance, la cuisine épicée est recommandée ou non aux enfants.
Un Label suffit, comme une recommandation. L’état ne peux pas remplacer l’expérience de nos hôtes.
Bien à vous
DINKY (Double Income No Kid) comme on le disait aussi aux USA au siècledernier. Pierre
Dans la même veine, je puis rapporter que, dans les années 1970 en Californie (partie ouest de Los Angeles), bon nombre de résidences locatives (”apartments”) affichaient déjà des pancartes ”Adults, No Pets”…